Remercions ici Mario de nous faire partager ses impressions ramenées directement de Cenicientos où il a assisté aux courses d'Adolfo Martín et de José Escolar Gil. Les photos qui accompagnent ce texte ont gentiment été prêtées par l'auteur. Merci...
Retour là-bas pour renouer avec les bons souvenirs et chose curieuse ma voisine d’il y a... onze ans est à la même place et on se reconnaît au bout de cinq minutes ! Elle a un peu empâté mais ce sont les mêmes yeux... Bon, vous vous en moquez.
Une douzaine de Français aux tronches sympathiques sont venus en cure et donc s’asseoir sur des gradins désormais en dur.
A mon avis, Cenicientos n’est pas à mettre entre toutes les mains mais entre dans bien des bourses. La tauromachie, si elle n’y est pas rigoureuse, a le mérite de la spontanéité. Difficile d’établir une comparaison avec une autre plaza mais c’est le genre d’endroit qui me réconcilie avec moi-même.
L’Afición y est bruyante, inexacte, enthousiaste et on est loin des snobismes français.
Ils veulent une pique, râlent quand il en faut deux, gueulent à la troisième. En même temps, ils se marrent, bouffent assez peu et sont fiers de voir débarquer la télé et des aficionados inconnus. Ils sentent les toros très naturellement comme dans tous les pueblos d’Espagne où le bétail fait partie du paysage. Ils ont commencé la semaine avec un lot d’Alcurrucén (bien), un autre de Prieto de la Cal (mal) et un d’Araúz de Robles (?).
Et à Lanzahíta, à trente minutes de route champêtre, vivent et s’épanouissent les toros de José Escolar Gil que vous connaissez .
Le 18 août 2007 donc, onze ans après la très sulfureuse mais passionnante novillada de Sánchez y Sánchez , est sorti un lot de cárdenos gratinés.
La veille déjà, les cuadrillas n’avaient pas goûté les joies du toro de cinq ans avec les Adolfo Martín, peu racés, parfois flacos et avec des problèmes de pattes, mais qui ont fait peur et donc furent mal piqués, très mal banderillés et tués souvent de louche manière.
Le 18 août à 10h, au sorteo, les Escolar Gil me sont passés sous les pieds et je les ai trouvés « Buendía bonitos » d’allure si vous permettez l’audace. L’altitude écrase, on le savait.
A 21 h, je venais de passer deux heures avec six toros très sérieux voire impressionnants.
Quatre toros de novembre et décembre 2002 et deux toros de février et mars 2003. C’est rassurant de savoir que chez ce ganadero les toros ne se compliquent pas la vie à naître en été.
Les toros les plus difficiles n’ont pas été les plus vieux et les cuadrillas étaient trop conditionnées par le trapío et l’âge des toros au point de ne vouloir les banderiller qu’en se cachant dans leur cul et en jetant souvent les palos. Aussi, les picadors, mêmement animés, ont piqué souvent méchamment au cours des treize rencontres qui, à Vic, auraient été vingt. Les deuxième, quatrième, cinquième et sixième étaient braves et très solides. Parfois nobles les cinq et six, armés à très armés et pourtant « touchés » de manière visible les 1, 2 et 6. Trois toros feront la vuelta.
Je prends le risque d’affirmer qu’ils étaient touchés et que ce fut une grande course et je ne sais pas ce que vous en penserez et moi non plus. Aussi n’ai-je pas bloqué sur cette difficulté.
Un de mes voisins du village et très mordu de toros partageait ce sentiment, nous étions en barrera ombre et la visibilité était bonne.
Le Fundi a été constamment présent et juste dans ses interventions. Pris par son premier, excellent aux banderilles et offrant un quite à la cape au dernier pour remercier le public.
Il a fait la brega au cinquième et coupe deux oreilles au quatrième. Une grosse estocade à son actif après une faena casera de qualité.
Sergio Martínez a écouté une bronca retentissant dans tout le Tiétar pour avoir laisser filer le formidable cinquième.
Sergio Aguilar, regular, coupe deux oreilles à son second et sort a hombros avec le Fundi, le ganadero et le mayoral.
Il aurait fallu tertulier avec les copains mais il fallait aussi partir et donc je n’ai pu confronter mes impressions qu’avec un vieil aficionado gersois de Mirande, chauve et moustachu, qui paraissait fort content le lendemain au sorteo à Las Ventas, de cette tarde de toros.
Mario Tisné