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25 janvier 2012

« Si Dios quiere »


Bip-bip, un nouveau message : « Estimado caballero. Nos vemos el 30 de septiembre en Algemesí a las 10.30 en el hotel del polígono industrial. Saludos cordiales, Juan Luis. »
Enfin le sésame ! Un mois venait de s'écouler de tentatives vaines à contacter le novillero Emilio Huertas et son entourage afin de le suivre pendant la journée de sa novillada à Algemesí. Il me restait à peine une semaine avant le grand jour. Depuis septembre 2010 je m'étais promis de retourner à Algemesí pour profiter de son cycle de novilladas, de ses peñas et de ses arènes carrées faites de bois et de cordes dressées au milieu du village. J'y avais découvert Emilio qui avait triomphé en 2010. Pourquoi ne pas lui proposer de le suivre, l'appareil photo au poing, le jour de son retour ? Après tout, passer un moment avec un novillero qui affronte les Escolar, Yonnet et Prieto de la Cal ne pouvait être qu'une expérience enrichissante pour un aficionado photographe.
À 10 heures le 30 septembre, j'étais devant un hôtel de zone industrielle. Fin prêt, les batteries chargées, le matériel bien rangé dans le sac, des conseils de photographes bien enregistrés et quelques idées sur mes prises de vue. Par contre, je n'étais pas du tout préparé à vivre une expérience humaine extraordinaire…
38 minutes, 2 cafés et 3 cigarettes plus tard, la fourgonnette de la cuadrilla s'arrête devant l'hôtel. J'avais perdu pas mal de mes moyens et au salut chaleureux de Juan Luis, le valet d'épée, de l'apoderado Tomás Campuzano, d'Emilio et de son picador, je crois que je ne pus marmonner qu'un glacial : « Hola, soy Flo. »
« Viens Flo, on va prendre un café ». Parfait, comme ça ce sera le troisième.
À demi-voix et un peu à l'écart j'explique à Juan-Luis que je ne suis ni journaliste ni photographe professionnel, et que le reportage que je souhaite faire ne sortira dans aucun magazine. C'est juste un projet personnel ; je veux simplement passer la journée avec eux, me faire tout petit, ne pas les gêner, prendre quelques photos d'Emilio lors de son habillage et c'est tout. La réponse de Juan Luis est sans appel : « Monte dans la fourgonnette, on va au sorteo. Dépêchons-nous sinon on va arriver en retard. »
Je respire…
Emilio est resté à l'hôtel avec Alvarito. Tradition et superstition. Le torero n'assiste pas à son sorteo ; il découvrira les novillos lors de leur entrée en piste. Que peut bien faire un novillero dans un hôtel de zone industrielle un vendredi après-midi ? Gamberger, essayer de dompter les ombres noires qui défilent dans sa tête, douter, avoir peur tout simplement. Attendre toute une journée sans distraction possible est l'épreuve la plus dure à laquelle doivent être soumis les toreros. C'est décidé : la prochaine fois je reste avec Emilio à l'hôtel pour partager ce moment, cette angoisse.

À notre retour, Emilio est assis seul à une table de la salle de restaurant avec le journal sportif local refermé. Il a dû le lire trois fois. Aussitôt le maestro Campuzano s'assied à ses côtés. « Complices » est le gros titre de ce Superdeporte ; ça fait une jolie photo de circonstance.
« Comment est la novillada, Maestro ? — Muy bonita, Emilio, muy bonita… »
Ça sonne comme une réponse stéréotypée. Vient se joindre à la table le reste de la cuadrilla qui a participé au sorteo. Tout le monde est d'accord : « Muy bonita. » Bien faite et très jolie. Un peu haute il est vrai — le n° 52 est particulièrement costaud pour une place de 3e catégorie — mais « muy bonita ». Tomás Campuzano n'en finit pas de réviser ses notes sur la novillada qui, pourtant, tiennent sur un confetti. Pendant que le picador et le valet d'épée miment avec les doigts l'encornure de chaque bête, Emilio se gratte machinalement la tête à l'endroit de la coleta ; ses mains se ferment, s'ouvrent, ses doigts se croisent. Une tension s'installe petit à petit, légèrement rompue par les blagues et les rires du reste de la cuadrilla.
« On va manger, Flo. Tu t'assieds avec nous. »
Juan Luis sait rompre ces moments de tension avec la chaleur et la fermeté qui caractérisent les Manchegos. Il me laisse parfaitement prendre la distance dont j'ai besoin pour faire mon travail et sait me rattraper pour me rapprocher du groupe. Le bonheur. Je suis au bout d'une table que je préside avec toute une cuadrilla et son torero devant moi. Je remarque qu'Emilio reste tendu et évite de croiser mon regard et celui de l'appareil photo. Je m'amuse même à rapprocher mon œil du viseur pour remarquer comment son regard change et la conversation avec son voisin de table perd de son naturel.
« Messieurs, c'est l'heure de la sieste. »
Juan Luis vient de marquer un nouveau tercio dans cette journée. Tout le monde monte vers les chambres. Les picadors semblent être les personnages à avoir le plus d'entrain pour ce genre d'exercice car, en moins de deux, les volets sont tirés. Pour les autres, pour Emilio en particulier, c'est une autre attente qui vient de démarrer. Il est 14 h 30 et la corrida débute à 17 h 30 ; trois longues heures sans sieste, trois longues heures où le repos est feint.
Le respect envers le torero impose qu'on le laisse tranquille dans sa chambre, mais rapidement cette chambre n'est qu'un va et vient de tous les membres de la cuadrilla à la demande expresse d'Emilio. Je me faufile, je me fais tout petit dans cette pièce de 12 mètres carrés où… nous serons bientôt six ! Les uns allongés sur le lit, d'autres sur une couverture par terre ou, pour le moins chanceux, assis sur un petit coin de lit. On commente, on raconte et on blague — bien sûr, le toro demeure omniprésent dans ces conversations. Emilio parle très peu mais veut qu'on lui parle. Une nouvelle fois il semble en proie au doute, à la peur, envahit par ces démons noirs qui débouleront bientôt en chair et en os sur le sable d'Algemesí. Affronter des fantômes paraît encore plus dur que tous les Prieto de la Cal, Yonnet et Escolar réunis.

