La montre à mon poignet indique 8 heures 20. Nous avons quelques minutes d’avance à notre rendez-vous avec don Miguel Hernández Zaballos, celui des quatre fils de don Felipe Hernández San Román et de doña María Luisa Zaballos qui voici quelques années prit la succession de son père à la tête de la ganadería de bravos.
Après un tour de reconnaissance dans le minuscule village à l’entrée de la finca, nous profitons de ces quelques instants pour tenter d’approcher le bétail aperçu un peu plus tôt en bord de route. Quelques doutes nous assaillent sur le lieu prévu pour notre rencontre, mais nos sources sont formelles : nous y sommes.
Dans la pénombre du lever du jour, le soleil peine à passer au travers des nuages lourds de pluie ; quelques novillos laissent pointer le bout de leurs cornes au dessus du mur de pierres qui délimite l’un des cercados, et un regard courroucé, puis vite lassé, nous juge en un instant. Ce sont bien eux, les antiques saltillos ! Nous dégainons immédiatement nos appareils photos pour saisir ce moment, mais tandis que l’autofocus déraille et que l’objectif tente désespérément de faire entrer un peu de lumière dans le boîtier en se faufilant entre les gouttes de pluie, grosses comme des larmes d’enfant*, nous en venons à ce triste constat : il nous sera difficile d’immortaliser dans leur milieu naturel ces animaux dont le destin se jouera, dans quelques mois, de notre côté des Pyrénées.
Décidément, le temps (dans tous les sens du terme) joue contre nous. Nous n’avons en effet que quelques heures à passer en compagnie de notre hôte et de ses pupilles avant de reprendre la route vers la France. Nous avons sans doute fait tomber ce dernier du lit en lui demandant de nous recevoir à 8h30… mais en fin de matinée, la mort dans l’âme, nous devrons emprunter le chemin du retour.
Après un tour de reconnaissance dans le minuscule village à l’entrée de la finca, nous profitons de ces quelques instants pour tenter d’approcher le bétail aperçu un peu plus tôt en bord de route. Quelques doutes nous assaillent sur le lieu prévu pour notre rencontre, mais nos sources sont formelles : nous y sommes.
Dans la pénombre du lever du jour, le soleil peine à passer au travers des nuages lourds de pluie ; quelques novillos laissent pointer le bout de leurs cornes au dessus du mur de pierres qui délimite l’un des cercados, et un regard courroucé, puis vite lassé, nous juge en un instant. Ce sont bien eux, les antiques saltillos ! Nous dégainons immédiatement nos appareils photos pour saisir ce moment, mais tandis que l’autofocus déraille et que l’objectif tente désespérément de faire entrer un peu de lumière dans le boîtier en se faufilant entre les gouttes de pluie, grosses comme des larmes d’enfant*, nous en venons à ce triste constat : il nous sera difficile d’immortaliser dans leur milieu naturel ces animaux dont le destin se jouera, dans quelques mois, de notre côté des Pyrénées.
Décidément, le temps (dans tous les sens du terme) joue contre nous. Nous n’avons en effet que quelques heures à passer en compagnie de notre hôte et de ses pupilles avant de reprendre la route vers la France. Nous avons sans doute fait tomber ce dernier du lit en lui demandant de nous recevoir à 8h30… mais en fin de matinée, la mort dans l’âme, nous devrons emprunter le chemin du retour.
8 heures 30, retour au pueblo inspecté un peu plus tôt, et oh ! surprise, le ganadero déboule pile-poil à l’heure dans son 4x4 rutilant. Plus accoutumé à l’Andalousie qu’au campo charro, cette ponctualité, tout au long de notre séjour, n’a pas laissé de me surprendre. Eh bien oui, qu’on se le dise, les éleveurs charros sont ponctuels (du moins à en juger par notre expérience).
L’homme est jeune, avenant, et ne perd pas une minute avant de nous entraîner avec lui dans les différents cercados de l’élevage que nous visitons tour à tour.
Nous commençons notre visite par la reconnaissance des novillos reseñados pour Céret. Dès les premières bêtes aperçues, la parenté directe avec l’encaste Saltillo, si rare (voire inédite) à l’état pur dans les environs, est évidente. La similitude avec les bichos combattus au début du siècle dernier, admirés sur des reproductions de photographies vieillies par le temps, est frappante.
L’entrée de la famille Zaballos dans le monde des ganaderos de taureaux de combat date de 1963, quand Miguel Zaballos Casado, alors éleveur salmantino de bétail morucho (sur lequel nous reviendrons), acquiert une partie de l’élevage de don Esteban Hernández Pla. C’est donc avec un troupeau aux origines très variées (Pinohermoso, Albaserrada, Parladé par Gamero Cívico, Santa Coloma et Vicente Martínez – que le dernier ferme la porte) que l’aïeul débute l’élevage de braves.
