13 mars 2011

¿Coquilla en Madrid?


Au cœur de l'hiver, je lisais sur un blog :
— que quelque chose était en train de changer à Las Ventas ;
Il faudrait être à Madrid pour pouvoir en juger. Ceci dit, l'empresa Taurodelta, dirigée par José Antonio Martínez Uranga et son fils, a souhaité ouvrir la temporada (sa dernière ?), ce 13 mars 2011, par une novillada de La Dehesilla... Pour Taurodelta, hip ! hip ! hourra !
— que l'empresa de Madrid, au fait de l'actualité, aurait été sensible au sort peu enviable réservé à certains encastes, et notamment à la ligne Coquilla de Santa Coloma ;
C'est si beau et touchant que l'on en aurait presque la larme à l'œil — il n'est pas inutile de rappeler que la Comunidad de Madrid publiera dans l'année son nouvel appel d'offres pour l'adjudication de Las Ventas en 2012...
A ma connaissance, le dernier Coquilla lidié à Madrid fut un novillo de Coquilla de Sánchez-Arjona sorti comme sobrero le... 17 avril 2005 !
— qu'elle serait donc prête à programmer des novilladas de Coquilla de Sánchez-Arjona et de Sánchez-Fabrés, mais « le trapío limité » (sic) des Coquilla, vu la rigueur des vétérinaires, ...
S'il existe une raison pour expliquer la non présence des Coquilla dans le ruedo madrilène, celle-ci n'est sans doute pas à chercher du côté de leur « trapío limité »1. Un Coquilla, c'est musclé et « caillé », en un mot : sérieux. Question kilos, tâchons de garder à l'esprit : 1) que la question du poids des toros n'est qu'une tarte à la crème dont se repaît le mundillo en attribuant à une frange ultraréduite de l'Afición, pour mieux la discréditer, l'opinion qu'un toro digne de Madrid doit peser plus d'un certain poids quel que soit son encaste ; 2) que le poids minimum d'un toro dans une arène de 1re catégorie, fixé réglementairement à 460 kg, ne constitue en aucune manière un obstacle, et, 3) qu'il n'est pas rare que deux toros d'un même élevage, de même encaste, ayant le même âge et appartenant au même lot (de Madrid) affichent des poids avec un écart de près de cent kilos — ces deux toros pouvant être tous les deux con trapío, ou sans, le plus léger avec et l'autre sans, et inversement.
Concernant l'encornure, admirer à Las Ventas un Coquilla, a fortiori novillo, encorné tels que le sont ceux « en type » présents sur la photo ouvrant ce post ne saurait donner matière à polémique. Réclamer davantage de variété d'encastes au campo et dans les ruedos tout en exigeant d'un Coquilla qu'il soit « taillé » comme un Atanasio et armé comme un La Corte n'a aucun sens. En choisissant les exemplaires les mieux présentés dans un élevage donné, sans perdre de vue le type de toro voulu par l'éleveur (plus encore que le type de l'encaste), tous les élevages, absolument tous, devraient avoir l'opportunité de combattre à Madrid.

... permettrait seulement de proposer une course composée de trois exemplaires de chacun desdits élevages, et
De même qu'une corrida concours — songer que l'empresa madrilène n'est pas fichue d'en prévoir une sur les 70 dates composant sa temporada ! —, certaines courses nécessitent un soin tout particulier dans leur préparation, voire une certaine... mansuétude ? Cela va sans dire mais un élevage Coquilla ne ressemble en rien à une usine à toros où le qualificatif « extensif » ne concerne plus guère que le nombre de têtes de la camada... Que penser d'une formule bâtarde « 3 et 3 » en lieu et place d'une course complète, sinon qu'elle agace l'aficionado attaché à la notion de « lot » (3 novillos ne constituant qu'un demi-lot) ; qu'elle ne rime pas à grand-chose sur un plan strictement taurin (Sánchez-Fabrés ayant rafraîchi ses Coquilla avec du Buendía dans l'intention, si je ne m'abuse, de les faire accepter un jour par les grandes arènes...), et qu'elle marginalise un peu plus un encaste qui n'en a nul besoin — viendrait-il seulement à l'idée de Taurodelta de programmer « 3 Domecq et 3 Núñez/Domecq »2 ?
— que Taurodelta, soucieuse de ne pas torpiller son initiative et de devancer les critiques de l'Afición — si j'ai bien compris —, aurait dépêché sur place les vétérinaires venteños afin d'approuver les novillos préparés par les éleveurs.
Les vétérinaires se seraient déplacés dans les élevages histoire d'éviter tout voyage inutile aux animaux — embarquer un lot pour Las Ventas, qui le renvoie chez lui sans autre forme de procès —, ainsi que tout refus intempestif de leur part lors des reconocimientos. Ne soyons pas de mauvaise foi et admettons que l'inspection préalable des vétérinaires participe de ce soin particulier que j'évoquais dans le paragraphe précédent. A moins qu'elle ait tout simplement été exigée, comme l'affirme l'auteur du post, par l'éleveur Juan Sánchez-Fabrés...
Ce déplacement exceptionnel aurait également eu pour objectif de désamorcer une éventuellle critique de la part des soi-disant fervents du novillo-toro ou du toro-éléphant qui, le jour des Coquilla, devraient selon toute vraisemblance représenter peu ou prou une demi-louche du cinquième d'arène majoritairement occupé par des touristes japonais. Pas de quoi, franchement, vraiment pas de quoi empêcher José Antonio Martínez Uranga et son fils de dormir paisiblement sur leurs deux oreilles.

1 Pour ma part, un toro est con trapío ou sin trapío, point. Quand un toro en est démuni, je ne le précise pas ; j'écris autre chose.
2 A titre d'exemple, en 2007, ces deux encastes — sur la vingtaine que compte la cabaña brava — réunissaient 50 % des bêtes combattues à Las Ventas.

Images Superbes novillos de Coquilla de Sánchez-Arjona (mars 2008) © Laurent Larrieu Superbe semental de © Mariano Cifuentes Superbes vache et becerro de La Interrogación © Laurent Larrieu