10 mai 2010

Con fijeza


Non, je n'ai rien vu d'hier. Une antenne récalcitrante et tout est dépeuplé. J'ai attendu pourtant. Ça devait marcher. "Un quart d'heure", il disait le taulier... "Juste un quart d'heure, le temps que j'appelle Madrid, et c'est bon"... Les autres arrivaient aussi, posaient leurs frusques avant même que de jeter un oeil sur l'écran inerte, puis leurs derches empressés là où il y avait matière, et engageaient un appel en direction du camarero pour une bière automatique qui légitimise souvent la station dans ce rade sans saveur aux effluves grasses, le temps de 6 toros, parfois 7, des fois 8. Mais finalement dans le temps et l'espace, la stupeur les figeaient comme des épagneuls flairant la bécasse, lorsqu'il découvraient l'écran définitivement mort...
J'en connais certains, de vue... d'autres à qui j'adresse un bonjour poli, et puis celui-là, en particulier, dont je me souviens amèrement qu'il s'était régalé de nous appuyer la gueule dans le sable le soir des Palha de Sevilla, en nous mettant devant nos propres responsabilités de baltringues "toristes" analphabètes, n'ayant goût pour rien, pas même pour la vie, surtout pas pour celle de ceux qui daignent encore se foutre devant pareilles carnes... Nous étions des sots, et cela nous claquait au museau dans chacun des regards compatissants qu'il nous lançait, nous qui tentions désespérément de trouver une once de bonté dans ce lot lusitanien improbable, dérivant pitoyablement sur notre radeau de la Méduse à nous. En vain...
De toute évidence, Monsieur, que je ne connaissais pas, n'aimait pas ces toros-là, ceux qui offrent en théorie le piquant que les 20 autres courses des cycles sévillans et madrilènes oublient parfois de mettre dans les valises, celles des figuras et leurs cortèges de précautions habituellement en tête de défilés.
Bref, non, Monsieur n'a pas d'estime pour ces toros-là, qui se "vautrent lamentablement par terre", disait-il, n'ont "pas une passe dans le bide", sont des "assassins" pétris de genio, de sentido, de mauvaises pensées, dont le regard louche de "filho da putas" en dit long sur les intentions... Non, Monsieur estime que ces conneries, ces monstruosités sont d'un autre temps, et pense qu'il serait peut-être temps que les amateurs de ce genre de bouffonneries, se ravisent un peu sur leur vision barbare de ce que doit être le Toro Bravo. Monsieur pense sans doute que la "Bravitude" se mesure au degré de résistance d'une bête jamais rassasiée de faire des tours en rond entre les jambes de bellâtres gominés et empesés. Le désormais incontournable toro nigaud, viardesquement appelé "moderne".

Evidemment, le soir des Palha, on aurait pu disserter la nuit entière, mais il valait mieux fermer sa gueule, et bouffer son os, dans son coin.
Aujourd'hui, après tout ce qui se lit, se dit, se murmure, s'entend quand à ces toros lidiés hier à Ventas, je voudrais tant vous croiser, Monsieur, pour jouir du plaisir vicieux mais si délicieux de vous expliquer à mon tour ce que sont les toros con CASTA Y FIJEZA !

Mais l'antenne n'a rien voulu savoir... et vous avez échappé à ça, Monsieur. Vos certitudes sont donc saines et sauves, quant à la Caste, la vraie, la "desgarbadesque", celle qui ne vous pose aucun problème, n'oblige à aucune réflexion, n'interpelle aucune connaissance et cultive votre enthousiasme benoît devant la corrida "jolie"... Acceptez au moins que je vous plaigne.