Oublier le morrillo. Oublier le cheval trop grand. Oublier les rayas. Oublier le lieu. Oublier l’heure. Repères à 0. L’art. La concurrence du monde, de la nature. Peut-être une inspiration de celle-ci. Un geste.
La tauromachie a ses gestes. Ils sont codifiés. Ils sont décryptés. Ils sont attendus. Avancer la jambe, entrer a matar, puntiller, piquer, courir la main, mettre sa montera, se signer, souhaiter bonne chance aux compagnons, saluer, disposer avec soin sa cape derrière soi pour faire une vuelta, accrocher la muleta avec l’épée factice... Des gestes. Des dizaines de gestes répétés, vus et revus. Le cadre.
Et puis il y a le geste. Celui qui n’en est plus tout à fait un. Le geste qui sort du cadre. Celui qui le justifie tout en l’annihilant. L’art. La concurrence du monde, de la nature. C’est un derechazo en apnée de Curro Romero à Madrid face à un Garzón. C’est Morante qui quitte la Maestranza comme porté par l’écho perçant et chaloupé des musiques de la Semaine sainte. C’est El Alcalareño qui cloue à Bilbao une paire de banderilles qu’aucune photographie ne peut saisir, ou alors il ne s’agit que d’un mensonge pur. C’est Fernando Robleño qui se relève à Madrid, le sable sent le sang, le sang coule sur les yeux bleus, la jambe avance vers l’œil contraire, entre deux cornes qui le connaissent déjà, le bras tendu vers devant, il y repart. Le geste. Parfois plus simple. Le geste. C’est ce cavalier dont je ne me rappelle pas le nom. Orthez, 25 juillet 2010. Midi passé. Le cheval blanc s’est échappé d’un tableau de Botero et lui, le piquero vêtu de rouge, arrive tout droit du campo, de là où naissent les toros. Il ne cite pas comme les autres. Il ne lève pas la pique à l’horizontale du sol meuble de la piste en hurlant un mâle "Ehhh ! Toro ! Ehhh !" Il ne crie pas. Il ne bouge presque pas. Il tient sa pique sur l’épaule droite. Comme la tiennent les vaqueros du pays d’où naissent les toros. Il est face au novillo de Saltillo avec la pique qui hésite entre barrera et callejón. Sur l’épaule, comme au campo. Le geste rare. Simple. C’est le campo dans le ruedo. Le travail de tous les jours un dimanche loin de chez soi. Un geste naturel du quotidien. L’art vient de là.
La tauromachie a ses gestes. Ils sont codifiés. Ils sont décryptés. Ils sont attendus. Avancer la jambe, entrer a matar, puntiller, piquer, courir la main, mettre sa montera, se signer, souhaiter bonne chance aux compagnons, saluer, disposer avec soin sa cape derrière soi pour faire une vuelta, accrocher la muleta avec l’épée factice... Des gestes. Des dizaines de gestes répétés, vus et revus. Le cadre.
Et puis il y a le geste. Celui qui n’en est plus tout à fait un. Le geste qui sort du cadre. Celui qui le justifie tout en l’annihilant. L’art. La concurrence du monde, de la nature. C’est un derechazo en apnée de Curro Romero à Madrid face à un Garzón. C’est Morante qui quitte la Maestranza comme porté par l’écho perçant et chaloupé des musiques de la Semaine sainte. C’est El Alcalareño qui cloue à Bilbao une paire de banderilles qu’aucune photographie ne peut saisir, ou alors il ne s’agit que d’un mensonge pur. C’est Fernando Robleño qui se relève à Madrid, le sable sent le sang, le sang coule sur les yeux bleus, la jambe avance vers l’œil contraire, entre deux cornes qui le connaissent déjà, le bras tendu vers devant, il y repart. Le geste. Parfois plus simple. Le geste. C’est ce cavalier dont je ne me rappelle pas le nom. Orthez, 25 juillet 2010. Midi passé. Le cheval blanc s’est échappé d’un tableau de Botero et lui, le piquero vêtu de rouge, arrive tout droit du campo, de là où naissent les toros. Il ne cite pas comme les autres. Il ne lève pas la pique à l’horizontale du sol meuble de la piste en hurlant un mâle "Ehhh ! Toro ! Ehhh !" Il ne crie pas. Il ne bouge presque pas. Il tient sa pique sur l’épaule droite. Comme la tiennent les vaqueros du pays d’où naissent les toros. Il est face au novillo de Saltillo avec la pique qui hésite entre barrera et callejón. Sur l’épaule, comme au campo. Le geste rare. Simple. C’est le campo dans le ruedo. Le travail de tous les jours un dimanche loin de chez soi. Un geste naturel du quotidien. L’art vient de là.
Photographie Le geste © Frédéric 'Tendido69' Bartholin/Camposyruedos.com