José Escobar n’est pas Dieu. Dieu s’écrit-il d’ailleurs avec une majuscule ? José Escobar n’est pas non plus de Cali et Cali prend une majuscule. José Escobar n’est pas Dieu, donc. A l’observer avec attention, l’éventualité qu’il fut Dieu ne revêt absolument aucun sens. A le voir approcher dans les horizons impressionnistes de "Comeuñas", un simple coup d’œil permet de comprendre sans difficulté que José Escobar a bien autre chose à faire qu’être Dieu.
Pour autant, si l’on en croit le notaire, Dieu aurait, en son temps, couché sur la pierre blanche et rugueuse de son Testament une note fort discrète mentionnant qu’il créa l’homme à son image, un mercredi peut-être. De fait, José Escobar n’est pas Dieu mais s’en approche tout de même et même plus que toi qui ne fumes pas de havanes. Car lui, José Escobar, est un fumeur de havanes. Et Dieu aussi, tout le monde le sait depuis qu’un Russe au cigare en forme de chou, clopeur de gitanes, le fredonna aux oreilles d’une évasive belle de jour. José Escobar n’est pas Dieu. Sans se ronger les ongles pour si peu, il a autre chose à faire, en fumant un havane. Et chaque matin que Dieu fait après avoir fumé "même la nuit"*, José Escobar se dit que si "la fumée envoie au paradis", ça fait bien longtemps qu’il y est, lui, au jardin des délices. C’est son paradis, son monde à ciel ouvert, son œuvre d’art majeur. Dans les premières volutes qui s’évadent au son du jour qui naît, José Escobar contemple ses créations "aux courbes souveraines", "pleines pleines"**, noires noires, inquiètes et sombres, lourdes de peurs et de guerres. Les toros de Cuadri, son paradis, en fumant un havane. Derrière lui, dans un nuage de poussière qui vole en fumée jaune, chevauchent les disciples qui fument le havane et guident les Cuadri dans l’horizon frontière d’un Eden de fumeurs. Tous fument le cigare et tous sont vaqueros.
Dans les salons camperos de "Comeuñas", José Escobar rallume son havane. Les autres observent les souvenirs des Cuadri d'antan accrochés aux murs blancs assombris, les 'Sacristán', 'Clavellino' et autres fleurs de paradis. José Escobar fume son havane dans un coin de pénombre. Au-dessus de lui, à sa droite, comme en reflet, comme en écho, une photographie le montre au centre du monde, chapeau levé vers un public debout mais à genoux. Las Ventas, Cuadri. Sur la photographie, on ne distingue pas le havane. Du centre du monde au paradis, son paradis, il n'y a qu'un souffle, qu'une expiration grise de fumée de havane...
¡Aquí se puede fumar!
* A écouter encore et toujours : "Dieu fumeur de havanes", Serge Gainsbourg.
** De même : "Volutes", Alain Bashung.
>>> Retrouvez la galerie consacrée aux toros de Cuadri sur le site à la rubrique CAMPOS.
Photographies José Escobar et les vaqueros de "Comeuñas" et un toro de Cuadri © François Bruschet/Camposyruedos.com
* A écouter encore et toujours : "Dieu fumeur de havanes", Serge Gainsbourg.
** De même : "Volutes", Alain Bashung.
>>> Retrouvez la galerie consacrée aux toros de Cuadri sur le site à la rubrique CAMPOS.
Photographies José Escobar et les vaqueros de "Comeuñas" et un toro de Cuadri © François Bruschet/Camposyruedos.com