« José, viens ! José ! José !
— Qu'est-ce qui se passe ?
— Viens ! »
Le remède aux angoisses d'Emilio s'appelle José Otero. Celui-ci donne tout son sens au terme banderillero de confianza. Il est pour Emilio ce que la ventoline est à l'asthmatique : une bouffée d'oxygène. José sait lire les peurs et les doutes qui traversent le novillero. Il le rassure, l'encourage, lui dit que tout va bien se passer, que tout le monde est « à bloc » et qu'il faut sortir avec l'envie de bouffer du toro et triompher. Emilio ne dira plus rien. Il écoute le regard dans le vague — moi aussi j'écoute à travers le viseur. Je suis, presque voyeur, le témoin d'un moment particulier. Personne ne prête attention à moi, alors que je ne perds pas une miette de leurs faits et gestes.
Dans la chambre d'à côté, les picadors se sont réveillés. Dehors, Alvarito termine de brosser et plier capes et muletas. Cette soudaine activité marque le démarrage d'un pétage de plomb général. Ça gueule et ça chante dans la douche ; ça rigole ; ça chambre ; ça parle fort et ça remue.
« Il faut que la pression sorte. Ce sont beaucoup d'heures d'attente. En plus l'heure de la corrida approche et ils aiment ça. Ils aiment vraiment ça. »
Juan Luis vient de me « recadrer ». En vérité, ils aiment ça : le toro. Le doute et la peur ne constituent qu'un passage obligé vers cette excitation ultime que représente le fait d'aller combattre un toro.
Il est l'heure de l'habillage pour le novillero et sa cuadrilla ; c'est le moment que j'attendais avec impatience.

Juan Luis frappe à la porte de la salle de bain. Comme s'il s'agissait d'un message codé, le silence se fait immédiatement. Un de ces silences palpables et lourds où chaque parole prononcée doit être strictement nécessaire. Emilio sort de la salle de bain nu comme un ver. Son visage est grave et son regard semble perdu ; l'angoisse a laissé sa place à l'extrême concentration. Je suis impressionné par cet instant d'une force incroyable. Emilio se transforme en torero. Il ne me voit pas, son regard se perd et me transperce. Juan Luis lui tend sa montera qu'il se plaque sur le visage pour une courte prière avant de s'en coiffer afin de poser la coleta. Tous les gestes de l'habillage se réalisent parfaitement, lentement et sans brusquerie. Las medias, la taleguilla, las manoletinas, la camisa, el fajin Emilio ne dit rien, regarde au loin ou jette des regards aux images saintes que Juan Luis a installées dans un ordre préétabli sur le lit. Emilio embrasse fortement la médaille que lui tend Juan Luis et qu'il portera sur son corbatin, et se glisse comme il peut dans la chaquetilla. Il est fin prêt. Juan Luis s'éclipse alors discrètement. Emilio se fige devant les images pieuses, se signe puis les embrasse une à une. Je suis seul avec lui mais une force invisible me pousse à quitter la pièce — quelque chose me dit que ce moment est réservé au torero. Dehors, la cuadrilla fin prête attend en silence dans le couloir. Une clope, vite !
Emilio sort enfin, salue les membres de la cuadrilla un à un et tout le monde se souhaite bonne chance.
« ¡Vamos! Flo, monte dans la fourgonnette. »
Comme un membre de la cuadrilla, je suis prié de m'installer comme je peux dans la fourgonnette qui nous mène aux arènes. Il est 16 h 50.
La fourgonnette stoppe à environ deux cents mètres des arènes et le chemin qui reste se fait au milieu du tumulte des peñascurieux contraste. Emilio redécouvre ces arènes si particulières où il triompha l'an passé. Tandis que son apoderado le rejoint juste avant le paseíllo, je m'éclipse pour prendre place sur les tendidos.

