Alpes italiennes (Trentin - Haut-Adige)
Des mains épaisses. Un bol de soupe. Des yeux bleus injectés de sang. Le silence. La caméra suit un homme au travail, un fardeau de paille jeté sur l'épaule. Il fait froid. Et gris. Cinquante ans à cultiver un lopin de terre ingrate, nourrir des poules, élever trois bêtes. Il est seul — sur la montagne, sous les sommets, face à lui-même. Il marque un temps d'arrêt, regarde la vallée. Il relève la casquette. Il va parler… Il parle : « Avant, il y avait trois familles. Là, là et là-bas. L'une après l'autre elles sont parties. Un jour, j'ai dit à mon père que j'allais partir moi aussi. Il m'a dit : “En voilà une manière de me remercier de t'avoir élevé ici.” Vous savez… la vie est dure par ici. » Les mots ricochent sur les rochers. Il fait froid. Il est le dernier.
Les photographies de Christophe Agou présentées au musée d'art Roger-Quilliot de Clermont-Ferrand1 ne montrent pas autre chose que cette séquence du film Alpi projeté lors du festival du cinéma de Brive : un monde oublié qui se meurt, « celui des petits paysans reclus sur leurs terres, guidés par le seul rythme de la nature2. » C'est triste, et beau.
1 Exposition prolongée jusqu'au 19 août 2012.
2 Vidéo Arte.