C'est très curieux. Les amoureux des Saltillo de Moreno de Silva passent généralement pour des ultras, des talibans, des aficionados troglodytes.
Oui, c'est cela... nous sommes des troglodytes, nous qui aimons cet élevage pour sa variété, sa caste vive, sa mansedumbre, parfois, et au-delà de tout son immense personnalité.
Oui, c'est cela... nous sommes des troglodytes, nous qui aimons cet élevage pour sa variété, sa caste vive, sa mansedumbre, parfois, et au-delà de tout son immense personnalité.
J'ai même écouté le samedi de la féria de Céret, sous les arcades, un aficionado nîmois, très très nîmois, nous dire que Céret est une perte de temps tauromachique, un non-sens tauromachique. Céret ne présente à ses yeux pas le moindre intérêt.
Le très Nîmois n’était là que de passage pour aller voir à Barcelone des Garcigrande se faire couper les oreilles par trois du G10... Quand on y pense...
Bon, passons... et revenons à nos moutons, ou plutôt à nos Moreno de Silva. Habituellement les amateurs du genre passent donc pour des troglodytes, des rustres.
Allez savoir pourquoi mais il aura suffit que l’ADAC programme cet élevage pour troglodytes pour que Moreno de Silva redevienne, chez certains, respectable. Illusions.
Et pourtant elle nous a déçu cette course. Les novillos de Moreno de Silva lidiés à Céret ont déçu les troglodytes. Il faut dire qu’ils avaient perdu en mobilité et en piquant ce qu’ils avaient gagné en volume. Ils firent illusion au cheval, mais pas longtemps. Et ensuite rien, mais vraiment rien.
Une des caractéristiques des toros de Moreno de Silva est leur mobilité, leur allant plus que leur dangerosité, d’ailleurs.
Et c’est cette mobilité — ils me font parfois penser à des mobylettes — qui fut, l'an passé à Madrid à l’origine des trois avis qui firent tant parler. Mais avec cette nuance, vite gommée par certains, que mobilité ne rime pas avec dangerosité.
Les deux fois trois avis madrilènes furent en fait le résultat d’une chaîne d’incompétences et non d’une supposée et très exagérée dangerosité.
À Céret, rien de tout cela. Du volume, des cornes, mais aucun allant après les piques, en conséquence de quoi les troglodytes se sont ennuyés.
À Millas, dimanche dernier, sans atteindre les sommets de ce que nous avons vu à Madrid ou à Carcassonne, les Moreno de Silva ont renoué avec leurs caractéristiques maison : caste, mobilité, diversité et même noblesse.
Les troglodytes ont quitté les arènes de Millas contents.
La course fut d’un trapío très desigual, de desecho même, mais dans une telle portative il n’y a là rien que de très logique.
Et si une paire de novillos fut très en deçà du niveau espéré, trois au moins exprimèrent enfin ce que l’on attend de cet élevage. Sans doute leur aura-t-il manqué un poil de puissance — manque vite gommé par leur caste — et d’une lidia adéquate pour que nous profitions pleinement du spectacle. Sans doute aura-t-il manqué également un novillo d’exception tel que le fut 'Diano'.
Les troglodytes continueront de suivre les Moreno de Silva... ¡Cómo no!
>>> Vous trouverez en rubrique RUEDOS du site Camposyruedos.com une galerie consacrée aux novilladas de Céret (oui, nous sommes un peu à la bourre... Désolé Monsieur Roigt !) et de Millas.
Photographie © José 'JotaC' Angulo
Photographie © José 'JotaC' Angulo