Víctor Barrio tue son premier novillo de Guadaira et vient le tour d'Emilio. Après la réception de son novillo et la pique, Emilio est au quite. Mais sur une tentative de quite por la espalda, il est pris. Le novillo le projette en l'air et Emilio retombe lourdement sur l'épaule avant d'être repris au sol. J'ai la sensation que cette journée va se terminer maintenant et que le rêve de triomphe s'évanouit là, dès le premier novillo. Emilio se relève avec d'évidents signes de douleurs et regagne le burladero. Dans un geste de colère Emilio reprend sa cape en se dirigeant vers le centre pour terminer son quite par des chicuelinas très ajustées. Le public exulte. C'est le début d'une faena qu'il avait rêvée : deux oreilles et la queue — récompense certainement généreuse. Qu'importe, Emilio vient probablement de s'ouvrir les portes de la finale du cycle de novilladas. Au deuxième novillo de Guadaira il coupera une oreille supplémentaire. La sortie a hombros se fait sur les épaules de Juan Luis, le visage d'Emilio barré d'un large sourire. Lorsqu'il « revient sur terre » à une centaine de mètres de la fourgonnette, c'est l'air sérieux qu'il s'engouffre dans le véhicule, d'où il signe les quelques autographes des enfants venus le féliciter. Aucune euphorie. Lors du retour à l'hôtel il regarde le paysage défiler, sans réellement y prêter attention. La cuadrilla remonte dans les chambres pour se doucher. Une nouvelle attente commence ; attente au terme de laquelle Emilio saura si le jury le déclare finaliste. Tomás Campuzano, qui n'a pas lâché le téléphone jusqu'à l'appel libérateur, annoncera tranquillement, sans aucune exclamation, la bonne nouvelle à Emilio. Celui-ci, déjà rhabillé, a opéré une énième transformation : le visage a changé ; il est plus relâché, presque soulagé. « Je te parie que c'est la première photo que tu fais de moi où je te regarde en souriant. »

Alvarito recharge la fourgonnette pendant que le reste de la cuadrilla s'accorde une bière, Juan Luis s'approche de moi : « On part dans vingt minutes, tu viens avec nous à Arnedo ? Demain, Emilio affronte les Prieto de la Cal pour le Zapato de Oro. — Je ne peux pas, Juan Luis, je n'ai plus de batteries. »
Je ne crois pas avoir trouvé une excuse aussi pourrie de toute ma vie.
« Alors on se voit dimanche, si Dios quiere… »

Florent Lucas

>>> Un album consacré à cette journée est visible sur la page Flickr de Florent.

01 décembre 2011

'Ratón'


C'est dans Libération que Jacques Durand a écrit un article sur le plus que célèbre toro 'Ratón'.

Sur Flickr, on peut voir le phénomène (de foire) en action, ou partager le repos du vénérable animal grâce à Albert de Juan.

18 novembre 2011

Improbable born2monk


Comme bien souvent, c’est Yannick qui nous a déniché ça. Ça doit faire deux ans. En plus, le photographe, c’est un collègue à lui, mais pas vraiment d’ici. Mexico, de l’autre côté de la grande mer. Yaya nous a dégoté sur Flickr un avocat mexicain dont on imagine aisément, à la vue de quelques clichés, que ses affaires courantes lui permettent de fréquenter des endroits où ni vous ni moi ne seront jamais autorisés à mettre les pieds, et encore moins l’œil dans un viseur d’appareil photo. Deux ans. Deux ans que Yannick doit nous pondre un truc sur born2monk, le pseudo de l’avocat mexicain sur Flickr. Putain… deux ans… Ce n’est pas que je vais vous en dire grand-chose, mais au moins vous saurez, et vous irez fouiner chez born2monk. 

La première photo qui attire l’œil met en scène une sorte de travelo avec chaquetilla et un ahuri au cigare… La photo est légendée ainsi : « El Güero y Maribel de Torer@, atrás Los Dorados de Villa (izq.) y Pancho Villa con unos amigos. Noche de luchas, toros y otras cosas. Puro artista de catego… Fotos: Pato_Garza y born2monk ». (Nuit de lutte, toros et autres choses en compagnie de Pancho Villa scotché au mur.) Ils n’ont pas dû sucer que des glaçons…

Une seconde photo. Elle est moins spectaculaire que la première, mais plus puissante, profonde, évocatrice. On devine que la nuit pèse, que les têtes sont lourdes, très lourdes. Ça sent vraiment le glauque, l’alcool et le reste, et la nuit aussi. La photo est légendée ainsi : « Jackie Botasmiadas le cuenta un secreto al oído a la Rossy, Rey Imagen mira desafiante a la cámara y Maribel se asombra viendo la faena de Enrique Ponce en la Plaza de Toros de México por la televisión ».

Vous irez donc fouiner sur  la page Flickr de born2monk pour y trouver des choses étonnantes, des gens curieux, des taurins, des travestis, des danseurs, des catcheurs et des jazzmans. Il y a aussi un vieux torero qui ressemble à Dubout. Je crois même que j’y ai croisé Jesulín de Ubrique, c'est tout dire.

11 septembre 2011

El día grande de Puçol


La photographie est de Florent Lucas, un franchute qui vit là-bas… Le pueblo c'est Puçol. La photo… elle est forte…
Bientôt nous y serons ; Campos y Ruedos au pays des toros dans les rues, au pays des bous al carrer.


