Madrid - 4 octobre 2008. Si seulement le Cid avait été là, cette corrida de Victorino Martín eût été tout simplement et irrémédiablement triomphale, historique même. Nous aurions vu une chose grande, une chose importante. Nous aurions vu couper des oreilles, un panier d’oreilles. Et ceci, messieurs dames, ceci est une chose fondamentale : couper des oreilles. C'est ce qu'il se dit. Eh bien, je suis d’accord. Non pas sur les distributions d’oreilles, dont les véritables aficionados se moquent, mais sur la probabilité qu’avec un tel bétail Manuel Jesús 'El Cid' aurait pu arriver à la cumbre du toreo, et nous transporter dans les méandres galactiques du ciel de Madrid. « De Madrid al Cielo », avec le Cid, un rêve, pour une nuit entière, à en discuter, à le fêter, à se croiser et le recroiser, dans d’improbables discussions, et d’insoupçonnables rencontres. Manuel Jesús 'El Cid' en la cumbre del toreo, et à Madrid. Un rêve quoi, Le rêve.
Seulement voilà, le Cid n’était pas là. Et à la place du Cid nous n’avions que trois modestes qui n’ont jamais pu se hisser à la hauteur de ce que leur permettait le bétail de luxe qui leur fut proposé. C'est ce qui se dit, majoritairement. Là encore je suis d’accord. Je suis d’accord non pas sur le fait que le bétail fut de luxe, ou même que nous ayons assisté à une grande corrida de Victorino ; mais je suis d’accord pour penser que les matadors, Antonio Ferrera notamment, ont été très loin de profiter de l’occasion qui leur était offerte. Mais que les toreros aient été en-dessous de leurs six adversaires ne fait pas pour autant du combat de ces derniers une grande corrida de toros. C’est parfois le cas, mais pas toujours. N’allez pas pour autant en déduire que cette course fut une mauvaise course. C’est simplement qu’à mes yeux elle a fait preuve d’une trop grosse carence en puissance et en force pour être louée comme elle l'est parfois.
Car même s’il est juste de remarquer qu’une paire d’exemplaires s’est plutôt mieux comportée sous le fer que ce qu’ils ont l’habitude de nous montrer, il est également important de signaler que cette corrida a été très peu piquée. Elle a même fait l’objet d’un traitement de faveur assez inhabituel pour un tel élevage : une pique et un simulacre de picotazo. Ça ne nous mène pas bien loin. Un seul a réellement reçu deux puyazos. C'est un minimum et ça n'a rien d'un exploit.
Le grand toro de Fuente Ymbro, très encasté, sorti ici même la veille, c’était Lucifer en personne à côté de ces cárdenos très modernisés.
Ceci étant, il est indéniable que cette course a montré de réelles qualités à la muleta, de la race et un comportement varié allant du très avisé au noble. Mais ces qualités, trop souvent annihilées par ce manque de puissance et de force, ont amené beaucoup de combats aux limites de la sosería.
Certes, répétons-le, la torería n’a pas été à la hauteur. Mais cela n’explique pas tout. Une grande corrida de Victorino n’a pas besoin de la présence du Cid pour irradier de sa caste, de sa présence, de sa sauvagerie et même de sa noblesse. Rappelez-vous 'Murciano', cet immense toro qui, à Madrid encore, fit sombrer Luis Miguel Encabo. Un Encabo débordé et dévoré tout cru. Plusieurs années après, les témoins se souviennent encore de 'Murciano', évoquent, émus, son souvenir, son nom. Ce ne sera le cas pour aucun des toros combattus dimanche dernier.
Un grand toro ou une grande corrida de Victorino se suffisent à eux-mêmes. Et il n’est nul besoin du Cid pour venir nous l’expliquer ou nous le faire comprendre. Même si c'est le Cid, à la vérité, qui vient régulièrement sauver les apparences pour le compte du paleto. Dimanche à Madrid, Victorino a fait lidier une très bonne corrida commerciale, avec de la race, une noblesse pas imbécile mais avec un réel manque de puissance et donc d'émotion. Une excellente corrida pour toréer, mais certainement pas une corrida importante comme qualifiée sur le site de l'élevage.
Ceci étant, il est indéniable que cette course a montré de réelles qualités à la muleta, de la race et un comportement varié allant du très avisé au noble. Mais ces qualités, trop souvent annihilées par ce manque de puissance et de force, ont amené beaucoup de combats aux limites de la sosería.
Certes, répétons-le, la torería n’a pas été à la hauteur. Mais cela n’explique pas tout. Une grande corrida de Victorino n’a pas besoin de la présence du Cid pour irradier de sa caste, de sa présence, de sa sauvagerie et même de sa noblesse. Rappelez-vous 'Murciano', cet immense toro qui, à Madrid encore, fit sombrer Luis Miguel Encabo. Un Encabo débordé et dévoré tout cru. Plusieurs années après, les témoins se souviennent encore de 'Murciano', évoquent, émus, son souvenir, son nom. Ce ne sera le cas pour aucun des toros combattus dimanche dernier.
Un grand toro ou une grande corrida de Victorino se suffisent à eux-mêmes. Et il n’est nul besoin du Cid pour venir nous l’expliquer ou nous le faire comprendre. Même si c'est le Cid, à la vérité, qui vient régulièrement sauver les apparences pour le compte du paleto. Dimanche à Madrid, Victorino a fait lidier une très bonne corrida commerciale, avec de la race, une noblesse pas imbécile mais avec un réel manque de puissance et donc d'émotion. Une excellente corrida pour toréer, mais certainement pas une corrida importante comme qualifiée sur le site de l'élevage.
Et notre ami Didier Claisse de compléter avec sa propre vision de la course : "C'est ce que je disais à la sortie. J'étais même plus méchant car je parlais d'une date repère dans la décadence de Victorino et son glissement vers le commercial. Toutes les faenas ont été de más a menos du fait des toros qui s'éteignaient au fil du temps."