05 février 2007

"En rang deux par deux... et écoutez-moi !" Samadet 2007


On connaît tous ça, la rentrée des classes. Une impatience nonchalante. On a hâte d’y être mais on sait qu’après ça, la machine est lancée, implacable. Et puis c’est bien la rentrée des classes, on revoit tous les potes, les amis. Il y a tout le monde ou presque avant la sonnerie. On sourit, on se parle, on est content. Mais ne nous mentons pas, il y a aussi tous les autres, ceux qu’on regarde de biais, en noir exclusivement, et que l'on retrouve pourtant dans la classe. C’est inévitable, malheureusement, mais ils sont là, plus nombreux que les copains, bruyants, paradants, ridicules se dit-on. C’est inévitable. Une année de plus à supporter leurs tronches boutonneuses, leurs sourires d’iguanes. C’est ça aussi la rentrée des classes, la lutte qui renaît.
Et puis c’est cool la rentrée des classes, c’est le jour le plus détendu de l’année. Ça ressemble à un cours mais ça n’en est pas un. On sait déjà que ça sera du light pour la journée, on tâte le terrain, eux sur l’estrade, nous sur le bois de chaises dures se souvient-on soudain. On y va tous mollo, pas la peine de speeder. La rentrée des classes, ça dit ce que sera l’année, en deux minutes on sait, douce, bordélique, laborieuse qui sait… Mais souvent, ne nous leurrons pas, elles se ressemblent toutes les années et les résolutions de l’aube meurent bien avant que d’entrapercevoir les traits du crépuscule. On connaît tous ça, pas vrai ?

Mais, finalement, finalement, ça a du bon de venir rêver que tout sera mieux cette année, que j’ai pas mis mon nouveau jean pour rien, que ce vieux monsieur avec son béret noir a les yeux qui pétillent aujourd’hui, que Samadet est différente.
Rien ne fut différent, en deux minutes on savait, comme avant, comme l’année passée. Des novillos avec des tronches de CM2, la robe touffue et un passage chez l’esthéticienne pour l’ultime (frontal de Jackson Five). Il leur manquait une herbe et même un pré entier (marqués du 5). Remarquez, on a vu pire, avouons-le. Du moteur à leur sortie, des remates sonnants contre les planches, de l’entrega certaine pour courrir vers la cuadra de la famille Heyral et une propension à bien obéir aux ordres au dernier tiers. Des choses nobles en somme, pas tellement puissantes voire faibles pour certaines (le 6 permanenté). Des novillos d’aujourd’hui, pas nuls, pas d’incurables cancres mais tout simplement un ventre mou de la chose brave. Un truc moyen élevé au rang de bien. Quelques-uns poussèrent les chevaux, il faut le reconnaître et le 4 negro y revint même de loin et avec envie. Soulignons-le, c’est devenu tellement rare que des spectateurs demandèrent une vuelta qui fut étrangement refusée par un président pourtant au sommet du grotesque toute l’après-midi. Ce refus fut sa seule décision valable mais je le soupçonne d’avoir cependant hésité à accepter…

Les novilleros furent des novilleros d’aujourd’hui donc d’hier, comme avant, comme l’année passée. On peut se demander si leur cachet leur est octroyé en fonction du nombre de passes données. Ça permettrait de comprendre beaucoup de choses. Seul El Santo montra une envie de novillero. Seul. Les autres se regardèrent tourner autour des novillos qui visitèrent ainsi et à leur guise l’entière superficie du ruedo. C’était "joli" comme ballet remarquez.
Tout repart comme hier, comme l’année passée. Une rentrée de plus, avec les potes… et les autres qu’on regarde de biais : « T’vas voir ta gueule à la récré » comme disait l’autre. Mais déjà les profs grognent, "donnez-vous tous la main pour rentrer en classe... et écoutez-moi !"