Elles paraissent bien sympathiques ces Pâques taurines à Aignan avec, au cartel, la présence des Santa Coloma de Rehuelga. Je suis un des plus fervents partisans de l’encaste de la sainte Colombe qui symbolise aujourd’hui la diversité du spectacle, et je ne me priverai jamais de le défendre. Parce que les Santa Coloma sont un gage de différence, par leurs robes, bien évidemment, mais aussi par leur physique et surtout par leur tempérament. Pour toutes ces raisons, je félicite les organisateurs d’Aignan pour leur afición évidente et leur courage.
Cependant, l’aspect de politique taurine est largement gommé par l’aspect de politique du prix. Pour sûr, j’aurais préféré vous parler de ces Santa Coloma de Rafael Buendía qui sont un gage d’espérance pour tous les amoureux de ce fabuleux encaste. Mais à Aignan, le droit de voir ces Santa Coloma est fixé à la somme rondelette de 36 euros. J’entends 36 euros premier prix. Ce qui, en ces temps de crise, représente tout de même un sacré pécule. Il semblerait que dans la placita gersoise l'on ait oublié l’aspect populaire de la tauromachie. Car un tel montant prive radicalement de spectacle une partie de la population. Pensons aux jeunes qui désirent se former, voir des toros mais qui ne le peuvent pas toujours, faute de dollars.
Je sais très bien qu’organiser une course coûte cher. Je sais très bien qu'Aignan est une petite arène et que ce premier prix est en 7ème rang, proche du toro. Mais Aignan n’est pas non plus Séville. Pour petite qu’elle soit, une arène se doit de conserver le sens de la mesure et considérer qu’il est important d’avoir une graduation dans l’échelle tarifaire qui garantisse l’accès aux tendidos à un large éventail de la population, le plus large possible. Afin de ne pas courir le risque de perdre le côté populaire de la Fiesta. Afin de ne pas sectoriser ce spectacle et qu’il puisse conserver l’intégralité de son identité.