08 juillet 2012

Compte à rebours


Céret, ruedo des arènes, samedi 7 juin 2012 à 19 h 30.

Dans une semaine, exactement, les Moreno de Silva prendront d'assaut la piste du minuscule ruedo cérétan. Ils viendront, sèchement, les uns après les autres,  planter les lames damassées de leur fureur andalouse  sur les planches des burladeros marquées de leur fer, un "M" majuscule qui déborde d'un cercle. Un "M" majuscule qui surmonte un petit "o", comme une métaphore miniature de ces bêtes immenses, de ces toros si grands qui débordent du cercle.
Tout est déjà prêt et tout reste encore à faire.
En ce moment, pour ceux qui attendent, l'avenir est cette majuscule éclairée qui se dresse devant eux. C'est cette majuscule démesurée, qui pointe fièrement les empattements incisifs d'un "M" orgueilleux et étire ses cornes effilées dans l'ombre dure du soir, qui tombe sur un si petit cercle.
Un an est passé, vite, si vite, et tout est déjà prêt.
Dans quelques heures, le temps va s'arrêter, les conversations se suspendre, les cœurs s'accélérer, les regards se figer et le monde se perdre dans les vides du temps où vivent les toros.
Demain ils seront là, extirpés dans la nuit au ventre d'un camion ; les toros seront là, campés dans les corrales, blottis l'un contre l'autre, fuyant le regard fixe de tous les importuns, battant l'air de leur queue — réflexe mécanique qui écarte les mouches autant que les curieux.
Tout est déjà prêt et tout reste encore à faire.
Dans une semaine, exactement, tout restera à faire quand entrera le premier grand Moreno dans ce tout petit "o".
¡Suerte!

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