Mais Miguel Zaballos élimine assez vite son troupeau pour le remplacer par des vaches et sementales de pure origine Saltillo qu’il achète auprès du frère du célèbre Graciliano Pérez-Tabernero. Après quelques spectacles aux ambitions modestes, la présentation à Madrid a finalement lieu un soir de juillet 1967, avec cinq novillos qui seront combattus par autant de novilleros qui eux aussi débutaient à Las Ventas. Aucun desdits toreros ne passera à la postérité ; on retiendra seulement que parmi ces jeunes coletudos figurait un certain Bernard Domb, plus connu sous l’apodo de Simon Casas, et qui entendra ce soir-là deux avis.
La visite se poursuit dans le cercado des vaches où, comme dans celui des novillos, il est intéressant d’embrasser d’un seul regard les bêtes des deux origines différentes que le ganadero élève de façon strictement séparée. En effet, en 1990, l’élevage s’enrichit de vaches et reproducteurs de Clairac (origine Gamero Cívico), et aujourd’hui encore on peut admirer en même temps et ainsi comparer les bêtes saltilleras et parladeñas. Nous comprenons toutefois que cette tentative de diversification n’a pas procuré les résultats escomptés, et que cette ligne, porteuse d’un sang historique et en danger (nous y reviendrons également), est aujourd’hui menacée. Afin de ne pas froisser les âmes sensibles, je préfère taire l’identité du macho avec lequel les vaches Clairac convolent désormais…
Au moment où la lumière parvient enfin à percer à travers les encinas encore gorgées d’eau, alors que notre visite du cercado des erales s’achève, il nous faut quitter à regret notre amphitryon.L’homme est jeune, avenant, et ne perd pas une minute avant de nous entraîner avec lui dans les différents cercados de l’élevage que nous visitons tour à tour.
Nous commençons notre visite par la reconnaissance des novillos reseñados pour Céret. Dès les premières bêtes aperçues, la parenté directe avec l’encaste Saltillo, si rare (voire inédite) à l’état pur dans les environs, est évidente. La similitude avec les bichos combattus au début du siècle dernier, admirés sur des reproductions de photographies vieillies par le temps, est frappante.
L’entrée de la famille Zaballos dans le monde des ganaderos de taureaux de combat date de 1963, quand Miguel Zaballos Casado, alors éleveur salmantino de bétail morucho (sur lequel nous reviendrons), acquiert une partie de l’élevage de don Esteban Hernández Pla. C’est donc avec un troupeau aux origines très variées (Pinohermoso, Albaserrada, Parladé par Gamero Cívico, Santa Coloma et Vicente Martínez – que le dernier ferme la porte) que l’aïeul débute l’élevage de braves.
Mais Miguel Zaballos élimine assez vite son troupeau pour le remplacer par des vaches et sementales de pure origine Saltillo qu’il achète auprès du frère du célèbre Graciliano Pérez-Tabernero. Après quelques spectacles aux ambitions modestes, la présentation à Madrid a finalement lieu un soir de juillet 1967, avec cinq novillos qui seront combattus par autant de novilleros qui eux aussi débutaient à Las Ventas. Aucun desdits toreros ne passera à la postérité ; on retiendra seulement que parmi ces jeunes coletudos figurait un certain Bernard Domb, plus connu sous l’apodo de Simon Casas, et qui entendra ce soir-là deux avis.
La visite se poursuit dans le cercado des vaches où, comme dans celui des novillos, il est intéressant d’embrasser d’un seul regard les bêtes des deux origines différentes que le ganadero élève de façon strictement séparée. En effet, en 1990, l’élevage s’enrichit de vaches et reproducteurs de Clairac (origine Gamero Cívico), et aujourd’hui encore on peut admirer en même temps et ainsi comparer les bêtes saltilleras et parladeñas. Nous comprenons toutefois que cette tentative de diversification n’a pas procuré les résultats escomptés, et que cette ligne, porteuse d’un sang historique et en danger (nous y reviendrons également), est aujourd’hui menacée. Afin de ne pas froisser les âmes sensibles, je préfère taire l’identité du macho avec lequel les vaches Clairac convolent désormais…
Pour nous donner du cœur, nous nous sommes consolés à la pensée qu’un autre rendez-vous avec les novillos de Zaballos nous attend, dans le ruedo cérétan ; l’un de leurs aînés étrenna la devise en terres gersoises lors de la dernière saison, et fut le seul à fouler de ses sabots le sable des arènes françaises en 2006.
Vous pourrez admirer les novillos de Céret 2007 avec nous en consultant la rubrique "Campos" du site dans les prochains jours.
Après les fameux patasblancas, ce sera au tour des antiques saltillos de Miguel Hernández Zaballos de se laisser deviner dans les galeries de Camposyruedos.
Bonne visite.
* Après Laurent, je profite à mon tour de l’occasion qui m’est ici donnée de renouveler nos appels envers notre cher patron (Solysombra, puisqu’il faut bien le nommer), afin que celui-ci ne laisse pas le budget qui nous est alloué trahir notre bonne volonté. Comment, en effet, travailler dans de bonnes conditions avec un matériel d’aussi piètre qualité ? Je ferai quelques emplettes en vue de nos prochains reportages, et ne manquerai pas, cher Solysombra, de te faire parvenir les factures correspondantes.