Je n’étais pas à Las Ventas en 1994. Je n’ai pas vu 'Bastonito'. Je n’ai pas vu César Rincón.
De ces immenses vingt minutes, je n’ai que cette image de deux cornes comme des fils baignés de la lumière du matin et qui lisent leur propre rubrique nécrologique sur un grand panneau couvert de grosses lettres noires : "Emilio Muñoz, César Rincón, Juan Mora..." Et ce toro est 'Bastonito', un point c’est tout ! Il y en a qui disent que non, ils ont tort, un point c’est tout. Ce toro noir couché dans une attente vaine est 'Bastonito', punto y na' más. C’est ça aussi une photo, un mensonge auquel on donne sa vérité, un bout de vrai que l’on peint d’un joli mentir bien à soi. Ça fixe l’imaginaire, ça invente la mémoire.
François Bruschet a vu 'Bastonito' et aimait photographier César Rincón, son toreo, son sourire et son regard cinémascope. Il y a pire comme défauts. Aujourd’hui que César Rincón rejoint certainement la mythologie du monde des toros, aujourd’hui qu’il quitte hier et les glorieuses lumières de la nuit venteña des années 1990, aujourd’hui que demain ne sera plus pareil, nous avions l’envie toute simple de lui rendre ce court hommage : 13 clichés, un point c’est tout...
Et ce toro sur ce monstre de photographie est 'Bastonito' ; personne ne peut me dire le contraire.
>>> Retrouvez la galerie que consacre François Bruschet à César Rincón sur Camposyruedos.