Le caripintado de l'affiche en mars 2010 (novillo) © Laurent Larrieu
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Le 12 mars 2010, entre Vila Franca de Xira et Porto Alto, après avoir traversé le Tage, tendu le bras par la portière pour indiquer son intention de tourner et effectué une visite obligée au cercado des sementales, Don Fernando Pereira Palha fonça vers ses novillos en s'excusant presque d'avoir accepté de nous les présenter à une période si peu favorable — fin de l'hiver et campo arrosé de trombes d'eau durant plusieurs jours. Il s'arrêta net et se tut, puis, de son français parfait aux charmants accents portugais, il nous confia avec des trémolos dans la voix qu'il avait reçu une proposition pour l'achat de sa camada de novillos ; celle que nous avions précisément sous les yeux et dont la beauté nous emplissait de joie. La perspective de la vente ne l'emballait pas outre mesure (euphémisme), son interlocuteur lui ayant confié que les cornes de ses novillos seraient pourvues de fundas le moment venu — je le revois comme si c'était hier s'adresser à nous non pas tant pour avoir un avis que pour être rassuré... Consolé.
Quelques semaines plus tard, Don Fernando vendit ses bêtes, parce qu'il faut bien vendre, pardi ! Elles atterrirent du côté d'Alfaro (La Rioja) dans un campo lunaire rempli de pierres et de poussière, soit l'exact contraire du paysage de leur finca d'origine. Acquis par l'empresa Toropasión, les premiers novillos devenus toros sortirent en recorte le 3 avril dernier à Castellón ; les autres, toujours en recorte, créeront l'événement dans les arènes de Saragosse demain mercredi 12 octobre en matinée. Que dire sinon qu'il est encore une fois regrettable de voir de si beaux bestiaux se rendre à des rendez-vous pour lesquels leur éleveur ne les a pas destinés, puisque personne, tant en France qu'en Espagne, n'aura fait le choix de les proposer en corrida. Quand, temporada après temporada, l'aficionado a los toros doit subir l'indigence de neuf programmations sur dix, la rage le gagne... Le 12 mars 2010, au Portugal, Don Fernando de Castro Van Zeller Pereira Palha nous montra son musée et le bureau, le rosier de Maria et ses animaux. Il nous ouvrit son cœur, aussi.