Suite à la réponse apportée à notre article concernant cette curieuse
annonce de fin de course vicoise d'appellation
« Toros de France » contrôlée du dimanche 27 mai, révélant des piques montées à l'envers, sachez que
si je vous accorde le crédit d'avoir dénoncé la supercherie, je dois
vous avouer que je reste toutefois perplexe sur bien des points. La
réception de votre courrier, qui, je le regrette, ne m'a pas convaincu
une seconde, me donne donc l'opportunité de vous faire part de mes
sentiments de client
« pas bêtement consommateur » que je fus ce jour-là,
et qui, espérons-le, pourrait vous faire voir les choses comme on les a
ressenties depuis le tendido ; sentiments qui, vous le savez, sont et
resteront la base des succès prochains de votre généreuse idée de corrida à
la française, soucieuse, si j'en crois l'intitulé et la démarche, de se
démarquer de ce qui se fait généralement avec le toro espagnol…
1. D'abord, vous avez manqué l'occasion de faire prendre conscience à la
foule présente du véritable et sérieux concept de corrida à la
française. En ayant assimilé tout cela — peut-être n'ai-je pas bien
perçu l'ampleur d'une communication particulièrement ciblée à
destination de l'évènement ? —, l'opportunité vous était donnée de mieux éduquer les gens sur cette épreuve. Tout le monde ne sachant pas ce qu'est
une pique montée à l'envers, certains ont cru que des toros avaient été
piqués al regatón (si, si…) ! Allez donc leur expliquer où se situe
la faute, quand, au moment choisi d'annoncer les faits, une bonne
partie de la foule, n'ayant pas compris qu'il s'agissait d'un concours
de tercio de varas, se trouvait déjà sous les platanes rafraîchissants
de la buvette.
2. Ensuite, imaginez que le grand Tito Sandoval nous ait gratifiés d'un
tercio de piques d'anthologie avec une puya montée à l'envers ?… Quelle aurait été la morale de l'histoire ? D'où, peut-être, l'annonce
délibérément faite à la fin du spectacle, sans prise de risque de perte
de crédit, mais avec l'honneur sauf… Me trompe-je ? C'est ainsi que
j'affirme et confirme que le délégué aux piques m'a semblé bien inutile ce jour-là, et que votre annonce faite en fin de spectacle, en plus
d'avoir totalement désavoué le pauvre bougre, a définitivement révélé
l'incapacité des organisateurs à imposer leur point de vue sur la
question, y compris, et c'est fâcheux, lors d'un concours de piques.
De deux choses l'une, soit il y a eu fraude et vous n'avez rien vu, ce à
quoi je réponds : « Comment cela se fait-il que vous n'ayez rien vu alors
qu'il s'agit là du point essentiel du concept que vous vendez ? » Soit il y
a eu fraude mais vous n'avez rien pu faire, ce à quoi je réponds : « Alors, à quoi bon toute cette mise en scène ? »
3. Enfin, depuis le temps que l'on s'offusque de la présence d'un
deuxième picador dans cette enceinte définitivement trop petite pour
accueillir tout ce beau monde, et que le CTV persiste et signe dans son
idée de maintenir cette étouffante présence qui, avouons-le, fausse
totalement le vrai bon déroulement du premier tiers, comment se fait-il
que le seul concept de
« Toros de France » parvienne, lui, à convaincre
les organisateurs gersois — le temps d'un concept, donc, le temps de deux heures
à peine — sans que cela ne modifie radicalement leur vision des choses
quant à cette désormais évidente ineptie, pourtant remise en selle dès
le lendemain matin ?
Bref, rien n'est jamais parfait pour l'aficionado, vous le savez, mais
si je vous assure que mon objectif n'est pas d'attaquer tête baissée
votre démarche, comprenez tout de même qu'aux yeux des spectateurs
avertis, elle souffre encore de quelques ajustements qui mériteraient
d'être débattus. Je vous laisse libre de penser que tout cela est bas,
facile, gratuit et sans fondement, mais il me semble que quand on a
retiré le caillou de la chaussure, on avance mieux.