18 décembre 2007

Il Palio di Siena


La Banca Monte dei Paschi di Siena est considérée comme la banque en activité la plus ancienne du monde, elle fut créée comme Mont de Piété en 1472 à Sienne. Aujourd'hui, le groupe MPS gère différentes filiales parmi lesquelles la Monte Paschi Banque en France. L'une des succursales à Paris près de l'opéra, affiche en vitrine quelques reproductions de peintures anciennes qui fleurent bon les Quattrocento et Cinquecento italien, la Renaissance et les premières heures de cette banque (avez-vous lu les aventures de "Vasco" en BD ?).

Quand on est un minimum obsédé par les toros et amateur d'Italie, on se retrouve en arrêt devant cette reproduction d'une peinture que je n'ai pu identifier et qui représente la fameuse Piazza del Campo de Sienne où se tient deux fois par an (2 juillet pour la Visitation et 16 août lendemain de l'Assomption) depuis 1650, le Palio. Le Palio est une course de chevaux qui oppose 10 des 17 contrade (quartiers) au cours de laquelle les cavaliers montent à cru et en costume d'époque Renaissance (merveilleux pays que l'Italie qui a su conserver ses traditions, comme le Palio ou le si poétique et délicat "calcio storico" à Florence).

Les 10 cavaliers doivent faire 3 tours de piste et sont autorisés à utiliser leur cravache pour leur cheval, ceux de leurs concurrents mais également pour les cavaliers rivaux eux-mêmes. La mise en place est un énorme casse-tête, la place n'est pas géométrique et la piste glissante. La contrada qui l'emporte est celle dont le cheval termine premier en conservant ses ornements sur la tête intacts sans nécessairement que le cavalier soit encore en selle (il gagne "scossi", dit-on alors)... Les associations de défense des animaux viennent mettre leur grain de sel dans cette manifestation afin de dénoncer les mauvais traitements dont seraient victimes les destriers. La course s'avère dangereuse pour les cavaliers comme pour les chevaux qui peuvent eux-mêmes chuter (certains virages sont anguleux et la place accidentée, ce qui implique une partie en pente).
On a du mal à imaginer la passion que déchaîne le Palio à Sienne, et ce qu'il représente dans l'identité de la ville. Sienne était lors de la Renaissance l'une des nombreuses et puissantes cités-état dont était parsemée l'Italie (Florence, Venise, Rome, Gênes entre autres...). De même qu'en ce qui concerne la tauromachie, ce que semblent ne pas comprendre les associations de protection des animaux dans ce cas, c'est la dévotion dont les chevaux font l'objet au sein des contrade. Le cheval est tout d'abord béni dans l'église du quartier qu'il représentera et s'il gagne le Palio, il (oui, la monture !) préside le banquet donné pour célébrer la victoire.
Si l'on veut établir d'autres parallèles un peu plus fumeux avec la tauromachie, on peut remarquer que le mundillo qui gravite autour du Palio semble se délecter d'arrangements en tous genres, les chevaux étant tirés au sort, certaines contrade savent dès l'attribution de leur cheval qu'elles ont peu de chance de l'emporter et passent des accords avec d'autres quartiers pour gêner certains concurrents.
Le site ilpalio.org propose une version en français qui explicite la dimension symbolique de la course. J'aime beaucoup la formule inaugurale :
"C’est à une fête violente et aussi vraie que la vie, loin de tout folklore oléographique, que les Siennois ont confié le mythe de la grandeur d’un État qui n’est pas tout à fait mort. Du jour où, au milieu du XVIe siècle, la République tomba et où prit fin l'orgueilleuse indépendance siennoise, les Contrade se firent un devoir de représenter les Compagnies militaires qui avaient cessé toute activité et dans lesquelles ils constituaient en milice leurs habitants aptes au service armé."
Mais j'en arrive aux détails de la peinture en question...

La forme "moderne" du Palio date de 1650 et vient ponctuer une longue évolution des jeux donnés sur la Piazza del Campo... Le Palio succède à des courses à dos d'ânes, dérivées de Bufalate ou courses à dos de Buflonnes (!), qui avaient elles-mêmes succédé à l'interdiction des combats de taureaux par le concile de Trente.
ilpalio.org donne quelques détails sur les différents jeux ayant eu lieu sur la Piazza Del Campo, et notamment sur la Caccia dei Tori (littéralement "Chasse aux taureaux") : de 1499 à 1597 ces "chasses" furent données 17 fois à Sienne. Elles commençaient par des chasses au lièvre, renard, blaireau, porc-epics et cerfs sur lesquels on envoyait une meute de chiens au son des cors de chasse, puis les taureaux étaient lâchés et tués sur la place (sans plus de précision). On dressait lors de la sortie des taureaux une table au centre de la place autour de laquelle de jeunes garçons prenaient place et pouvaient gagner 10 écus d'or à condition de garder les mains sur la table lors de la chasse. En cas d'attaque des taureaux, les ragazzi pouvaient se défendre avec une épée. Un collègue italien me signale que la région de Sienne, la Maremme, est connue pour ses élevages de bovins, qui sont particuliers à cette zone.
On retrouve cette scène de la tavola sur l'un des deux détails du tableau...



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