15 juillet 2011

Le temps remonté


Novillo de Irmãos Dias rebrincando © José 'JotaC' Angulo d'après La Lidia
À Max,

La novillada d'Irmãos Dias de Céret de Toros 2011 n'avait pas grand-chose à voir avec la tauromachie du XXIe siècle. C'est à croire que, à notre insu, nous avons pris place dans la machine à remonter le temps. Si tel n'a pas été le cas, nous sommes au moins entrés dans le laboratoire de H.G. Wells où le curseur de l'appareil fantastique était resté bloqué sur l'année... 1886. Ou alors nous avons été victimes d'une hallucination collective ; qui sait ?   
Dire que la course fut grande, enthousiasmante ou palpitante serait disproportionné. Cependant, elle offrait un supplément d'âme qui stimulait sans cesse notre curiosité. Nous avons pu assister, dans la réalité, à ce que seuls les livres nous offrent habituellement : un souvenir inconnu, mille fois fantasmé.
Cette course doit beaucoup à la qualité des cuadrillas qui permirent, par leur extraordinaire pundonor, un déroulement de la lidia exemplaire. Le professionnalisme fut manifeste lors de chaque tercio, les animaux respectés et mis en valeur malgré les multiples difficultés qu'ils présentaient, les courageux novilleros Miguel Ángel Moreno et Emilio Huertas continuellement épaulés, secondés, sécurisés, conseillés. Un travail en tout point remarquable que le public n'a pas manqué de saluer, rendant un hommage particulièrement appuyé aux frères Otero Beltrán. ¡Chapo, toreros! 
Grâce à eux, jamais la panique n'a gagné la piste malgré la vitesse, la mobilité, la mansedumbre, les refilones en série, les piques au toril, les galopades diverses, les coups de sabots, les sauts, les bonds, les soubresauts et les esquives, les banderilles noires (par deux fois)... Une kyrielle de facéties rocambolesques calmement négociées. Le plus surprenant est que les novillos ont aussi consenti à recevoir des passes. 
Les novillitos portugais évoquaient davantage les origines de la corrida et les débuts du toreo a pie... (avec beaucoup de pattes s'il vous plaît !) que les sempiternels ballets de flanelle auxquels nous (nous) sommes accoutumés. Impossible évidemment de cantonner la tauromachie dans ce registre, mais une fois de temps en temps... ça remet les pendules à l'heure.

>>> Une galerie vous attend dans la rubrique RUEDOS du site, et vous pouvez aussi jeter un œil à celle de David Cordero.