"Beurk !"
C'est le seul mot qui me vient à la bouche là tout de suite. Certains diront "jamais deux sans trois", je leur tournerai le dos. Oui, en trois ans, la plaza de Morón de la Frontera a connu et fait subir à ceux qui veulent encore croire qu'existent des taureaux de combat (j'insiste sur les deux derniers termes) trois indultos. En 2004, l'immense muleta du Finito a ramené au toril un Núñez del Cuvillo. En 2005, c'est un Luis Algarra qui eut le déshonneur de rentrer au campo, toujours "grâce" aux plis de la nappe du Cordouan.
Cette année, cet après-midi, c'est El Juli qui a montré le chemin du retour à un juanpedro. 'Odioso', c'était son nom. Et encore un ! Commentaire du site http://www.burladero.es/ : "Un picotazo simbólico". Commentaire du site des Domecq, l'inénarrable nullité qu'est Mundo... (je n'ose pas associé le second mot) : "Un bravo animal de Juan Pedro Domecq, con gran clase y calidad al que el torero ha cuajado un auténtico faenón."
Vous me direz, tout cela s'est déroulé à Morón de la Frontera, un pueblo perdu de la péninsule, une chose sans importance sur la planète toro. Certes, certes. Cependant, vu l'élevage, on va encore en parler et faire de la publicité à cet imbécile d'indulto moderne qui, sous couvert de lutter contre les arguments anti-taurins, pollue l'idée que l'on peut se faire de ce qu'est un toro brave.
Peut-être même que Juan Pedro Domecq Solís aura l'honneur de recevoir chez lui l'équipe de "Face au toril", ça fera de la concurrence à l'autre Domecq, Fernando de Zalduendo, le Monsieur indulto du XXIème siècle, celui qui voudrait que chaque "lot de vaches fut couvert par un semental grâcié dans l'arène..." Oui, Messieurs de "Face au Toril", courez vite chez Juan Pedro Domecq Solís, peut-être que lui aussi a plein de paroles géniales à sortir sur l'indulto et peut-être que lui aussi entame cette année un "record", puisqu'il n'y a plus que ce genre de chiffres qui semblent intéresser l'afición. Et puis, et puis, comme à Murcia avec les Zalduendo, j'imagine bien qu'à Morón cette grâce faisait "l'unanimité dans le callejón", ce qui a toujours été un gage de reconnaissance et de qualité, c'est bien connu. Il s'intitulait comment déjà votre reportage, "La question de la grâce" ? Excusez-moi, j'avais naïvement cru qu'il s'agirait d'une mise en perspective des abus de l'indulto, une sorte de réflexion... Ne m'en veuillez pas pour ma naïveté, épargnez-moi s'il vous plaît.
"Beurk !"