01 décembre 2007

Il faut sauver le chapeau espagnol


La crevette espagnole est sauvée ! Le coup est passé près comme une balle qui siffle en pointe à vos oreilles, filant dans le vide béant de votre adrénaline, manquant sa cible. José Tomás Román "a gagné" son pari, le monde peut à nouveau avancer à reculons. La morcilla va bien aussi. Merci. D’après nos correspondants, évidemment bien informés et sévissant dans les profondeurs diaphanes de la fierté catalane, le cours du boudin ibérique serait en train de faire peau neuve, si l’on peut dire. Ouf !!! L’Espagne a frémi, elle peut maintenant rissoler.
Pour autant, le gouvernement espagnol reste inquiet au sujet d’une crise qui pourrait bien se tourner dans un futur proche vers d’autres secteurs essentiels de son économie. Selon des sources proches du pouvoir que nous ne pouvons évidemment pas citer ici sans encourir le risque de leur sécurité, l’année 2008 pourrait bien être une année décoiffante voire décoiffée. En effet, l’industrie ibérique du chapeau serait actuellement au plus bas dans les cotations de la bourse de Morón de la Frontera, capitale historique, un brin mythique, de la fabrication du si fameux chapeau espagnol. Les édiles cravatés de noirs (un signe peut-être) des couloirs de la Moncloa s’alarment depuis deux ou trois ans de la chute des ventes de chapeaux espagnols et affirment que Morón serait même, ô comble, la première touchée. L’affaire serait si grave que nos cols blancs ceints de noir en perdraient jusqu’à leur tête… On en rirait presque dans cette histoire de couvre-chef. Au terme d’une enquête des plus minutieuse établie au péril de toutes nos convictions tauromachiques, il semblerait que les inquiétudes des hautes sphères de l’Etat voisin s’avèrent fondées. De fait, l’on a constaté sur place une recrudescence alarmante de cas de surchauffe céphalique clairement dus à l’absence de port de chapeau en un pays où cognent fort les rayons d’un soleil bien viril, et, se manifestant bruyamment par d’atroces vociférations gutturales implorant l’"Induuuulto !!!" ou le "No lo mate, no lo mate"… Effrayant ! Des rumeurs qui seraient sur le point de ne plus l’être évoquent même la présence d’autres cas aux quatre coins de l’hispanie. Face à ce qu’il est convenu de qualifier d’épidémie, le pouvoir en place, soutenu pour une fois par des partis d’obédiences contraires, a tiré la sonnette d’alarme et prévoit un plan de sauvetage du chapeau espagnol et des cerveaux qui vont dessous en 25 points ; plan élaboré sur les mêmes bases que le sauvetage de la crevette espagnole. Ainsi, il a été fait appel à un illustre torero soi-disant retiré des ruedos et capable à lui seul de relancer l’industrie du "capeou", un torero vénéré, adulé, attendu… Le sémillant Morante de la Puebla. Dans l’urgence, l’annonce de cette tentative désespérée n’a même pas été faite depuis Madrid mais depuis Mexico City où ledit torero passerait des vacances bien méritées après une saison stoppée net aux prémices de l’été. Une telle hâte de médiatiser pareille initiative démontre bien l’étendue d’une crise qui voile de tremblements l’ensemble de l’économie espagnole. Morante sera-t-il à la hauteur de José ? Sera-t-il le héros flamboyant du chapeau espagnol ? Nul ne le sait encore mais force est de constater qu’il en est déjà un des plus fervents hérauts, n’hésitant pas à couvrir sa brune crinière d’un canotier début XX° sur les tendidos de la Real Maestranza de Caballería de Sevilla. Morante revient donc comme une lumière infime perce l’ombre sous un chapeau de paille, tous disent "chapeau bas"…
A l’heure où nous bouclons, il semblerait qu’une autre nouvelle risque de faire vaciller taurinos et mundillo. Un de nos informateurs les plus sérieux nous apprend par pigeon voyageur que l’immense, le gigantesque Antoñete serait sur le point d’annoncer lui aussi sa vuelta. D’après ce qu’il est en mesure de savoir (mais nous l’avons déjà écrit, il s’agit d’une personne très sérieuse), un ministre aurait discrètement contacté le maestro pour l’inciter à reprendre les trastos en tête de gondole d’un plan de sauvetage des cosmétiques espagnols. Oui, qui mieux que ce géant du toreo à la mèche faussement blanche (il se faisait des couleurs paraît-il) pouvait porter l’étendard des célèbres cosmétiques ibériques ? Personne d’autre sans nul doute car lui seul le vaut bien. De toute évidence, le gouvernement espagnol a décidé de frapper un grand coup et la jurisprudence Tomás sur la crevette espagnole a donné force idées aux technocrates madrilènes. Il ne serait pas étonnant que l’année 2008 soit celle des grands retours. De fuite en indiscrétion, nous sommes en mesure de savoir qu’une liste d’une bonne demi-douzaine de grands matadors retirés traînerait de bureau en bureau.

Beaucoup de secteurs de l’économie espagnole sont aujourd’hui touchés par les effets pervers de la mondialisation et l’heure est à la réaction. C’est à prendre évidemment au conditionnel mais cette liste afficherait les noms de Curro Romero, Rafael de Paula, El Cordobés, Ruiz Miguel et Simon Casas pour un plan de sauvetage des exportations des célèbres balances espagnoles…Juan José Padilla aurait été contacté récemment mais aurait bruyamment décliné l’offre de sauvetage des parcs d’attractions espagnols arguant du fait qu’il n’était pas encore retiré… Il y en a qui n’ont vraiment pas la fibre patriotique…

La seconde photo est extraite du blog : http://www.morantedelapuebla.blogspot.com/.