20 septembre 2010

Photographies pas tout à fait sans paroles


albertdejuan
Cette photographie a été prise par un aficionado du Levante, Albert de Juan. Les détails de cette photo sont une véritable... une vraie... un truc... une chose... qui nous laisse sans voix...
Elle est une parmi tant d'autres, étonnantes, époustoufflantes. Albert possède un compte Flickr sur lequel vous irez halluciner.
Evidemment, nous y reviendrons plus tranquillement un de ces quatre. Peut-être même irons-nous lui rendre visite, pour de vrai !

Mais avant, une petite autre, pour la route...

La salida

01 août 2010

La Mancha


... vue par notre ami Artamir dont les clichés sont consultables sur sa page Flickr, par là... On clique sur la photo, of course.

07 décembre 2009

Des carcasses de poids


Autour des arènes de Céret, le 13 juillet 2008.
« Viens Olga, on va voir si c’est ouvert… Mince, c’est fermé… Tu vois le monsieur tout en blanc, là ? C’est le boucher.
— Où ?
— Là, avec les bottes blanches.
— Comment il s’appelle ?
— Le boucher… c’est le monsieur qui découpe les toros… »
Un silence un peu plus grand que ma fille s’étire ; elle venait de mettre la main sur celui qu’elle cherchait.

En juin dernier, dans « Juin 1933, Le Toril », nous avions vu que le journal toulousain émettait de gros doutes sur les poids des novillos de Moreno de la Cova communiqués par l’organisation vicoise. Celle-ci annonçait une moyenne de 305 kg (poids « en canal » ou poids de carcasse) tandis que les Toulousains revoyaient cette moyenne à 275 kg, après s’être enquis du « poids vif des bichos au passage à la douane »... Et dire que dans son article, Le Toril ne nous donne pas ses chiffres ! Cela aurait été une aubaine et une bonne vieille règle de trois aurait suffi pour avoir une idée de la proportion poids vif/poids « en canal »1. Qu'importe, en partant du principe que la définition actuelle d’une carcasse doit ressembler de très près à celle de 1933, et qu’une carcasse de bovin, qu’il soit brave ou non, reste et demeure une carcasse de bovin, nous allons tenté d’attribuer un poids vif moyen au lot de novillos de Moreno de la Cova combattu à Vic en 19332.

C'est quoi une carcasse ? D’après le Dictionnaire des sciences animales établi par le Cirad, il s’agit du « corps d'un animal abattu pour la consommation humaine après dépouillement, éviscération et enlèvement de la tête, des pieds, de la saignée (parties de muscles entourant le point de saignée), des mamelles et des organes génitaux. […] Elle est constituée par l'ensemble du squelette (moins la tête et les extrémités sectionnées au milieu des carpes et des tarses) et des muscles ; les reins […], la hampe, l'onglet (diaphragme) et la queue restent adhérents à la carcasse. » Voilà, c’est ça une carcasse, et pas autre chose.

En espagnol, « en canal » signifie carcasse... Ancien vétérinaire des arènes de Bayonne, Pierre Daulouède3, à propos d’une corrida de Miura sortie en 1983 à Lachepaillet, affirme : « Ces toros pesèrent vifs : 541, 470, 571, 648, 624 et 567 kilos, soit 573 de moyenne (chiffres déduits des poids en canal représentant environ 60 % du poids vif : 325, 282, 343, 389, 374 et 340 kilos). » Citation ô combien précieuse puisque le poids vif, comme il l’est clairement exprimé, a été évalué à partir du poids de la carcasse.
En 1955, dans La vida privada del toro, Luis Fernández Salcedo, abordant la question de l’augmentation journalière du poids du toro, écrit : « Les premiers [qui seront lidiés à Madrid] auront augmenté leur poids de 80,5 kilos en sept mois, soit une carcasse prenant 0,380 kilos par jour, ce qui équivaut à 0,638 kilos en vif avec un rendement de 60 % ».
Le règlement taurin en vigueur actuellement (Real Decreto 145/1996) indique que le poids minimum des toros à combattre dans les arènes de 3° catégorie devra être de « 410 kg à l’arrastre, ou de 258 kg, son équivalent « en canal ». » Ainsi, la carcasse constitue(rait) 62,9 % du poids vif, et un toro ayant rendu un poids « en canal » de 336 kg pesait 534 kg, contre 560 avec un pourcentage de 60. La différence n’est certes pas énorme mais elle n’est pas non plus négligeable.
Quid du controversé règlement andalou ? Bien décidé à ne rien faire comme les autres, il dit que « le poids minimum des toros sera […] de 410 kilos dans les arènes de troisième catégorie et les portatives, ou de 235 kilos, son équivalent « en canal ». » Du coup, la carcasse représente(rait) environ 57,3 % du poids vif, et un toro ayant rendu un poids « en canal » de 336 kg pesait 586 kg…
Soyons (très) pragmatiques et considérons que la « vérité » se situe probablement, sans doute, peut-être, allez savoir !, au milieu, soit à 60,1 %. Même si, personnellement, j'aurais bien coupé la poire en deux entre les 60 % de Daulouède et Salcedo et les 62,9 % du Real Decreto (61,5 %).

