24 janvier 2013

Bilbo’quet (II)


Autant nous sommes habitués ici à mettre en avant les programmations d’arènes modestes, non pas tant portés par les liens qui nous unissent avec certaines d’entre elles que par l’intérêt taurin qu’elles suscitent — Parentis, Céret, Orthez, Azpeitia, pour ne citer qu’elles —, autant il convient de saluer cette année l’annonce des ganaderías qui seront combattues à Bayonne, arène de première catégorie (même si la notion de 1re catégorie en France peut prêter à sourire, en particulier quand il s’agit de la présentation des astados).

Cela fait plusieurs années que la plaza basco-gasconne cherche sa voie dans un calendrier qu’il est juste de considérer comme complexe ; car Bayonne n’a pas de féria à proprement parler comme peuvent en avoir, par exemple, les voisines de Mont-de-Marsan, Dax ou Saint-Sébastien. De plus, les arènes sont excentrées et la concurrence aoûtienne est, on le sait, très rude : Dax, Saint-Sébastien, Parentis…

Bayonne est-elle torerista ou torista ? Voici la grande question bien absurde qui fait encore couler l’encre médiocre d’un certain chroniqueur taurin du lieu. Elle n’a pas à être l’une ou l’autre, elle se doit seulement, au regard de son histoire et de sa position dans un département où la corrida est réduite à la portion congrue, de présenter des corridas dignes de ce nom.

Après avoir réduit le nombre de courses ces dernières années, Bayonne a plus ou moins réussi à mettre en place des carteles assez équilibrés dans lesquels les figuras ne bouffent pas tous les postes, et où une attention particulière est portée au choix des toros. Cette dernière partie de l’équation sera encore plus vraie en 2013 : Fuente Ymbro, Joselito/La Reina, Cebada Gago et Dolores Aguirre Ybarra. Bayonne réussit à monter un plateau dans lequel on recherche autre chose que les Miura ou les Victorino, pour sauver la face des corridas dites «dures», et l’on évite les éternels Daniel Ruiz, Núñez del Cuvillo, Victoriano del Río et autres, pour le côté «vie en rose». Le bémol vient de la novillada d’Antonio Bañuelos qui fait regretter que l’empresa n’aille pas chercher des élevages plus originaux ou moins vus.

Le retour des Dolores Aguirre Ybarra est une nouvelle particulièrement réjouissante après une année 2012 incompréhensiblement blanche (une corrida à Pampelune) pour la ganadera basque.

Le meilleur de tout cela, pour en terminer avec les atermoiements concernant la plaza de Bilbao (ceci expliquant le titre de ce texte), est que ce lot de Dolores Aguirre était, paraît-il, initialement prévu pour Bilbao. Si l’on fait le compte, la plaza biscayenne a laissé passer les Dolores et les Cuadri, alors même que c’est la photo d’un superbe Cuadri (‘Ribete’) qui ouvre l’entête du site Chopera Toros (la famille Chopera étant gestionnaire des arènes de Bilbao), photo piquée sans demande préalable aucune à Campos y Ruedos.

Bref, ne reste plus à la plaza bayonnaise qu’à confirmer la bonne tenue de cet elenco ganadero en concoctant des carteles attractifs et en arrêtant aussi les fouilles systématiques à l’entrée des gradins — les bouchons en plastique sont interdits ici.