22 juin 2010

Demain, l'été...


18h. José Ignacio Uceda Leal est vêtu sans or, violet rance et argent. La faute de mauvais goût traverse le ruedo portée par une nonchalance où se cherchent les genoux qui rendent fragile l'édifice, aussi fragile que le sera dans quelques minutes sa tauromachie.
18h18. José Ignacio Uceda Leal est décoiffé. Le boucher entame son oeuvre, le toro est saigné dans le patio.
18h23. Sort 'Peluquito'. Noir, légèrement bizco. L'extrémité de sa corne droite est blanche à l'extérieur, noire à l'intérieur. De la difficulté d'ôter les fundas ?
18h43. Javier Valverde a la gorge sèche. Les hurlements initiés par chaque mouvement de son bras (le droit le plus souvent) y sont pour quelque chose. Les toros ont les oreilles sales mais ils ne sont pas sourds.
18h45. Javier Valverde est réhydraté. Il se mouche.
18h46. Un cheval hennit dans le patio. Chez les chevaux, l'ennui pousse à hennir.
18h50. Chouette ! Mehdi vient de couper une oreille à... Istres ! Notre voisine vient de recevoir la bonne nouvelle sur son "mobil". Elle s'empresse de le hulluler à des amis quelques rangs plus haut. La mine béate, la voisine.
19h05. Julien Miletto est affûté. Son jeu de jambes ne trompe pas. Le toro d'Ibán n'arrive plus à le suivre dans ses redondos de secours. L'entraînement paye.
19h08. José Ignacio Uceda Leal souffle, recoiffé. Il doit tuer un autre toro.
19h25. José Ignacio Uceda Leal est décoiffé. Un ballon gonflable monte dans le ciel lourd au rythme des sons de la fête foraine. Javier Valverde grimace, certainement inquiet du devenir de ses cordes vocales.
19h30. 'Clavillero' ne saque pas les chevaux. Valverde ne saque pas le tercio de varas. Les peones ne saquent pas 'Clavillero'. Les chevaux ne saquent pas les batacazos. La boucle est bouclée mais au jeu du bluff, un cheval perd toujours le premier. Tapis, impair et passe ! 'Clavillero' l'a vraiment amère et relance fixement un second coup, tout seul, abandonné par une cuadrilla qui ne veut plus jouer.
19h32. Un nuage plus brun que les autres joue des coudes et fait sa place. En signe de dialogue, comme un geste diplomatique, le président, un Vicois, sort un mouchoir blanc. Peine perdue. Le nuage ne veut rien entendre mais le tiers est changé alors que Gallito ne demandait qu'à remiser, juste pour voir.
19h37. Pas de nouvelles de Mehdi. Portable muet.
19h40. Javier Valverde. Quoi ? Qu'est-ce que tu dis ? Parle plus fort !
19h50. Fort marri d'avoir échoué lors de sa première tentative de dissipation des tensions météorologiques, le président, un Vicois, ressort le mouchoir blanc. Changement de tiers. Deux tiers de banderilles.

19h55. Julien Miletto pète la forme. Il a envie, le montre et porte sur le public d'autant plus que le toro ('Santanero') a de la caste. Le jeu de jambes est parfaitement réglé, heureusement.
19h58. Après une troisième entrée a matar, le président, un Vicois, décidement tenace dans sa démarche de héraut du temps clément, fait tomber une dernière fois le mouchoir blanc. La pluie, elle, ne tombera pas, l'oreille, oui (?).
20h00. Sans nouvelles de Mehdi.

La météo s'annonce meilleure pour la semaine. Demain, l'été...

>>> Retrouvez une galerie de la corrida de Baltasar Ibán d'Aire-sur-l'Adour dans la rubrique RUEDOS, sur le site www.camposyruedos.com.

Photographies Arrastre et 'Clavillero' au cheval © Laurent Larrieu / Camposyruedos.com