04 février 2011

Bonne fête


Bande de mécréants ! Je suis persuadé que pas la plus infime partie des lecteurs et rédacteurs de ce blog n'a pensé qu'aujourd'hui on célébrait sainte Véronique dans le calendrier catholique. Nul doute que toute sainte en devenir qu'elle fût, celle-ci ne vint pas à penser au moment de tendre un linge au Christ en pleine ascension du Golgotha que son geste, longtemps après, serait maintes fois recopié et réinterprété au moyen d'une lourde cape de percale jaune et rose. En effet, à l'époque ces couleurs n'étaient guère à la mode (qu'en sais-je ? Rien...)
Quelques minutes à fureter sur Wikipédia m'ont permis de découvrir que ce prénom provient de  Βερενίκη, Berenikê, mot macédonien signifiant "qui porte la victoire", latinisé en Véronique, et que, comme tant d'autres saints et saintes de nos calendriers, elle n'est pas citée dans les évangiles canoniques, mais peu importe puisque l'histoire est jolie. 
Naturellement, le Moyen Âge, friand de reliques, a éparpillé à droite à gauche plusieurs voiles de Véronique parfaitement authentiques. On en trouve aujourd'hui un à Saint-Pierre-de-Rome (une massive statue de Véronique soutient l'une des quatre colonnes du choeur), un autre à la basilique du Sacré-Cœur de Paris et pas moins de trois en Espagne [Catedral de la Asunción de la Virgen (Jaén), Monasterio de la Santa Faz (Alicante) et Ermita del Santo Rostro à Honrubia (Cuenca)] !
Vous sentant déjà défaillir d'ennui, je vous laisse avec le jeu du soir : ¿Dónde está Verónica? dans cette extraordinaire peinture de Jérôme Bosch, conservée au Musée des beaux-arts de Gand. 


Pour les plus courageux et persévérants, quelques autres versions libres de droit ou non... :
— celle de Mattia Preti "il calabrese" conservée à Los Angeles, ici ;
— celle du Greco, conservée à Toledo au musée de la Santa Cruz (logique...), ici ;
— deux versions de rodilla par Hans Memling, ici (National Gallery of Art, Washington DC), et par Jacopo Pontormo, plus dynamique,  (à même la pierre de Santa Maria Novella à Florence), et
— un article sur le Santo Rostro de la cathédrale de Jaén.

PS Vous me ferez le plaisir de ne pas confondre ces photocopies-là avec le Saint Suaire de Turin qui est, lui,  le linceul du Christ.