Située à une quarantaine de km de San Sebastián, Azpeitia est une petite ville basque (Guipúzcoa) dont les arènes classées en 3° catégorie renseignent, à l'autorité compétente de son gouvernement, le poids « en canal » des toros qui y sont lidiés.
En 2007, deux corridas, l’une de Palha (31 juillet) et l’autre d’Ana Romero (1er août), sont programmées. En appliquant le pourcentage de 60,1 %, la course de Palha, pesée à 288 kg de moyenne « en canal » (259 kg pour le plus léger contre 315 kg pour le plus lourd), rend une moyenne poids vif de 479 kg (431 kg pour le plus léger contre 524 kg pour le plus lourd). Toujours avec le même pourcentage, la course d’Ana Romero, avec une moyenne de 336 kg « en canal » (321 kg pour le plus léger contre 346 kg pour le plus lourd), affiche une moyenne poids vif de 559 kg (534 kg pour le plus léger contre 575 kg pour le plus lourd).
On le voit, en contextualisant — Palha envoyant un lot correspondant à la catégorie de la plaza, tandis qu’Ana Romero prépare et amène en terre basque sa tête de camada —, ces chiffres n’ont rien de choquant même si les Buendía peuvent apparaître un poil (sinon deux) trop lourds. Le bajito et magnifique ‘Cacerolito’ de la corrida-concours 2009 de Saragosse pesait 526 kg (323,5 kilos « en canal » avec un rendement de 61,5 %).

En juin 1933, ces coquins de Vicois annoncèrent « que les six [novillos de Moreno de la Cova] avaient fourni 1.830 kilos de viande, soit une moyenne de 305 par animal », à savoir, en appliquant toujours le pourcentage de 60,1 %, une moyenne poids vif de 507,5 kg. Après vérification, les Toulousains du Toril rectifièrent « à 275 kilos de moyenne le poids des six La Cova du 4 juin, allant, toujours à [leur] avis, de 260 le troisième à 300 le dernier. » Par conséquent, ce 4 juin 1933, le lot de novillos de Moreno de la Cova aurait pesé — j’ai bien écrit « aurait pesé » — en moyenne 457,6 kg, allant de 433 le troisième à 499 le dernier.
Ce qui, par exemple et en comparaison, correspond grosso modo aux moyennes actuelles des novilladas présentées par l’empresa Pagès à La Maestranza, qui, soit dit en passant, possède une balance assez épatante puisque les novillos, comme le stipule le règlement taurin andalou, n’y dépassent jamais la demie-tonne4 !

Dans un prochain post, plus court et moins « lourd », nous tâcherons d’examiner quelques cas aussi contradictoires que curieux. À suivre donc…

1 Si vous lisez l’expression « poids net » quelque part, entendez-la comme l’estimation du poids « en canal » d’un toro bel et bien vivant. Si cette estimation est correcte, elle sera alors, sinon égale, très proche du poids « en canal ».
2 Pour des raisons évidentes que chacun imagine aisément, il est hautement aléatoire, voire intellectuellement malhonnête, de prétendre vouloir donner le poids vif de ces animaux plus de 70 ans après leur apparition dans le ruedo vicois...
3 Pierre Daulouède, Les carnets du vétérinaire ou la corrida à l’envers, Peña Taurine Côte Basque, 1996, p. 26.
4 Le règlement taurin espagnol, lui, fixe le poids maximum des novillos lidiés dans des plazas de 1ère catégorie à 540 kilos. Cette année, le poids des novillos de Cuadri combattus à Séville étaient les suivants : 495, 497, 498, 495, 499 et 492 kilos ! Bizarre, vous avez dit bizarre ? Rappelons que, sur ce point (poids vif maximum des novillos), le règlement taurin municipal français (2007) est aligné sur celui d’Andalousie (2006)… Au Pays basque, la limite est fixée à 475 kilos ! Manquerait plus qu’une Communauté autonome place la barre à 460 kilos, une autre à 420, etc.

Images Non, ce n’est pas Céret © Campos y Ruedos Rembrandt / Le Bœuf écorché, 1655 / 94 x 69 cm © Musée du Louvre El desolladero 2, album Flickr © Toros en Burgohondo

03 octobre 2009

Campos y Ruedos blog surf trip


Vous ne pouvez pas ne pas l’avoir remarqué. Votre blog favori s’arrange, s’améliore, que dis-je, s’embellit chaque fois davantage afin de devenir plus agréable à parcourir... Tandis que la rubrique « Liens » s’enrichissait sérieusement, celle des « Libellés » grossissait, grossissait, grossissait — une surconsommation de chips et de saucisson sans doute — au point de constituer un index relativement conséquent où les noms des différents « posteurs » de Campos y Redos depuis 4 ans en côtoient une cargaison d’autres, propres ou communs, en tous genres... Disons-le tout net, avec panache et sans scrupules : « Campos y Ruedos, le blog taurin seul capable actuellement de proposer des libellés tels que "Karakalpakstan", "Neige au sud", "Jeu concours Pipi et cacahuètes", "Robert Motherwell", "Gastroentérite" ou bien encore "5 piques et +" ! »

Du côté des ganaderías, Victorino Martín, Miura et Palha composent sans surprise le tiercé gagnant... des élevages qui font parler. Du côté des plazas, Madrid se détache à l’aise1 quand Céret et Vic-Fezensac, au mépris de toute logique comptable, soufflent les 2° et 3° places à Nîmes et Arles — allez savoir pourquoi ?2 Du côté des matadors, montent sur le podium, dans l’ordre : José Tomás, Luis Francisco Esplá et César Rincón — « énnooorme ! » Le campo ? Il est principalement charro parce que proche et varié, attachant parce que rustique. Outre l’afición a los toros, citons également celles à la photographie, bien sûr, à la peinture, au flamenco, à la cuisine et au vin ou à... San Fermín ! Quant au rayon (chargé) de nos préoccupations, vous ne serez pas étonnés d’y retrouver au premier rang : l’afeitado, le tercio de varas, l’indulto, ces saloperies de fundas, etc.

