Moi, non, nous nous sommes juste ennuyés, pas de quoi fouetter un chat, malgré certaines cornes imprésentables pour la concours, et un toro à peine adulte pour cette même course (avec tout ce qui traîne au campo !).
Ce sont finalement les matadors qui ont sauvé la féria de l’ennui total : les deux Aguilar, David Mora, notamment.
Et puis Philippe s’est lancé. Alors le débat est lancé.
Eh bien, mon cher Philippe je diverge avec toi sur un point et même sur deux.
Le premier c’est le flingage du petit Aguilar. Si, si, tu le flingues je trouve ! Moi il me plaît. Vulgaire ? Certes pas artiste, loin de là, mais dévoré d’envie, une envie de novillero, bullidor, une envie de se bagarrer, une vraie générosité. Je trouve ça rare. J’en redemande et je retournerai le voir. Evidemment, il faudra qu’il murisse et se pose, ne devienne pas un zébulon quoi. Mais en l’état des choses, je le prends tel qu’il est, et sans rechigner. Nous avons bien le temps de voir ce que l’avenir nous réserve. Après, évidemment, chacun ses goûts.
Le second point sur lequel je diverge c’est l’appréciation sur l’opportunité pour les Vicois d’avoir programmé une corrida de Palha.
C’est un peu facile a posteriori. Car il est clair qu’avec deux courses à Madrid et une à Bilbao Vic n’aurait pas le premier lot. Logique et prévisible, avant, et sans que les choses soient scandaleuses à la sortie loin s’en faut.
Ce qu’il a manqué à cette course ce n’est pas la façade, c’est l’émotion de la puissance, la force, c’est qu’il sorte un 'Guarapito', ou un cousin de 'Bastonito', ou des trains comme ceux vus à Madrid ces deux dernières années. Des machines à dessouder les chevaux. Et la tentative bouffone de vouloir sortir le mayoral en triomphe n’y changera rien.
Sinon oui, la féria de Vic 2010 fut ennuyeuse. D’ailleurs, c’est bien simple, pour moi, le meilleur de la féria de Vic, cela aura été Julito Aparcio... à Nîmes.
En vous proposant mon éloge du pétard, l’an passé, j'étais à des années lumières de penser qu'Aparicio était à ce jour capable de ça, toréer ainsi, de manière aussi aboutie et complète. Enfin, enfin nous avons vu toréer.
Et comment ne pas sourire de contentement lorsqu'un petit jeune est venu me dire qu'il n'avait jamais vu faire ça.
Evidemment, selon l'âge, il est possible qu'il n'ait jamais vu ça, qu’il n’ait jamais vu vraiment toréer. Antoñete a dit : "Il y a des faenas qui durent quatre minutes, et trop qui durent dix. Mais dans aucune grande faena il n’y a plus de vingt passes parfaites".
C'est sûr qu'à force de s'avaler à longueur de courses des Castella, des Perrera et des types dont je ne connais même plus le nom, et les voir s’éterniser dans leur verticalité interminable et ennuyeuse il doit bien y avoir toute une génération, voire deux, qui doit être persuadée que toréer et écouter sonner des avis ne font qu’une seule et même chose.
Il y a peut-être une, voire deux générations qui n'ont pas idée de ce peut être le toreo classique et pur, le toreo inspiré. Mais jeudi dernier, à Nîmes, Julio Aparicio a toréé, inspiré et pur. Amen.
Ce jour-là, Julio Aparicio a donné la distance, s’est enroulé le toro, sans jamais se faire accrocher la muleta, le toreo de haut en bas, très bas, le toreo tout en courbes, varié, profond, essoufflé mais heureux.
Et ne riez pas, pas avec un demi-toro, non. Car la corrida de Núñez del Cuvillo est sortie avec son piquant et sa caste. Demandez à Talavante, et à Castella. Pas la réincarnation de 'Bastonito' évidemment, mais quelque chose de plus qu'acceptable question force et race pour ce genre d'artiste inspiré. Encore faut-il être artiste et inspiré, ce qui n’est pas donné à tout le monde. Demandez à Talavante, et à Castella.
Donc Vic, Julito Aparicio...
Et à propos de Nîmes, enfin de Vic, et de tentatives bouffones, le plus agaçant pour moi, cela aura été ces présidents supposés défendre l'orthodoxie taurine mais qui se répandent en distribuant des vueltas à des toros uniquement parce que le matador vient de leur couper deux Oreilles. Tout à fait comme à Nîmes d’ailleurs, mais sans Julito. Alors à quand le premier indulto vicois pour festoyer un matador ? Un peu comme à Nîmes quoi. Putain, c'est d'une complexité tout ça. A force de se croiser les pinceaux, il se pourrait bien un jour qu’on finisse par ne plus y retrouver nos petits.