La
tauromachie est de gauche ! ou devrait l’être. Elle tend de plus en plus à
droite mais son essence est de gauche. De la main gauche s’entend. La naturelle
est LA passe de troisième tiers ; celle qui a le plus de logique technique
pour préparer le toro à recevoir l’estocade. Elle lui apprend à sortir vers la
gauche, c’est aussi couillon que cela. La tauromachie est de gauche même si la
main qui porte l’épée est la droite. « C’est la main gauche qui tue »,
dit l’adage populaire. « Vox populi vox dei » : ce n’est pas
toujours vrai mais en ce cas précis, oui.
Dans
les petites et coquettes arènes de Garlin (64), le novillero Juan Leal a
démontré par l’absurde, ou par excès de zèle ou par surenchère spectaculaire, que
la mise à mort d’un toro, en l’occurrence un novillo de Hoyo de la Gitana, se
doit de respecter certains canons et reste le moment paroxysmique de la lidia
d’un taureau de combat.
L’élève de l’école taurine d’Arles a tout simplement oublié que les toros se tuent avec la main gauche dans un ultime croisement (celui du bras droit et du bras gauche) dont l’objectif est de conduire la tête du toro avec la main gauche, justement, pour s’ouvrir le chemin du garrot et porter le coup de lame. Il s’agit de guider la charge de l'animal — de la conduire, c’est le mot —, de lui dicter sa loi et non pas, comme l’a montré Juan Leal, de vouloir le pourfendre à tout prix pour entrer une épée dans son intégralité (peu importe l’emplacement, malheureusement). Loin de moi l’idée de critiquer l’engagement, la fougue et l’audace de Juan Leal, mais sa plongée systématique sur le frontal de l’animal sans tenter de détourner la tête du bicho avec la main gauche relève plus d’une démarche d’inconscience que de l’art tauromachique. Le public l’a oublié mais l’acte de tuer un toro n’est pas là que pour permettre d’accorder des trophées. Tuer un toro est un temps technique majeur conditionné par vingt minutes de lidia préalables. Plonger sur un toro n’est pas toréer.