Pour finir, permettez un triple et amical brindis a los tres locos de fotos de Campos y Ruedos que sont François ‘Solysombra’ Bruschet, Laurent Larrieu et Yannick Olivier — rien que de penser qu’il me faudra bientôt reprendre tous les posts des deux premiers histoire de les faire apparaître enfin dans la liste des libellés, je meurs !

1 Que Juan ‘Manon’ Pelegrín — l’Œil de Las Ventas — soit ici chaleureusement remercié de nous laisser piocher à loisir dans son extravagante photothèque.
2 « Nîchmes » et ses turpitudes où il n’a jamais été question de toros, et pour cause... Arles, terrain de jeu « préféré » de Solysombra qui brave l’ennui en y expérimentant de nouveaux cadrages et traitements.

Images SURF GUIDE © The Surf Enthusiast’s Magazine - October 1964 Pete © Shetland Islands surf trip

21 septembre 2009

La suerte o la muerte


Encore Flickr...

C’est taurin mais présenté par un photographe totalement étranger à ce monde là : Artamir.

Flickr
offre depuis peu la possibilité d’organiser ce genre d’exposition.

Artamir propose un choix de photographies taurines et parle de la tauromachie, qu’il ne connaît pas, mais qui visiblement l’attire.

Ça s’appelle La suerte o la muerte...

19 septembre 2009

Rrubenn


Si Flickr n’existait pas, c’est clair, il faudrait l’inventer. Evidemment, comme tout ce qui nous vient des nouvelles technologies, il y a du bon, et du moins bon, voire du mauvais. A nous, à vous, d’avoir l’intelligence de trier.

Je suis souvent assez étonné par le degré d’incompréhension et de mépris dont ces nouvelles technologies font l’objet chez certains. Un peu comme si on voulait interdire ou déconsidérer les grands vins sous prétexte qu’il existe par ailleurs d’infâmes piquettes. C’est comme tout. Il faut trier.

Du côté de Flickr un nouveau contact rrubenn, et ce cliché, superbe.

17 juin 2009

Bolano


Toujours via Flickr, une galerie très prometteuse, celle de Bolano, le demi-frère de Manon. Une galerie muy de Madrid… Je vous conseille en particulier la série intitulée Cien años de soledad, avec une photo de Pooooooonce, étonnante...

11 mai 2009

Julien Cros, Made in Flickr


Dans nos vies virtuelles bien remplies, Julien est un de ces nombreux photographes qui possèdent une page Flickr. Il y est Julien C.
Dans nos vraies vies, tout aussi riches n’en doutons pas, Julien a la trentaine, vit à Montpellier où il travaille, et pratique la photographie argentique.
Nous sommes voisins, et avec une probabilité infime pour que le hasard de nos vraies vies nous fasse un jour nous rencontrer.
Encore que la probabilité de le croiser un jour augmente très sérieusement si l’on prend en considération que sa belle famille est cérétane et… impliquée au sein de l’ADAC.
Voilà qui vous le rend immédiatement moins anonyme.

Et c’est donc par Flickr que notre rencontre s’est faite et que nos premiers échanges ont eu lieu. Nous rencontrerons Julien, cet été, à Céret. Pour l’heure nous échangeons par courriers électroniques.

La création du Pool Toros Negros aura été l’occasion de faire de nouvelles connaissances. Mais ce sont les photos de Julien qui ont, plus que les autres, attiré notre attention. Peut-être parce que Julien n’est pas à proprement parler un aficionado, et qu’il porte donc sur le sujet un regard purement photographique. Et le plus étonnant est d’apprendre qu’il a débuté ses prises de vue il y a seulement deux ans, avec un bridge numérique.

Julien — C’est après avoir eu en main un vieil appareil argentique rudimentaire (Zenit E) que j'ai eu envie de poursuivre avec ce genre de matériel. Aujourd'hui j'utilise principalement un Pentax spotmatic utilisant de vieux objectifs en monture à vis (je n'use que de focales fixes) et un vieux Rolleiflex pour le moyen format. J'utilise ces deux appareils avec une cellule à main (une vieille, elle aussi ). J'aime ces vieux appareils manuels car d'une part je ne risque pas de tomber en panne de batterie et d'autre part j'aime bien m'imposer des contraintes. J'ai d'autant plus de satisfaction à réussir une photo. Et il faut avouer qu'ils ont un certain charme. Je ne travaille plus du tout en numérique.

