07 juin 2012

Prévenir ou guérir ?


Mesdames et Messieurs de la FSTF et du CTV,

Suite à la réponse apportée à notre article concernant cette curieuse annonce de fin de course vicoise d'appellation  « Toros de France » contrôlée du dimanche 27 mai, révélant des piques montées à l'envers, sachez que si je vous accorde le crédit d'avoir dénoncé la supercherie, je dois vous avouer que je reste toutefois perplexe sur bien des points. La réception de votre courrier, qui, je le regrette, ne m'a pas convaincu une seconde, me donne donc l'opportunité de vous faire part de mes sentiments de client  « pas bêtement consommateur »  que je fus ce jour-là, et qui, espérons-le, pourrait vous faire voir les choses comme on les a ressenties depuis le tendido ; sentiments qui, vous le savez, sont et resteront la base des succès prochains de votre généreuse idée de corrida à la française, soucieuse, si j'en crois l'intitulé et la démarche, de se démarquer de ce qui se fait généralement avec le toro espagnol…

1. D'abord, vous avez manqué l'occasion de faire prendre conscience à la foule présente du véritable et sérieux concept de corrida à la française. En ayant assimilé tout cela — peut-être n'ai-je pas bien perçu l'ampleur d'une communication particulièrement ciblée à destination de l'évènement ? —, l'opportunité vous était donnée de mieux éduquer les gens sur cette épreuve. Tout le monde ne sachant pas ce qu'est une pique montée à l'envers, certains ont cru que des toros avaient été piqués al regatón (si, si…) ! Allez donc leur expliquer où se situe la faute, quand, au moment choisi d'annoncer les faits, une bonne partie de la foule, n'ayant pas compris qu'il s'agissait d'un concours de tercio de varas, se trouvait déjà sous les platanes rafraîchissants de la buvette.

2. Ensuite, imaginez que le grand Tito Sandoval  nous ait gratifiés d'un tercio de piques d'anthologie avec une puya montée à l'envers ?… Quelle aurait été la morale de l'histoire ? D'où, peut-être, l'annonce délibérément faite à la fin du spectacle, sans prise de risque de perte de crédit, mais avec l'honneur sauf… Me trompe-je ? C'est ainsi que j'affirme et confirme que le délégué aux piques m'a semblé bien inutile ce jour-là, et que votre annonce faite en fin de spectacle, en plus d'avoir totalement désavoué le pauvre bougre, a définitivement révélé l'incapacité des organisateurs à imposer leur point de vue sur la question, y compris, et c'est fâcheux, lors d'un concours de piques.
De deux choses l'une, soit il y a eu fraude et vous n'avez rien vu, ce à quoi je réponds : « Comment cela se fait-il que vous n'ayez rien vu alors qu'il s'agit là du point essentiel du concept que vous vendez ? » Soit il y a eu fraude mais vous n'avez rien pu faire, ce à quoi je réponds : « Alors, à quoi bon toute cette mise en scène ? »

3. Enfin, depuis le temps que l'on s'offusque de la présence d'un deuxième picador dans cette enceinte définitivement trop petite pour accueillir tout ce beau monde, et que le CTV persiste et signe dans son idée de maintenir cette étouffante présence qui, avouons-le, fausse totalement le vrai bon déroulement du premier tiers, comment se fait-il que le seul concept de  « Toros de France »  parvienne, lui, à convaincre les organisateurs gersois — le temps d'un concept, donc, le temps de deux heures à peine — sans que cela ne modifie radicalement leur vision des choses quant à cette désormais évidente ineptie, pourtant remise en selle dès le lendemain matin ?

Bref, rien n'est jamais parfait pour l'aficionado, vous le savez, mais si je vous assure que mon objectif n'est pas d'attaquer tête baissée votre démarche, comprenez tout de même qu'aux yeux des spectateurs avertis, elle souffre encore de quelques ajustements qui mériteraient d'être débattus. Je vous laisse libre de penser que tout cela est bas, facile, gratuit et sans fondement, mais il me semble que quand on a retiré le caillou de la chaussure, on avance mieux.