22 juillet 2009

Lettre à Madeleine


Chère Mado,

Comme tu le sais, j'ai pas pu passer te voir cette année. J'aurais bien voulu mais la SNCF a décidé de se refaire une cerise post-crise en or massif sur le dos du juillettiste et il se trouve que San Fermín est toujours en froid avec mon banquier, depuis des années. Ceci dit, je ne t'ai pas oublié ! D'ici, le fond de mon placard glacial, j'ai regardé jours après jours où tu en étais de ta convalescence, et je me suis même soucié de ta bonne santé, tu vois. Aujourd'hui , je peux le dire : nom de Dieu de Bordel de Merde, tu pètes le feu, chère Mado, c'est admirable !
C'est fou, tout de même, tout le bien que les gens disent de toi ! C'est un Triomphe absolu, mieux... La GLOIRE, Madeleine !

Dire que j'ai pu douter un instant de ton nouveau généraliste, le beau docteur Simon, son jeune interne, avec sa cabine de premier de promo, et de sa blonde infirmière ! Là, je suis forcé de reconnaître qu'ils se sont bien occupés du bestiau. Quand on te voit, on devine un boulot de mineurs nord-coréens, là derrière ! "Une première historique dans le domaine de la chirurgie", y disent, les autres ! Rends-toi compte, l'an dernier, on te ramassait à la pelle, vieille bigote, bonne à jeter à la Midouze, et voilà qu'aujourd'hui, jolie pépète, tu rayonnes tel un enjoliveur neuf au soleil, un grille-pain chromé à 19 euros chez IKEA, une armoire pleine de casques de pompiers à toi toute seule... Tu serais presque bandante !!! Tu veux que je te dise ? Tes voisins d'en-face, les ridés en peignoirs « cul-pincés » du pavillon « Adour et fantaisie », ils ont pas fini de reluquer tes chicanes de fou ! Rien à redire, rien à jeter… C'est parfait ! Du cousu main, du travail d'orfèvre, clinquant comme il faut, un brin de « qui pète » comme on aime ! Rien à branler non plus des cicatrices et des coutures mal fignolées, tes voisins de chambrée sont très satisfaits, et se réjouissent de tant d'éclat ! Faut dire qu'à la vue du résultat, l'assistance était devenue bien enthousiaste, carrément explosive ! Tous en choeur ils se sont dressés, les types, car oui, Mado, faut bien avouer que t'es devenue « bonne », tout de même !...

Tu sais, tes gros nichons et tes lèvres en zodiaque « Bombard » ne te vont pas si mal, finalement. Tu me rappelles la « Ford Escort » du voisin, avant qu'il la casse. Disons que ça te change des bigoudis et de ta gitane « maïs » à laquelle on s'était habitués. On les aimait bien, mais là, quand même, oui ça te change ! Enfin, moi, en tous cas, j'adore ! Et puis, l'idée de remplacer ton col roulé « I love Bucarest» par des bouts de ficelle à paillettes « rose cagole » en guise de frusques, c'était plutôt astucieux, avec en plus le don inouï de jamais basculer dans le vulgos. Quelle chance ! De toutes façons, tu n'as rien à regretter, y'a pas ta taille chez "DAXON" et t'aurais à peine pu caler ton nouveau tour de poitrine au niveau de la taille de leurs tabliers à carreaux. Fallait y penser, c'était sans compter sur l'expérience du bon docteur Simon et de sa brillante équipe. Allez va, grâce à eux, cette année, la Reine du baloche, c'est toi, Mado, indétrônable !

Sois sûre que désormais, le client affolé par tant de générosité va se presser au portillon, et tu n'en as pas fini avec les prétendants de tous poils qui s'imagineraient que tu es devenue un peu fastoche... Gaffe tout de même aux mains au cul, jours de grande affluence... faudrait pas non plus qu'on te prenne pour une pute.

Chère Madeleine, je t'embrasse...

El Batacazo