Parle-nous de ton rapport à la tauromachie.
Julien — J'ai toujours vécu sans a priori par rapport à la tauromachie, ni pour ni contre. J'ai toujours évité de juger ce que je ne connaissais pas. C'est en découvrant le travail de Michael Crouser que j'ai eu envie de m'essayer à la photo de cette discipline, et c'est à Céret l'été dernier que j'ai eu l'occasion de m'y mettre, ma belle famille étant de là-bas et impliquée à l'ADAC, j'ai pu bénéficier de bonnes conditions pour réaliser certains clichés dans les "coulisses". C'était ma première corrida, que j'ai appréciée. Depuis je m'informe et j'apprends sur le sujet. Il y a beaucoup plus à savoir que ce que je pouvais imaginer !

Vous trouverez en rubrique PHOTOGRAPHIES du site une nouvelle galerie consacrée au travail de Julien. Et pour achever cette présentation une ultime question très dans l’esprit Flickr.

Peux-tu nous faire partager quelques pages sur Flickr que tu apprécies particulièrement ?
Julien — Il y a beaucoup de photographes que j'admire. Par exemple : Pierre Belhassen, Mathieu Farcy, Stephanie..... et Tina, pour n'en citer que quelques-uns…

Et puis, évidemment, la page de Julien C. sur Flickr…

26 mars 2009

Feria del Toro par Rafael Moneo


À l’occasion du 50° anniversaire de la Feria del Toro, la Casa de Misericordia a demandé à l’architecte navarrais Rafael Moneo (Tudela 1937) de concevoir l’affiche. Ce qu’il a fait avec force élégance ; de celle qui semble émaner de sa personne et qui se dégage de ses bâtiments : Bankinter à Madrid, Kursaal à Saint-Sébastien, les Archives de Navarre dominant Santo Domingo à Pampelune, l’auditorium de Barcelone ou une toute récente bibliothèque universitaire à Bilbao.

El pálpito vital del encierro
ressemble à s’y méprendre à un cartel des San Fermín. Peut-être une manière de dire qu'en l'absence d'encierros il n’y aurait pas de corridas à Pamplona...

En plus Sur Flickr, il existe AUSSI un « pool » consacré à l’architecte espagnol...

Image Rafael Moneo dans « ses » arènes, agrandies par lui en 1967 © Sanfermin.com

Toros Negros (I)


C'est tout récent mais le pool Toros Negros compte déjà quelques socios. Ce post me permet de saluer l'arrivée du onzième membre. Il est montpelliérain ; il s'appelle Julien et maîtrise parfaitement la technique de l'inégalable argentique, encore bien vivant heureusement. Et pour l'occasion, un petit avant-goût cérétan... Superbe.

En cliquant sur la photo vous pourrez aller visiter la galerie de Julien, directement sur sa page Flickr.

Corridas

24 mars 2009

Sexy women smoking


A la base, le nom n’incite guère à la convivialité. C’est le moins que l’on puisse dire. Il s’agit d’une sorte de Facebook pour les photographes. Ce n’est pas très bien vu par de nombreux professionnels car il semblerait qu’une certaine presse, professionnelle elle aussi, vienne s’y abreuver, aussi illégalement que gratuitement. Vaste sujet... car en le creusant on se rend vite compte que le manque d’éthique et de déontologie sont souvent l’apanage de grands médias professionnels, et non des modestes amateurs.
Et puis, comme le dit Doña Pepina del Toro, cela fait partie de l’évolution des choses, et il faut bien apprendre à faire avec.
Sur Flickr donc — putain mais quel nom ! — chaque photographe est en fait totalement noyé, perdu dans l’immensité du réseau mondial. Mais des groupes se créent, par thèmes, par affinités. Evidemment on y trouve de tout, et parfois même des choses absolument remarquables. Tenez, là, je ne sais plus comment je suis tombé sur un pool (un groupe quoi, mais sur Flickr on dit pool) étonnant : Sexy women smoking. Ça ne s'invente pas. Rien de bien rare en fait, mais j'aime bien l'idée. J’avais un copain pour lequel le summum de l’érotisme consistait à voir une femme mettre ses boucles d’oreille. Ça pourrait nous faire un pool ça aussi.
Il existe également un pool tauromachique. Je n’ai pas cherché, mais il doit bien y avoir quelques protectards égarés.

Pour notre part, nous avons créé un pool Toros Negros, les toros en noir et blanc, histoire de voir ce que ça peut drainer, et s’y retrouver entre copains. Manon est déjà là, parmi nous. Comme les nouvelles technologies autorisent le meilleur, mais aussi le pire, il faudra plaire pour y être publié ! Un minimum quoi...

La photo qui illustre ce post provient évidemment de Flickr... Par ici... Une sexy woman smoking...

