02 octobre 2009

Toiros (II)


Au fil des diverses lectures dont nous inonde le web en cette fin de temporada 2009, lectures dont les conclusions suscitent, comme souvent et de plus en plus, l’agacement et l’incompréhension, l’envie nous prend de foutre le camp, d’aller voir ailleurs loin des habitudes, ce que le monde des toros propose encore de rêve, de délires ou d’exotisme. Car ce ne sont pas les propos aberrants d’un Juan Pedro Domecq qui prône l’arrêt des piques en public, les bilans de férias établis par de mauvais scribes dont la seule obsession aujourd’hui est de vous prouver par A+B que la seule voie possible pour l’organisation d’une corrida est de plaire au grand public, grand public qui n’aurait comme goût que ce toro dit de « bravoure moderne » - grand public qui aurait seul l’apanage de la raison et du droit étant donné qu’il est le plus grand nombre - ce ne sont donc pas ces sentences coutumières qui vont donner corps à nos envies ou à nos rêves, fussent-ils délirants… et alors ?

Alors, au fil du clavier, il y a ce toro étrange de Ernesto Fernandes Louro de Castro (encaste Atanasio Fernández) à la gueule tranchée de blanc comme un gentil panda. Pelage original, rare ? Peut-être ou tout simplement aussi le résultat d’une maladie… A voir.

Restons au Portugal, c’est déjà l’exotisme, avec ce forcado au béret droit comme un aristocrate rogue, embrassant ce toro cárdeno oscuro dans une symétrie parfaite d’où se dégagent la puissance et la lutte. Quand il a écrit une « Balle perdue », Joseph Kessel ne connaissait peut-être pas les forcados du Portugal mais, c’est certain, il aurait pensé à eux en écrivant ces bouts de fin de vie de types conduits jusqu’à la fin tragique par leur honneur et leur droiture, ces « desesperados » qui semèrent la panique sur les toits de Barcelone en 1934. Il y aurait pensé ! En 1934 d’ailleurs, l’élevage de ce toro au galop, tête basse, existait déjà… il existe encore aujourd’hui et survit du côté de Avis, dans l’Alentejo. C’est un Vaz Monteiro nouvelle mouture puisqu’il se dit que l’antique race portugaise aurait été croisée avec quelque chose qui ressemblerait peut-être à du Saltillo… A voir.

Non loin de chez Vaz Monteiro, toujours dans l’Alentejo, à deux chênes-lièges de l’Espagne, existe une autre ganadaria de touros (ou toiros ?) qui porte un nom de saint : São Martinho. Ce sont juste des toros de combat, des toros pour touradas. Ce sont juste des toros mais dont le sang mêlé titille le curieux. D’après les informations données par le registre des ganaderías portugaises, il y aurait là dedans du « Cabral Ascenção, Santacoloma, Torrestrella e Outros ». Un peu de tout en somme sauf que le « outros » il s’appelle Fernando Palha, l’autre Palha, qui aurait prêté des sementales aux tenanciers de la baraque. Et au regard des photos, on aurait tendance à y croire. Et puis, pour achever, il y a donc Fernando Palha qui regarde toujours sa « chère bonne Lisbonne », sa Lisbonne qui regarde à nouveau ce grand océan Atlantique au milieu duquel sont plantés ces bouts de terre lusitaniens depuis le XV° siècle, les Açores. Là, existent plusieurs ganaderías de bravos surtout destinées aux toros à la corde dont sont friands les autochtones. Eliseu Gomes est un de ces ganaderos, les origines de ses toros sont vagues et on s’en fout, c’est juste beau un toro avec l’océan derrière pour terrain de combat !

Photographies 1/ Toro de Ernesto Castro in http://aficionados-de-aires.blogspot.com/2009/06/ernestro-castro.html ; 2/ Toro de Vaz Monteiro in http://www.solesombra.com/reportagem-fotográfica/salvaterra-31-maio/ ; 3/ Toro de São Martinho in http://www.toureio.com/otouro/touros%20videigueira/index.html.