Drame à l’UVTF !
Les cornes des toros lidiés en
2011 ont été perdues ! (C’est à croire en tout cas.)
Toutes les cornes, pas seulement
celles de Mont-de-Marsan, non, toutes ! de Nîmes à Bayonne en passant par Arles.
De mauvais esprits, il y en a toujours dans ces moments-là, objectent déjà
qu’il ne s’agit nullement d’une perte, mais plutôt d’un vol caractérisé.
Permettez-nous, chers lecteurs, de ne pas prêter le flanc à cette thèse du
complot dont on se repaît trop facilement en période électorale.
Néanmoins, l’affaire est grave.
La présidente de l’UVTF, Madame Darrieussecq, ne décolère pas. Monsieur Guillaume, le cartable de madame
la mairesse, ne compte pas ses heures pour remettre la main sur ce stock
disparu. À sa décharge, gageons que les cornes prélevées à Nîmes ou à Dax ne
doivent pas prendre trop de place, et peuvent donc être facilement dissimulées.
Convenons-en, il y a de quoi être
inquiet, car si l’UVTF ne peut même plus communiquer sur
l’intégrité parfaite de toutes les cornes analysées en 2011, que lui reste-t-il
pour exister ?
Il convient de dresser la liste
des actions menées par la digne institution pour prendre l’insondable mesure de
sa totale et parfaite inutilité en 2012.
« Assainir le monde taurin
Il faut étendre les possibilités de
prélèvements de cornes ; aléatoire dans un nombre limité d’arènes de seconde
catégorie annuellement tirées au sort, et maintien du caractère obligatoire et
systématique dans les arènes de première catégorie. Les sanctions règlementaires
doivent être réformées pour être justes, dissuasives, tout en favorisant le
spectacle. » = cornes
perdues, question assainissement on ne pouvait pas imaginer mieux !
« La grande réflexion lancée il y a plus d’un an sur les modifications éventuelles à apporter au 1er tercio doit aboutir, dans un large consensus, pour arriver à une spécificité française de ce tercio primordial. » = premier enseignement : les membres de l’UVTF sont de grands penseurs ! Pas des petits cerveaux de caniveau, non bougresse d’ânesse, les gars ils poussent de « grandes réflexions », ça chauffe, ça fume, ça consume du neurone ! Résultat de la partouze mentale : le premier tercio est toujours aussi nul mais, en revanche, ça y est, on a réussi à instituer une spécificité française en organisant une sorte de concours d’élevages français tout au long duquel la FSTF décernera des prix aux meilleurs picadors de l'après-midi, si ceux-ci piquent avec des puyas montées à l’endroit (intégrité quand tu nous tiens !) Grâce à cela, Vic a enfin organisé une corrida formelle (et non concours) pendant laquelle il n’y eut qu’un picador en piste. Les toros français sont donc choyés, même les mansos les plus couards. Les autres arènes n’ont qu’à organiser français après tout, c’est la crise nom d’une grecque, faut bouffer français, boire français, conduire français, s’habiller français et se cogner des toros français dont l’immense majorité a été achetée dans des succursales Domecq ou Núñez au fin fond de l’Andalousie. Con, c’est français ?
On se demande aussi
ce qu’il advient aujourd’hui de l’autre « grande réflexion » lancée — a priori, elle n’a toujours pas
atterri — par l’UVTF concernant l’utilisation de la révolutionnaire pique à
ressorts de maître Bonijol himself, l’autre star internationale de la
tauromachie française. On devait faire des tests, des mesures, on devait
comparer, on devait essayer, expérimenter, chercher et trouver finalement que
c’était la meilleure pique du monde, ce qui était une évidence étant donné qu’elle avait été élaborée par maître Bonijol himself, autoproclamé best of le
monde par himself lui-même. Le dossier était en charge d’un certain M.
Guillaume François, ou François Guillaume, et, à l’heure où s’écrivent ces lignes, il
semblerait qu’on pompe encore chez le Shadocks.
« Financer les écoles taurines, qui sont le berceau des futurs toreros professionnels mais qui doivent aussi être un centre de formation de bons aficionados. » = chaque année, l’ACOSO (organisateurs du Sud-Ouest) essaye de faire obtenir une subvention à l’école taurine d’un ancien matador de toros âpres et dangereux établi dans les Landes, et qui mène une école de tauromachie. Chaque année, ce monsieur refuse des contrats pour certains de ses élèves car le bétail, trop dangereux, n’est pas à son goût. Il est merveilleux de s’imaginer que ce genre de lieu pourrait en outre servir à la formation des aficionados.
« En ces temps de crise financière, de crise institutionnelle que connaît le monde taurin et d’attaques violentes des lobbys animalistes, le temps est plutôt à l’union sacrée en cherchant une transversalité contenue dans notre culture, qui doit être plus que jamais commune pour offrir une image soudée de tous les acteurs. » : évidemment, si on nous prend par les sentiments ! Nous sommes pour l’union sacrée et, à bien y réfléchir, nous pouvons affirmer que dans nos différences existe un point commun qui pourrait souder la communauté : nous avons tous un jour fait un énooorme doigt à quelqu’un, dans le respect, évidemment, de la « transversalité » culturelle qui nous anime. Un whisky ? Merci, juste un doigt ! Non mais vous ne voulez pas un whisky, avant ?
« Moderniser
Création d’un service communication afin de
rendre lisible et diffuser les informations sur les actions concrètes de
l’UVTF auprès de la presse spécialisée taurine, mais aussi des médias généralistes
en général. Le site Internet doit être modernisé et vivant. » = en ce domaine, la réussite est
indéniable ! Le site de l’UVTF respire la mise à jour, tout y
est : l’expertise des cornes 2011 ? Non. Un bilan de l’année
2011 ? Non. Les premiers résultats, voire les premières pistes de réflexion
au sujet des tests sur la pique de maître Bonijol himself lui-même ? Rien,
que dalle !
Quelle conclusion tirer de tout cela ?
L’UVTF ne sert à
rien ! Oh bonne mère, la nouvelle ! Elle sodomise les diptères, enfile les perles, réunit des
représentants qui ne sont même pas ceux qui organisent ou participent à l'organisation, lance de « grandes réflexions » qui traversent le
Pacifique en ce moment même, bouffe des cocardes bleu blanc rouge en
astiquant le jonc fierot de groupements d’aficionados qui feraient mieux de
faire un pot commun digne de ce nom pour remettre des prix qui aient du sens à la fin d’une
saison (remarquez, chers lecteurs, que les prix on s'en balance), plutôt que de se faire remuer la puya par une institution politique
moribonde et ridicule.
Il est 22 h 02. Quiconque croise un convoi de cornes 2011 serait fort aimable de joindre d’urgence le cartable de Mme Darrieussecq, mairesse de Mont-de-Marsan. Elle cherche, aidez-la !
Vidéo Chanson pour le soldat Moralès par Didier Benureau.