Ce dimanche matin sur la Biscaye, il pleut, il mouille, c'est la fête à la grenouille. En haut de la rue Santiago Brouard près du parc Ametzola, j’ai l’embarras du choix pour garer ma voiture — zone payante, en semaine tout au moins. Je marche en direction de la place Ametzola et j’aperçois l'imposant mur d’enceinte des corrals orné de fers prestigieux, puis je suis saisis par la masse de briques de Vista Alegre encadrée par des immeubles d’habitations franchement tristounets. Le contraste est grand entre les images de campo que les locataires des corrals ne manquent pas de faire surgir dans l’esprit de l’aficionado et ce paysage à l’urbanité si dense et morose qu’elle en est spectaculaire. Depuis la place, je choisis d’emprunter sur la droite l’escalier au fond à gauche afin de pouvoir profiter d’un point de vue intéressant sur les corrals et les dépendances de la plaza. Choisir cette option, c’est aussi se rallonger le chemin jusqu’à la taquilla en parcourant les deux tiers de la circonférence des arènes ; une taquilla que j'ai hâte d'atteindre — je perçois un murmure au loin.
L'escalier (attention, marches glissantes par temps humide) du virage de la rue Vista Alegre descendu sans dommage, je fais désormais face à la "grande porte" de la plaza et je rejoins à droite de celle-ci le groupe de six aficionados déjà en faction devant la taquilla de l’apartado, sise à l’extrême gauche de l’alignement de guichets. La pancarte "Apartado" ne sera accrochée que bien plus tard par un guichetier, peu avant 10h30, heure d’ouverture de la vente des places de corridas. Il est 9h40 du matin et avant de dérouler les différentes étapes de l’apartado à Bilbao, permettez-moi d'apporter quelques commentaires :
1/ La taille du store bleu (du bleu !) est telle qu’il protègera des intempéries seulement ceux arrivés avant moi, en l’occurence le "groupe des six". On tâchera donc de loger un parapluie dans son sac à dos ; le vêtement imperméable s’avérant vite sinon inopérant disons inconfortable lorsqu’on doit patienter plus d’une heure et quart sous une pluie parfois battante ;
2/ Il paraît que l’Espagnol est de plus en plus discipliné et respectueux de règles en tous genres (à l’exception de celles régissant la lidia mais je m’égare) ; bien vous placer dans le couloir formé par les barrières tubulaires vertes (du vert !) vous évitera ainsi quelques menues tracasseries lors de l’ouverture de la taquilla ;
3/ Au cours de votre attente, vous verrez pas mal d’agitations, d’allées et venues, un abrazo par ci, une poignée de mains par là, etc. Ne soyez pas inquiets et dites-vous que sans cela l’attente serait encore plus longue ;
4/ Vous entendrez sûrement parler français ; là, vous devrez vous méfier... Surtout si vous ne connaissez pas la ou les personne-s ! Personnellement, je ne connaissais pas ce charmant couple de Biarrots. Monsieur a cru bon de me vanter les mérites de l’indépendance de la placita dacquoise... À moi qui, quelques jours plus tôt, annonçait certes de façon quelque peu balourde le début de la foire aux bestiaux de Dax ! Remarquez bien que j’avais tendu la vara pour me faire "carioquer" en m’autorisant, dans un moment de solitude sans doute, une réflexion stupide sur un sujet qui l’était tout autant... Moralité : ne laissez pas vos oreilles traîner à proximité d’une arène ;
5/ Acheter un journal économique allemand ou apporter un livre de mécanique en serbo-croate, par exemple, devrait vous assurer un peu de tranquillité mais pourrait tout aussi bien attiser la curiosité, alors à vous de voir ;
6/ Si une envie pressante venait à vous comprimer la vessie, tenez bon et pensez aux toilettes impeccables qui vous attendent sous les tendidos, à droite dès "la grande porte" franchie.
À suivre...
Image En cliquant, vous localiserez aisément la "grande porte" ainsi que la taquilla de l'apartado, sur la droite sous le store © Campos y Ruedos