Occupé à rentrer des données pour un site ami, je suis tombé en arrêt sur un pelage, ou tout au moins une particularité, qu’il n’est pas si fréquent de rencontrer. ‘Tiradoro’, novillo de Juan Pérez Tabernero d’encaste Atanasio Fernández et combattu dimanche dernier à Madrid, ‘Tiradoro’ donc affichait une reseña à rendre jaloux 99,19 % de ses compères de la cabaña brava ! Il était officiellement « negro bragado corrido gargantillo girón coletero lucero ». Rien que ça.
Issue de gargantilla (collier), l’appellation gargantillo concerne, selon Adolfo Rodríguez Montesinos, seulement 0,81 % des bravos, ceux-là arborant « une tache blanche, nette ou constituée d’une multitude de petites faisant l’effet d’éclaboussures (salpicaduras en espagnol), située dans la partie inférieure du cou et qui le remonte sans aller jusqu’à l’entourer complètement, simulant ainsi une espèce de collerette ou de collier. »1
En plus d’avoir été, entre autres, negro et gargantillo, ‘Tiradoro’ aurait été girón. Toujours d’après Montesinos, le girón (ou jirón) « présente sur le fond de son pelage plus ou moins foncé une — ou plusieurs — tache blanche irrégulière, qui va généralement des flancs au grasset2, bien qu’elle puisse se situer à n’importe quel autre endroit du corps, à l’exception de la tête, du ventre et des extrémités, auquel cas la reseña sera enrichie des dénominations correspondantes. » Quand notre auteur, au sujet du salpicado cette fois-ci et après avoir précisé qu’il s’agissait d'un « toro au pelage foncé qui présente des taches blanches, petites et grandes, de formes irrégulières et qui ressemblent à des éclaboussures, lesdites taches se situant de préférence sur la partie postérieure et inférieure du corps de l’animal », poursuit en affirmant que le port du « collier » constitue l’accident le plus fréquent chez le toro « éclaboussé », tandis que le qualificatif gargantillo va (presque) systématiquement de pair avec celui de salpicado, il finit de vous convaincre que peut-être ‘Tiradoro’ aurait pu être salpicado ! Et si quelques-unes de ces petites taches apparaissent sur la partie supérieure du corps, c’est précisément parce qu’il s’agit d’éclaboussures...
Negro salpicado3 et gargantillo mais également coletero ! Là, si je peux me permettre, il y a erreur. Comme l’extrémité de sa queue ne comportait que quelques poils blancs, ‘Tiradoro’ était rebarbo. Et lucero !? Oui, il l’était et pour un atanasio c’est plus que rare, c’est très très rare voire très très très rare pour ne pas dire irréel. Sans compter qu’avec ses poils blancs (toro caribello ?), ‘Tiradoro’ possédait une bonne tronche de santacoloma... et constituait un parfait modèle de toro corniapretado.
Enfin — et parce qu’il faut bien conclure — ‘Tiradoro’ était officieusement negro salpicado gargantillo bragado corrido lucero et rebarbo.
1 Adolfo Rodríguez Montesinos, Pelajes y Encornaduras del Toro de Lidia, Co-édition Consejo General de Colegios Veterinarios de España (Madrid) et Ibercaja (Zaragoza), 1994.
2 « Région du membre postérieur du bœuf, du cheval, comprenant la rotule et les parties molles environnantes. » Le Petit Robert.
3 Et non burraco vu la faible quantité d’éclaboussures.
Images 'Tiradoro' dans les corrals de Las Ventas le 23 mars 2009 ● 'Mete-Pata' de Guardiola Fantoni, toro negro girón lucero. Où l’on voit clairement que la tache blanche, au contour irrégulier, est relativement importante et nette, uniforme. Sans éclaboussures... © Manon