31 juillet 2011

Parentis for ever


J’achève la lecture de l'Histoire taurine de Parentis-en-Born* en parcourant la préface de Serge Villetorte. Je retrouve dans ses mots l’enthousiasme qu’il distille sans cesse de son amour du toro et ce regard vers l’avenir. Ça fait une paye que je n’ai pas mis les pieds à Parentis. Ça remonte aux derniers Tulio je crois bien.
J’achève ce livre et j’ai rêvé pendant de longues minutes. Non que le bouquin recèle d’époustouflantes qualités littéraires — ce n’était pas le but — mais il fait la chronique année après année, remise en question après doutes, essais après échecs, triomphes après peurs d’une afición qui aurait pris les traits ciselés d’un toro de cinq ans, le cou levé, le poil luisant dans ce frétillement parfois à peine perceptible de la peur et de la majesté.
J’achève ce livre en commençant par le début pour ne pas finir de rêver, pour que Serge me dise que ça va durer encore.
Chaque année c’est plus difficile. Continuer de rechercher des ganaderías dont personne ne veut plus relève maintenant d’un pari trop risqué pour beaucoup. Et d’ailleurs qui s’y risque ? Céret, Parentis, Roquefort un temps, Orthez depuis peu, de-ci de-là quelques tentatives finalement avortées par les successeurs comme c’est le cas — malheureusement — à Carcassonne. Parentis continue parce qu’il va bientôt falloir actualiser ce livre ou publier un numéro 2.
Chaque année c’est plus difficile. Il faut trouver les novilleros qui acceptent de venir affronter ce qui reste de toros au campo avec toute l’irrégularité que cela suppose. Il faut lutter chaque année un peu plus pour que le public comprenne qu’un cartel de ce type ne se fait pas en trois coups de téléphones, que souvent les coups de téléphones aux uns et aux autres sont conclus par des fins de non-recevoir pour préserver le poulain qui fantasme sur les élevages pour figuras dès 17 ans.
Chaque année c’est plus difficile. C’est comme ça. À Parentis ils font avec, ils luttent avec leurs armes : le toro.
J’achève ce livre et j’ai dévoré du toro, des noms finis, des fers qui foutent la frousse, des ganaderías qui ravivent l’afición, des éleveurs qui donnent encore envie d’y aller : Prieto de la Cal, Moreno de Silva, Rocío de la Cámara, Dolores Aguirre Ybarra, Fernando Palha, Passanha, Sotillo Gutiérrez, Conde de Murça, Ramón Flores, Tulio, Pilar Población, Raso de Portillo...
J’achève ce livre en contemplant la couverture d’un Quinta da Foz jabonero qui bondit dans la plaza. J’achève ce livre. Je me dis qu’il est certainement là le rêve qui continue, du côté de Parentis, du côté de l’amour du toro, du côté d’originalité et de la diversité.

* Jean-Pierre Fabaron, La peur aux trousses. Histoire taurine de Parentis-en-Born, UBTF, 2000.

>>> Pour découvrir les carteles de la prochaine Sen Bertomiu : ADA Parentis.

Photographie Les corrales de Parentis © Jérôme 'El Batacazo' Pradet / Camposyruedos.com