06 mai 2008

Rosa, la Venta, Salva... en Madrid


El año pasado, à la même époque, j’écrivais ma satisfaction de retrouver l'indocile Rosa Jiménez Cano aux commandes d’un blog... qui n’a vécu qu’un petit mois. En envoyée très spéciale, elle revient en 2008 (pour combien de temps ?) à la tête d’un tout nouveau, sobrement nommé Toros, et accessible depuis le site d’El País. Lors de la prochaine Feria de San Isidro, le regard décalé et toujours aux aguets de la journaliste sera sans doute précieux... Dernièrement, de sombres échos me sont parvenus sur un coin de la Casa de Campo ; Rosa JC les a tristement confirmés : cette année encore, officiellement pour cause de langue bleue, la Venta del Batán n’accueillera pas les lots de toros devant être combattus pour la San Isidro. Soit, mais les lieux nous sont décrits abandonnés... comme orphelins de leurs braves et placides cornus. Je vous laisse découvrir ce court post daté du 30 avril dernier et les deux commentaires qui, à ce jour, s’y réfèrent, ceux-là traduisant assez bien l’impression paradoxale que la visite de la Venta, en mai 2003, m’avait laissée. Cela dit, je mentirais si je ne reconnaissais pas le simple et grand plaisir que je pris à pouvoir observer et admirer, dans un espace champêtre, calme et propret, pour 2€40 et à 1min30 seulement d’une station de métro (Batán), en compagnie de papis avec casquettes et petits-enfants, sans entrave et sans limite de temps (ou presque) — photographiant et méditant à ma guise, suçant des glaces à deux pas de la maison du mayoral et jouissant d’une vue imprenable sur les enclos et la placita de l’école taurine voisine —, des lots de Cuadri, La Quinta, Carriquiri, Hernández Pla et j’en oublie...

Cette année-là, je fis l’acquisition, sous les arcades de Las Ventas, después del apartado, d’une photo de 'Numismático' au campo, superbe toro d’Isaías y Tulio Vázquez lidié en août 2003 par Manolo Sánchez sous la canicule venteña, photo signée Salvador Valverde dit 'Salva', aficionado madrilène et ganadero. Oui, ganadero (c’est le "blog-quiz" minimaliste de l'élevage, avare en informations mais j’ai enquêté pour vous...). Ex-président de l’Asociación El Toro de Madrid (le site ne figurant même pas en lien sur la page... Rosa y est, elle), Salva a choisi d’en intégrer une autre il y a quatre ans : la Asociación de Ganaderos de Lidia (AGL), et d’élever des toros à partir de vaches d’origine Valverde (La Corte), Cebada Gago (Núñez/Domecq), Fuente Ymbro (Domecq par Jandilla) et... Jandilla. Oui, Jandilla. Du domecq costaud quoi. Quant aux sementales, au nombre de deux et approuvés en tienta, ils portent le fer maison et sont d’origine Cebada... Du sérieux quoi, tout comme le choix des toreros invités à venir tienter entre Cáceres et Mérida : Esplá père & fils, El Cid, Luis Miguel Encabo, Javier Valverde, Rafaelillo et Luis de Pauloba, rien que ça... Actuellement, dans les corrals de Las Ventas, trois novillos sobreros de la Ganadería Salvador Valverde s’impatientent d’exhiber casta, poder y trapío ; c’est tout le mal que l’on peut leur souhaiter. Et comme à Madrid le mouchoir vert sert à autre chose qu’à s’essuyer le front, 'Arador', 'Comilón' et 'Recluido' ne devraient pas attendre très longtemps... Je tâcherai de vous tenir au courant...

Ganadería Salvador Valverde Devise : rojiblanca / Señal : hendida les deux / Finca située sur la commune d’Almoharín, à 300 km environ au sud-ouest de Madrid et à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Cáceres.

Images Le bar de la Taberna de Antonio Sánchez, rincón taurino quasi mythique, référencé partout et au sujet duquel vous lirez, sur Internet et ailleurs, tout un tas de trucs véridiques mais un peu éculés, du style : Es una de las más antiguas y castizas tabernas de Madrid... Taberna fundada en 1830 por el picador Colita... Antonio Díaz-Cañabate se sentaba a escribir Historia de una taberna en la mesa del pintor vasco Zuloaga... Un museo taurino...
Soit, mais chez moi, entre 12h30 et 13h30, j’ai faim. Eh bien, à Madrid, entre 12h30 et 13h30, aussi ! Les quelques fois où j’ai poussé la lourde porte en bois vitrée du 13 Mesón de Paredes (métro Tirso de Molina), c’était précisément dans ces eaux-là et parce que j’avais les crocs. Un accueil sans chichis façon saloon, une poignée de Madrilènes plus ou moins vieux et affables postés devant le magnifique et antédiluvien comptoir derrière lequel opère, en tenue de serveur, un garçon plus ou moins vieux ; et le jeune guiri de service qui prend ses aises sur la banquette en cuir sous la tête bienveillante (et pour cause !) de 'Fogonero', toro negro de Murube devenu algo entrepelado au fil des ans !
Una caña dès la sortie du toril, puis, para picar, 5 piques énormes 5 (queso batido, tortilla, jamón con tomate...) accompagnées d’un verre ou deux de tinto, una torrija de Antonio Sánchez au second tiers (ça paye pas de mine comme ça le pain perdu mais...), un café solo pour terminer avant une sage addition, et... l’intime conviction que 13 est bien un chiffre porte-bonheur... Antes de 14h et 21h s’entend ; passées ces heures, je ne réponds plus de rien ! Photo © Bolognesi, auteur de deux clichés (vignettes 4 & 5 de l'avant-dernière ligne) du récent et étonnant CaixaForum Madrid des architectes suisses Herzog & de Meuron, au 36 du Paseo del Prado Et lors d'une prochaine escapade madrilène, du côté de la Plaza de Santa Ana, n'oubliez pas d'aller saluer Manon...