● 9h40 > 11h. C’est l’attente, voir L’apartado à Bilbao (I).
● 11h. Ouverture de la taquilla. Le prix d’entrée est fixé à 5 €. Cette information pourtant basique ne figure ni au guichet ni dans la plaquette officielle ni sur le site Internet bancal de la plaza ni nulle part ailleurs. Avant de débourser vos euros, il se peut que vous entendiez parler de numéro(s) entre le guichetier et un des aficionados vous précédant. Si comme moi, vous ne comprenez rien à cette histoire de numéro, n’en faites pas cas.
● Entre 11h02 et 11h05, il y a comme qui dirait un petit flottement dans l’air car la "grande porte" en bois de l’entrée principale, le véritable point de départ de la visite, est fermée ; le "groupe des six" s’est volatilisé ; les gens filent de tous côtés ; je me sens soudain un peu désorienté. Quelques minutes plus tôt, j’avais bien aperçu le ganadero et son mayoral pénétrer par cette porte dans Vista Alegre, mais moi je reste obstinément bloqué. Et puis, il se passe un truc... Après analyse de la situation, je dois vous avouer que le courage ou le culot n’avaient rien à voir dans l’affaire ; il suffisait de se réveiller, d’avancer, de sortir les mains des poches et de pousser la porte ! C’était ça, le truc.
● 11h05 > 11h10-15. Soulagé, au propre comme au figuré, je me sens pousser des ailes et j’en profite pour prendre quelques photos, notamment la tête de 'Carjutillo', un Samuel Flores muy cornalón estoqué par Enrique Ponce... J’accède au callejón le plus naturellement du monde et je vise le toril entre les vomitoires des tendidos 4 & 2. Libre d’aller où bon me semble (c’est une réalité incontestable), j’aurais pu faire plus court en traversant l’étonnant ruedo gris souris, ou plus long en me reposant au passage dans un des sièges bleu délavé qui habillent joliment et confortablement les lieux.
● 11h15 > 11h30-35. À droite et perpendiculairement à la porte du toril, il s’en trouve une petite bien curieuse, vraiment pas haute, vraiment pas large. Par précaution, je plie les genoux et me mets de profil — voilà comme ça, à la façon d’un Égyptien. J’arpente désormais un étroit couloir ainsi conçu qu'il permet de voir clairement celui de gauche que fouleront les toros en provenance de leurs chiqueros... Mmmh... Le fond de l’air est frais et les mains sont moites. Au bout, un patio nimbé d’une lumière quasi surnaturelle et sobrement fleuri m’accueille. Hop ! je gravis quelques marches, obéis à la flèche "Apartado" puis je tourne à droite, passe sous une arcade et me rallie, au pied d’un escalier et devant LA porte, aux quelques visiteurs déjà présents. Des six de tout à l’heure, il n’en reste plus qu’un ! C’est de nouveau l’attente, dans un silence relatif — les discussions reprenant — et une obscurité incomplète — la lumière naturelle de la fosse toute proche léchant nos visages. Sur injonction d'un employé de la plaza, nous laissons un passage libre où nous ne tardons pas à y voir défiler officiels et personnalités, dont Eduardo Miura en personne.
● 11h30-35 > 11h50. Des fourmis dans les jambes, je rentre fébrilement en oubliant de me munir de la fiche (pas vue, pas prise ; soyez vigilants) présentant les toros et les sobreros du jour. C’est un simple bout de feuille blanche comportant des informations erronées — reprises dans le programme officiel —, que je finirais par récupérer une fois l’apartado terminé auprès d’une veste bleue à col rouge — c’est l’uniforme du personnel de Vista Alegre. À cet instant, vous pouvez filer aux corrals jeter un œil aux toros mais sachez qu’il vous sera également possible de le faire un petit quart d'heure durant après la fin de l’enchiqueramiento de la course. Je fais le tour en obliquant à gauche (on peut aller tout droit) pour m’installer à la droite des officiels qui occupent un des côtés du carré sur le mur duquel on lit : "Junta Administrativa / Autoridades". Les trois autres côtés, réservés aux aficionados, sont pourvus d’adorables petits gradins en bois peints en rouge (voir photo). Les pieds posés sur la première planche, je m’assois sur la deuxième, celle du milieu, mais attention, celle-ci ne correspond nullement au premier rang ! Je m’explique. En effet, j’ai vu des personnes s’asseoir comme moi sur cette rangée du milieu et d’autres venir se poster debout devant elles, sans crier gare après un détour aux corrals, les pieds entre la première planche et le muret, les coudes appuyés sur le rebord numéroté (!?) de la fosse. Les indélicats (ou les habitués) occupaient dès lors le premier rang tandis que les dindons de la farce qui pensaient s’y trouver se voyaient relégués au second et ainsi de suite. Soyons clairs, les gradins offrent quatre rangs de spectateurs et aucune place assise vu l'affluence !
En bas, à l'écart du monde, on peaufine les derniers réglages, on graisse avec application le seuil de la porte coulissante et on vérifie la bonne marche des portes qui ne coulissent pas. Des portes choyées par les uns, maltraitées par les autres...
● 11h50 > 12h. Ça remue derrière, au-dessus — il y a du monde sur la galerie, peut-être des invités, à moins que l’on puisse y monter, je ne sais pas — et en-dessous de moi. Le sorteo a commencé, présidé par... le président Matías González. Tout ce petit monde s'agite en prenant bien soin de ne pas marcher dans la gadoue et Morenito d’Arles, l’inénarrable "lieutenant" de Juan José Padilla, n’en finit pas de se signer. Vous voulez que je vous dise ? Le sorteo, c’est chiant !
Ce constat personnel fait, je préfère rêvasser en admirant ce puits de lumière envoûtant ; je passe en revue les nombreux azulejos célébrant les élevages ayant obtenu le prix au lot le plus complet des Corridas Generales depuis plus de quarante ans ; j’observe du coin de l’œil les sourires crispés et la main droite tremblante du ganadero resté à nos côtés. Lentement, imperceptiblement, une sensation d’être hors du temps ou dans un ailleurs indéfini s’immisce, croît et vit en moi.
À suivre...
Image Le "carré" & la fosse aux toros © Campos y Ruedos
● 11h50 > 12h. Ça remue derrière, au-dessus — il y a du monde sur la galerie, peut-être des invités, à moins que l’on puisse y monter, je ne sais pas — et en-dessous de moi. Le sorteo a commencé, présidé par... le président Matías González. Tout ce petit monde s'agite en prenant bien soin de ne pas marcher dans la gadoue et Morenito d’Arles, l’inénarrable "lieutenant" de Juan José Padilla, n’en finit pas de se signer. Vous voulez que je vous dise ? Le sorteo, c’est chiant !
Ce constat personnel fait, je préfère rêvasser en admirant ce puits de lumière envoûtant ; je passe en revue les nombreux azulejos célébrant les élevages ayant obtenu le prix au lot le plus complet des Corridas Generales depuis plus de quarante ans ; j’observe du coin de l’œil les sourires crispés et la main droite tremblante du ganadero resté à nos côtés. Lentement, imperceptiblement, une sensation d’être hors du temps ou dans un ailleurs indéfini s’immisce, croît et vit en moi.
À suivre...
Image Le "carré" & la fosse aux toros © Campos y Ruedos