16 janvier 2008

La toilette (intime) des toros : un sujet délicat...


À la rubrique "cornes"1 des "faits d’hiver", on re-parle des magouilles de l’une des plazas les plus cupides du cosmos taurin gérée par l’ineffable Bernard Domb dit "Mr Burns" (merci Javier), et de la peu ragoûtante tambouille de quelques "ganaduros" bricolos. Je vous invite à quitter de ce pas la cuisine et le garage pour nous rendre dans la salle de bains ; voici donc un petit extrait (pardon pour la traduction) du chapitre "Soins corporels" de Comportamiento del toro de lidia. En el campo, en el ruedo2 de l’universitaire navarrais Antonio Purroy Unanua :
« Les toros de lidia ont pour habitude de fouiller le sol avec les cornes et de les frotter contre l’écorce des arbres, des murs de clôture, des rochers, avec l’intention d’en éliminer les résidus épithéliaux cornés situés sur toute leur longueur, et plus spécialement à la base. Comme s’ils entendaient conserver leurs défenses propres, effilées et polies. [...]
Jusqu’à deux ou trois décennies en arrière, le phénomène de frottement des cornes n’était pas très fréquent, mais actuellement il constitue un grave problème ; ce sont des camadas entières qui se voient affectées par la réduction et le grossissement des cornes, conséquence de leur frottement contre une surface quelconque plus ou moins dure et rugueuse, sol compris. La consommation élevée de pienso a une incidence certaine dans l’apparition d’une flore microbienne dans les cornes, qui oblige l’animal à frotter celles-ci pour pallier aux démangeaisons ressenties [dans les cornes]. Ce picotement ou prurit des cornes survient surtout lors du passage d’utrero à cuatreño. »

Précisément le moment choisi pour encapuchonner les cornes des toros de certains élevages — évidemment soumis au régime pienso. Et il va faire comment l’animal pour se nettoyer et se soulager si l’homme en vient à contrarier sa toilette !? En voilà une question que n’aborde pas le vétérinaire Gérard Bourdeau dans son article encapuchonné à la conclusion personnelle aussi triste que légère. Bah ! et puisque l’on est toujours en période de vœux, pourquoi pas une petite clause de sauvegarde sur les capuchons espagnols en 2008 ?

Cela étant dit, j’ai volontairement écarté le passage faisant allusion à l’afeitado et à l’arreglado. Depuis des années et des années, qu’il s’agisse, parmi d’autres, de vétérinaires, de ganaderos ou d’empresarios (suivez mon regard), on entend et on lit à ces sujets tout, son contraire et souvent des trucs pas toujours croyables. "Auto-afeitado" (c'est fort quand même) et "auto-arreglado" (à toutes les sauces) des toros au campo, dans les camions ou dans les corrals, des certificats d’arreglado en veux-tu en voilà et j’en passe et des meilleurs ! Antonio Purroy, quant à lui, écrit que l’action d’arreglar (pour rappel, arranger en nettoyant...) comporterait un risque, celui d’entraîner un "contrôle anti-afeitado" positif ! Mouais, un risque ? Quel risque ? Faudrait pas charrier, à vouloir ménager les susceptibilités...

Bref, si parmi les lecteurs sexagénaires (au moins, si l’on en croît Mr Burns) de ce blog, certains ont déjà vu des toros ou des vaches munis d’un quelconque objet abrasif, voire d’une caisse à outils, qu’ils n’hésitent pas à se signaler. Si en plus ils possèdent des clichés, sûr que Campos y Ruedos se fera un plaisir de les publier en exclusivité mondiale ! Dans le mundillo plouc et ploutocrate, la finesse d’esprit et l’honnêteté intellectuelle ne sont pas les ressources humaines les plus exploitées...

1 ANDA.
2 Antonio Purroy Unanua, Comportamiento del toro de lidia. En el campo, en el ruedo, Universidad Pública de Navarra, Pamplona, 2003, pp. 78-79.

NB1 Ou quand le loup est dans la bergerie, pas futé le loup... Une fois n’est pas coutume, signalons que le CT de Béziers invitera Mr Burns* pour une conférence sur l’actualité taurine (hé ! hé ! excellent...), le vendredi 18 janvier ; et que le select CT de Paris aura « le grand honneur » de déplier le tapis rouge à Domecq (pas Jipé, Fernand le VRP de l’indulto) et Ponce (pas Pierre ! Henri) à l’École Militaire (?), le jeudi 24 janvier — de toute façon, je me suis toujours dit qu’il fallait s’méfier quand ça commençait par CT. Une dernière chose qui peut avoir son importance en ces temps de pouvoir d’achat en berne, et en admettant que vous fassiez partie des hôtes de passage des Parisiens (prout !), il vous en coûtera la modique somme de 85 € (argh !) la rencontre autour d’un buffet dînatoire (re-prout !). De quoi, j’en conviens, décourager tout éventuel trouble-fête ; à moins qu’une envie irrépressible de casser l’ambiance vous prenait ? Très fin d’esprit ça...
* Rien que le titre de son dernier bouquin, L’Envers de la cape, fait froid dans le dos !

NB2 À l’heure qu’il est, l’Observatoire des cultures taurines et son « réseau de veille médiatique », celui-ci censé « relayer dans les plus brefs délais tout article ou chronique défavorable à la culture taurine paru dans la presse de leur département », n’auraient toujours pas réagi à l’entrevue de Mr Burns publié dans la Gazette de Nîmes. Ce qui prouve bien du même coup, si besoin était, que Campos y Ruedos ne fait pas partie du réseau... Bon, pour être tout à fait juste, « les modalités de mise en place » du machin ne « seront dévoilées [que] le 19 janvier », alors patience... Encore une fois n’est pas coutume, je cite Terres taurines.

Image Toro d'Hubert Yonnet hozando en el suelo, photo limpia © Campos y Ruedos