En recherchant des photographies d’exemplaires
anteados pour ajouter quelques mots au texte de
Philippe, j'ai trouvé ce que je ne cherchais pas. C'est souvent comme ça que les choses se passent de toute façon. J'ai ainsi découvert à nouveau une photographie d'un
toro de Cebada Gago présent dans les Corrales del Gas de Pamplona en 2007 ;
toro qui, déjà en juillet 2007, avait éveillé ma curiosité. Sur plusieurs sites et blogs, ce
toro est présenté comme
melocotón. Cet avis est tout personnel mais il ne me semble pas que ce
toro soit
melocotón. Personnellement, j'inclinerai plutôt pour un pelage de type
jabonero. En ouvrant la référence actuelle sur les pelages des taureaux de combat,
Pelajes y Encornaduras del Toro de Lidia écrit par Adolfo Rodríguez Montesinos, j'ai mobilisé mes questions en espérant dénicher un tas de réponses... Je pouvais toujours courir ! Un
toro jabonero est un
toro dont
"le pelage est légèrement crémeux, d'une coloration similaire à un café au lait (beaucoup de lait tout de même), mais toujours avec une certaine nuance terreuse". Ouais, ouais, ouais... la
"nuance terreuse"... De plus, un
toro serait
jabonero claro ou
oscuro mais on ne dit pas
oscuro pour un
jabonero, on utilise le terme de
sucio. La nuance entre le
claro et l'
oscuro ou
sucio se jouerait en vérité sur un apport plus ou moins fort de la nuance terreuse précitée (en fait sur l’apport d’un peu plus de café... nous en aurons besoin !)... Vous suivez ? Oui ? Oui mais. Mais ce
toro que je vois
jabonero a pourtant des teintes étranges qui peuvent incliner à penser qu'il serait
melocotón. Quelque chose de "rouge" sort de lui mais ça ne me donne pas pour autant la pêche pour résoudre l'énigme de ce pelage vraiment rare. A la rigueur, pour couper la poire en deux, on pourrait presque le qualifier d’
azafranado. Qu’es acco ? N’allez pas croire que j’ai inventé ça tout seul, il s’agit seulement d’une nuance relatée par le vétérinaire concernant les
jaboneros. Je cite donc :
"il se définit comme une coloration jaune-rouge relativement proche de la couleur du safran. Son emploi peut produire des confusions avec les bêtes melocotones" qui appartiennent à la « famille » des
colorados alors que les teintes
jaboneras sont une « famille » à part entière. Ouf... Mais je ne crois pas non plus à cette version safranisée. Les teintes plus foncées de ce
toro sont clairement des raies fines allant de l’épine dorsale jusqu’au ventre et qui tirent sur le rouge. Elles sont beaucoup plus nombreuses (formant presque un ensemble uni) sur l’arrière-train que sur la tête du Cebada où aucune d’elles n’est visible. Ces raies fines inclineraient plutôt à décrire cet animal comme un
jabonero chorreado en verdugo. Les
toros chorreados sont des
toros qui présentent
"des bandes qui tombent verticalement depuis l’épine dorsale jusqu’au ventre et qui sont plus claires ou plus sombres que le reste du pelage". C’est ainsi qu’il existe deux grandes catégories de
chorreados, les
chorreados en morcillo dont les bandes sont plus claires que le reste de la robe et les
chorreados en verdugo, dont les bandes, au contraire, sont plus sombres que la teinte globale du
toro. Vous suivez toujours ? Ainsi, en appliquant cette définition à notre
toro de Cebada Gago, les raies fines qui le zèbrent sont plus sombres que le fond de son pelage et il pourrait tout à fait recevoir la dénomination de
chorreado en verdugo.
Oui, mais. Mais Adolfo Rodríguez Montesinos n’évoque pas la possibilité de cette particularité que représente le
chorreado (décoloration ou intensification de la couleur du pelage de base) sur les exemplaires
jaboneros. Les
chorreados, selon son étude, ne se rencontreraient que sur les robes
negras (
chorreados en morcillo),
castañas,
coloradas,
tostadas et plus rarement souligne-t-il
cárdenas. Point de
jabonero donc. Alors, c’est quoi ce
toro étrange de Cebada Gago ? Finalement, peut-être faut-il n’y voir qu’un "simple"
melocotón qui aurait subi une étrange dépigmentation ? Allez savoir...