Suite aux réactions diverses stimulées par l'excellent article de Alain Léauthier, journaliste à Marianne, qui, sans toutefois démentir, brise enfin l'idée que deux pages du dit magazine furent récemment consacrées a la cause "anti" par conviction, on constate que décidément, le débat est bel et bien vif. Ainsi, si les antis sont toujours aussi virulents et corrosifs, les "pros", eux, entrent assez facilement dans la melée sans être certains de véritablement y défendre la cause. En gros, sommes-nous bien représentés, savons-nous nous défendre, et avons-nous de vrais arguments ?
Ce débat passionne, c'est un fait. On l'a vu partout, et souvent n'importe où, avec les antis d'un coté et les "pros" de l'autre qui se frottent lamentablement dès que le steak est jeté. La chose est connue, le spectacle fait recette et en langage "téloche" on parlerait de concept. Et bien, sur le Net, dites-vous que c'est la même configuration : un parti à gauche, l'autre à droite, et au milieu la confusion la plus totale d'où il en sort un vaste n'importe quoi avec des bribes d'arguments à peine sensés des 2 côtés, de la part d'antis plus avides de chair qu'un grand blanc dans un bac à viande, et des pro-corrida vaguement concernés qui n'ont que la poésie et la philo pour argumenter une cause dont ils n'osent même pas avouer la crauté. Et c'est bien souvent que je me dis : "Mais que diable sont-ils allés faire dans cette galère ?"
C'est-à-dire que face à une meute de pittbulls déchaînés, deux options s'offrent à vous : leur rentrer dedans armés comme un porte-avions ou partir en courant. C'est pareil face aux antis. Si vous n'êtes pas armés pour rétorquer autrement qu'en avançant le fait que la "corrida, c'est beau", préférez un large sourire et passez votre chemin, cela ne vous empêchera pas de garder vos convictions ou de vous regarder dans une glace. Car de débat, il n'y en a point. Pour preuve, jamais un aficionado convaincu n'est sorti anti d'une telle confrontation, et réciproquement. Pourquoi n'arrivons-nous pas à communiquer ? Parce que ni eux ni nous n'en n'éprouvons vraiment l'envie ou le besoin, chacun étant assis sur ses certitudes et souhaitant le rester. C'est mon cas. J'aime les toros et, paradoxalement, j'aime voir tuer des toros. C'est dur, abrupt mais vrai. Pourquoi ? J'en sais rien, c'est comme ça. C'est la corrida de toros. Ne cherchez pas à vous dissimuler derrière de sombres histoires d'esthétique ou de beauté du geste, mais appuyez plutôt là où ça fait mal : la corrida, ça pue le sang, la sueur, un peu la merde, aussi, et c'est cruel. Vous verrez qu'en partant de ce principe, vous ne vous ferez pas beaucoup d'amis chez les antis, mais si vous voulez parler "Toros", c'est en ces termes. A prendre ou a laisser. Alors bien sûr, vous pourrez toujours leur expliquer qu'un toro ça vit paisiblement dans un champ pendant 4 ou 5 ans, et qu'il ne sent rien à la pique, et que les banderilles c'est de la foutaise en terme de douleur et patati et patata... Rien n'y fera, d'ailleurs, moi-même, je n'en suis pas convaincu. Mais je m'en fous, parce que ce que j'aime chez le toro, c'est ce qu'il est : un combattant, une brute fière et farouche, avide de foin, de femelles et d'adversaires. Le ballet pour photographes, auquel beaucoup d'entre nous croient malheureusment aujourd'hui, n'est pas la corrida de toros. D'ailleurs, si le toro était un collaborateur avéré, quel serait l'argument d'un tel final ? Aucun. La mort ne se justifie que dans l'adversité.
Ainsi, si les sentiments sont aussi confus dans nos têtes d'aficionados, c'est que les avis divergent sur la façon d'appréhender la chose. C'est juste qu'on a la corrida qu'on mérite. Problèmes d'éducation des foules, de mundillo, de merchandising aussi. C'est notre époque et nous la subissons également en tauromachie. Mais cela ne justifie en rien ce complexe qui fige nos arguments, cette gêne publique qui nous empêche d'assumer pleinement notre passion et nous fait balbutier trois conneries sur la tradition ancestrale de la corrida et la parfaite plénitude du toro tel un roi dans son pré pendant la durée de sa merveilleuse vie. Stop !
Ainsi, mes biens chers frères, mes bien chères soeurs, ASSUMEZ-VOUS ENFIN ET REVENDIQUEZ OUVERTEMENT VOTRE PASSION POUR LA CORRIDA ! ARRETEZ DE LA SUBIR ET DE VOUS EN EXCUSER !!!
Moi, je n'aime pas les antis et je les trouve ras du front mais si je dois les affronter, je ne leur parlerai certainement pas de beauté du geste ou de tradition à la con mais de tíos terrifiants, de batacazos dantesques et de peleas d'un autre temps. Après ça, soit on se met sur la tronche, soit on se barre chacun de notre coté, mais pas de compromis.