Je n’avais pas spécialement l’intention d’en parler un jour, même après la « publicité » aussi gratuite qu’inespérée de notre « vieil agité du Boucal »... Mais quand j’ai lu, sur le site de La Cabaña Brava1 (eh oui), un article au titre surréaliste — Aignan, el milagro taurino de la Pascua francesa — dans lequel il est écrit que « là-bas », au fin fond du Gers, on milite « en faveur d’un spectacle taurin intègre et juste » en pariant sur « la lidia d’un toro intègre et encasté », j’ai bien cru m’étrangler. De deux choses l’une : soit les mœurs en vigueur « là-bas » ont changé ; soit La Cabaña Brava se contente avec force légèreté de reproduire tel quel les communiqués de presse par trop satisfaits des organisateurs...
Nous sommes le dimanche 31 mars 2002 et, malgré de gros doutes (si, si), nous voilà, mon beau-père et moi, en partance pour « là-bas » que je ne connaissais pas et où je décidai de le ramener dans une arène après de longues années d’abstinence. Pour ma défense, le choix autour de Pâques et de Toulouse était on ne peut plus restreint et, à l’instar de celui de José Escolar Gil, le nom de Juan Luis Fraile2 pouvait tenter l’aficionado...
Bon, allez je vous la fais courte ! Nous eûmes droit à un pénible et honteux défilé de bêtes au rabais sans allure ni race, moribondes, allant de la bestiole pas très nette au bœuf clairement aféité, en passant par l’animalcule muy gacho ou l’éléphant échappé du zoo !3 Bref, un lot de fond de tiroir qui faisait assurément peine à voir mais qui n’offensa pas grand monde, et c’est un euphémisme. Manifestant mon mécontentement de bout en bout de cette tarde cauchemardesque, j’en fus quitte pour affronter les classiques, lâches et faussement éclairés : « Allons, on n’est pas à Madrid ! » Comme si le fait que « là-bas » soit un pueblo puisse excuser une course grossièrement trafiquée ; comme si...
Très cher beau-père, après « ça », si l’on te demande si ce jour-là tu as vu une corrida, tu répondras que non. Et depuis « là-haut », pardonne-moi encore, veux-tu ?
1 Et dans une moindre mesure sur Toro, torero y afición. Il serait grand temps que nos voisins, notamment ceux se targuant d’appartenir à l’afición dite sérieuse, s’informent un tant soit peu et arrêtent d’idéaliser tout, ou à peu près tout ce qui se déroule par chez nous.
2 Élevage dirigé par Carolina Fraile depuis le décès (1999) de Juan Luis père qui, depuis « là-haut », dut lui passer un sacré savon.
3 Photos disponibles sur simple demande : contact@camposyruedos.com.
Image Bart © Blog de los Simpson