En guise d'adieux à la place biterroise, sur les gradins de laquelle je ne poserai à l'avenir mes fesses qu'avec grande parcimonie, j'ai décidé de me livrer à un exercice pas si aisé qu'il pourrait y paraître au premier abord, et dans lequel excellent pourtant la plupart de nos chers revisteros : extraire un élément positif de chacune des cinq courses (quatre corridas, dont une mixte, et une novillada) auxquelles j'ai assisté cette année, c'est-à-dire l'intégralité du cycle à l'exception des deux novilladas sans picadors matinales. Arrive un moment, dans une vie d'aficionado, où il faut agir en adéquation avec ses opinions et ses convictions. Or payer (très cher) pour assister à ce type de spectacles est devenu au fil du temps au-dessus de mes capacités.
Il eut sans doute été plus simple de détailler par le menu tous les aspects négatifs de cette féria (bétail des trois premiers jours, attribution des trophées pour le moins fantaisiste, décisions présidentielles - telles que le remplacement de toros mansos parfaitement valides - ahurissantes, diestros adaptant leur toreo aux exigences d'un public globalement sans le moindre critère, etc.) ; mais outre le caractère fastidieux et inutile de la démarche, cela n'eut renseigné ni intéressé personne. Alors une fois n'est pas coutume, avant de déserter, soyons beau joueur.
11 août : comme il le fit à Dax au cours de la même semaine, El Juli a fait montre de toute l'étendue de son talent face, certes, à une chèvre, qu'il réussit à mettre dans sa muleta puissante après deux réglages. Il se comporta en outre tout l'après-midi en chef de lidia impeccable, n'hésitant pas à dispenser des conseils à Julien Miletto qui, malgré une envie patente, en a encore énormément besoin. Encore une fois, quelle frustration de voir un tel maestro face à de tels toros.
12 août : en trois faenas, Sébastien Castella a enfin pu montrer au public de sa ville (et des plages environnantes) les progrès immenses qu'il a réalisés ces dernières années. On adhère ou pas à son projet tauromachique, mais du poignet, de la ceinture et de la classe, ce garçon en a à revendre ; ce n'est plus un secret pour personne. Personnellement, cela m'a laissé assez froid, et l'attribution des cinq oreilles et de la queue (sic), après trois mises à mort défectueuses, m'a franchement fait rigoler - c'est toujours mieux que d'en pleurer. Le régional de l'étape, mieux vaut le voir face à d'autres adversaires et devant un autre public.
13 août : étant peu sensible aux charmes équins du rejón, et surtout n'y connaissant rien, je laisse à d'autres le loisir de se réjouir de la prestation de P. H. de Mendoza. C'est plaisant à l'oeil, mais voir galoper des toros mutilés (disons plus visiblement mutilés que pour les piétons) comme des petits toutous derrière un canasson ne m'élève pas vers les hauteurs. Dommage, car les quatre combats menés à pieds aux bestioles destinées aux matadors avaient de quoi faire regretter la plage. Retenons donc le classicisme non dénué, parfois, de profondeur, de Juan Bautista. Malheureusement, cela manquait cruellement de transmission ; la faute aux toros ? Sans doute.
14 août : enfin des toros. Les deux derniers jours de la féria d'août étaient réservés ces dernières années aux deux corridas "toristas" du cycle (Cebada Gago et Miura bien souvent). Cette année, on prit deux élevages pas particulièrement réputés monstrueux, mais en sélectionnant des exemplaires charpentés et probablement, en allant faire son marché dans les familles les moins commodes. Résultat : des toros bien présentés mais parfois hors de type et formant des lots peu homogènes. Il y eut malgré tout de l'animation en piste et des tercios de piques (où les pupilles du Puerto de San Lorenzo ont davantage fait preuve de violence que de bravoure, mais avec un certain poder) animés. Malheureusement, les coletudos aptes et désireux de nous montrer leurs opposants étaient aux abonnés absents.
15 août (matin) : un lot intéressant de toros aux comportements variés a permis aux quelques spectateurs de prendre un peu de plaisir à cette novillada matinale. Pas des foudres de guerre, mais des novillos le plus souvent abordables, avec parfois du piquant mais manquant de force pour certains exemplaires. C'est Joselito Adame qui a permis de se régaler face à ces deux opposants. El Santo, mal remis de sa blessure, et J. A. Ferreira, décevant, n'ont à aucun moment réussi à se hisser à son niveau ; dommage car leurs adversaires méritaient mieux.
15 août (après-midi) : deux bons toros - les moins lourds, cf. remarque ci-dessus au sujet du type de l'encaste pas toujours respecté) et un El Fundi revenu au meilleur niveau ont sauvé cette tarde. Deux lidias à deux adversaires complètement différents nous ont montré toute sa maestria. La despedida de Denis Loré fut digne et, globalement, on ne s'est pas ennuyé.
Après cet exercice, que l'on ne vienne pas nous dire que nous ne voyons que le mauvais côté des choses !
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