Vous allez dire que j'en fais partie... eh ben non ! Vous allez dire que je leur fais de la pub sur ce blog... eh ben... oui... Pourquoi pas après tout puisque quand je les lis, je comprends ce qu'ils écrivent et je suis d'accord avec pas mal de leurs positions (pas toutes - cf. ici même mon post sur le palmarès 2006). J'ai reçu aujourd'hui La Lettre de l'ANDA de décembre 2006/janvier 2007, sorte de bilan de l'année taurine écoulée, vitriolé à la libre parole. Ça me fait pareil que la lecture du Canard enchaîné le mercredi, j'adhère avec le sourire mais à la sortie, ça donne envie de tatanner la gueule de tous les troufions d'abuseurs, de maraver leur face de pet, de mettre la "chetron" en chou-fleur à tous ces trucs exacerbants de mauvaise foi et d'injustice. Ça fout les nerfs quoi ! Pareil avec La Lettre de l'ANDA, ça énerve parce que leur point de vue montre ce qu'est devenue la tauromachie : une mode, un machin tendance pour "prout-prout" endimanchés, pour pseudo-critiques "marie couche-toi là" et empresas pinochettes aussi capées d’imagination que le moustachu le fut d’humanité. Les club taurins ? Hein ? C’est quoi ce truc ? Des débits de boisson non ? Des sortes de restos du cœur très chers, éphémères (ouf), dans lesquels il est de bon ton de venir piailler fort pour dire : « Ah, mon cher, quelle faena sublimissime, huuuuuuuuuuuuuuuuuu, j’en défaille… Mon Dieu mon verre de cava » (précision : c’est aussi plus tendance, en ces lieux, de boire du cava espagnol que du champagne).
Si vous voulez revivre cette scène, en live, rien de plus facile, rendez-vous sous l’immense tente qui jouxte les arènes de Mont-de-Marsan durant chaque Féria de la Madeleine. Avec un peu de chance, vous pourrez même applaudir avec vos nouveaux amis super gentils un ou deux critiques taurins, internationalement reconnus, unanimement adulés (la majorité des personnes qui les écoute ne savent même qui ils sont) et unilatéralement à baffer, critiques qui vous expliqueront, rougeauds, que vous êtes un gros con de persifleur par rapport à eux, connaisseurs d’Andalousie (la référence suprême) et gardien de l’âme (gas)conne (pour le Moun mais ailleurs c’est pareil). En lisant l’ANDA me sont revenus tous ces trucs oubliés depuis octobre qui pourrissent la corrida et qui vont recommencer en pire en 2007. J’avais en effet oublié que « Bayonne, à la différence de Mont-de-Marsan l’an dernier, n’envoie pas la police municipale dans les gradins. La tactique est plus subtile. Les placeurs de l’escalier 11 font office de police ! Au nombre de 5-6, ils remettent à leur place tout spectateur qui se permettrait de manifester son désaccord ou son mécontentement. Le groupe ou l’un des membres se permettant par ailleurs de leur lancer des « T’as qu’à y aller », « Si t’es pas content, rentre chez toi », « T’as qu’à aller à Dax ! » Une autre manière de maintenir l’ordre public sur les tendidos ! Moi, je serai une mule d’arrastre, je me mettrais en grève pour concurrence déloyale, soyons clair. Et encore, je me demande si parfois les mules ne sont quand même pas plus fines et si l’expression « être con comme une mule » n’est pas quelque peu infondée s’agissant de ces braves animaux. Je me demande. Pour ceux de l’escalier 11, non ! C’est bien fondé, des mètres de béton de fondation qui plus est.
J’avais aussi oublié qu’en certaines plazas la coutume est de ne surtout pas chagriner une météo clémente. Jugez plutôt. A l’entrée des arènes, on vous demande d’enlever le bouchon de la bouteille d’eau de 50 cl que vous venez d’acheter 300 euros (plus ou moins) pile en face de votre entrée. « Non Monsieur, faut laisser le bouchon ici.
– Mais pour quelle raison, brave portier ?
– C’est pour pas jeter sur le matador, décision municipale, y suis pour rien moi ! »
En vérité, je suis persuadé que c’est pour éviter que certains chagrins s’amusent à faire la pluie brutalement, à coup de capuchon de plastique inoffensif, sur ce beau temps incarné par un soleil en forme d’oreille de bovin. C’est pour ça ! Je vous le dis, des pinochettes !
J’avais aussi sorti de ma mémoire qu’à Dax, par exemple, « il est de bon ton, depuis deux-trois ans, d’adhérer, de participer sans émettre de jugement critique palpable. Déjà le scandale de la corrida du Pilar n’avait suscité aucun commentaire officiel des clubs. Il n’est pas bon d’être mal vu. Il est mieux vu de courir au consensus vague. Les chefs de peñas manœuvrent, supputent, naviguent et roulent pour eux. Ici c’est Nîmes en plus petit. Palha ou Pilar...
Les critères aussi évoluent, l’aficionado chez nous est beaucoup moins exigeant dans son gradin que devant la télé espagnole qui retransmet Albacete. On ne laisse rien passer à Albacete, mais on sait être tolérant à domicile et « avoir du cœur » quand sonne l’heure des mouchoirs. Le buen toreo à géographie variable est une invention de ces aficonados qui adaptent leur tauromachie à l’entourage qui les observe. Autant d’opportunisme fatigue et nous avons lâchement quitté une partie qui va se poursuivre avec d’autres « vilains » que nous puisque la nature a horreur du vide. Les modérés d’hier seront les méchants de demain.
La féria, la convivialité, l’enthousiasme, les sous, le voyage annuel sont autant de prétextes à convenir contre vents et marées que la fête est belle et qu’il faut qu’il en soit ainsi, car ailleurs - on le sait - ça n’est pas mieux. Car ne pas adhérer revient à s’exclure, à être banni des cercles, des réseaux, de la reconnaissance, de la con-si-dé-ra-tion.
N’oublions pas au passage « France Bleue Gascogne », la Radio pour les bleus, le quotidien Sud Ouest avec son collaborateur Zocato pas contrariant, et la chaîne cablée Alegría avec son Hervé Touya émerveillé et ses invités bénis-oui-oui, journalistes résolus à n’être que les agences publicitaires des municipalités organisatrices. Ajoutons au décor tous ces toros autocollés au cul des voitures ; ajoutez aussi deux doigts de Vino Griego et une lichette de Agur Jaunak et vous obtenez un cocktail qui risque d’être servi quelques années encore. C’est la loi des modes et des cycles dans une société où chacun déplore le manque de profondeur mais s’en contente confortablement ».
Ah ! la critique !... taurine... coquine... mesquine... et... riquiqui, ridicule, navrante, aux ordres, méprisante, prétentieuse et minable. Nulle et morte... cachée derrière un callejón, le portable allumé, dos rond face à la piste et le bide rempli ! Mais, j’ai oublié tant de choses et je ne parle même pas des toros... Mon dieu, mais c’est bientôt que tout ce cirque reprend ! J’irai malgré tout car j’aime les taureaux de combat, c’est devenu la seule et ultime raison... la plus valable d'ailleurs et puis aussi pour les dos nus... n’est-ce pas Bruno ? Rendez-vous dans le Gers en mai...