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15 avril 2013

Cortés y Hemingway



Ce portrait, je l’ai aperçu dans la nature morte de Jérôme et dans le noir et blanc de Frédéric ; je me rappelle l’avoir vu sur les hauts murs chargés d’histoire d’une de ces grandes familles, mais j’ai dû rêver. Cette élégante affiche tabac, œuvre du peintre Hernán Cortés Moreno, incarne à merveille « la beauté maladive et mystérieuse de Belmonte » (Ernest Hemingway). 

11 avril 2008

"Seguiriya a los de Salteras y Cehegín"… Suite sévillane (II)


Séville, jeudi 3 avril 2008

Chante Agujetas, chante. Sens la brûlure du vent, et écoute la seguiriya. Sous l'astre de feu qui frappe la terre atrocement, et grille les oliviers et les blés aussi. Derrière les murs de chaux craquelés, il y a la vieille Paquera et Pepe, le forgeron, il y a aussi Barullo, le marchand d'eau et même Kiko, le fou, tout le monde est là, tout le monde t'entend, alors chante Agujetas, chante. Dis-leur la terre qui se soulève et les arbres qui hurlent leur soif. Dis leur la mort des oiseaux sur le sol poussiéreux, le petit volet qui claque et ce chien qui gueule sans savoir pourquoi. Raconte-leur le pari morbide de vivre sur ta terre d'Andalousie. Chante Agujetas, chante. Dis-leur que Salteras est la Terre de celui qui a caressé les grands toros gris. Dis-leur comment son poignet les a cherchés, les a emmenés loin là-bas, et les a ramenés et ramenés encore, en les faisant tourner, tourner et tourner toujours jusqu'à en désirer mourir. Chante-leur la seguirya de celui qui a fait danser les grands toros gris comme les eaux du Guadalquivir posent leur souffle humide sur la grande Séville. Lentement, doucement, sans bouger, ou presque. Dis-leur l'onde du toque sur l'étoffe comme les flots sur la lagune de la marisma, le vol velouté des muletazos et le claquement langoureux des trincheras. Le temps s'est arrêté, puis les larmes des gens d'Andalousie ont coulé. Chante Agujetas, chante. Dis-leur que Manuel Jesús a posé l'epée ensanglantée quand 'Lazarillo' est tombé, quatre fois percé. Dis-leur que le vent a soufflé plus fort sur le grand ruedo rouge, le sable a volé et a emmené avec lui les promesses du grand bonheur de tout ton peuple, Andalousie.
Et Cehegín a exulté, quand son Roi a fendu la terre de son pas de boiteux, vainqueur du monstre assassin qui a goûté son sang et sa chair et qui en a demandé deux fois. Qu'ils sont longs, les douze temps de la seguiriya, Agujetas, qu'ils sont longs. Il s'est relevé, le grand roi de Cehegín, et n'a rien souhaité offrir de plus à 'Galletero'. Marche en avant, grand roi, droit devant et gagne les terres du monstre gris jusque dans son antre. Pose ton pied sous son souffle de terreur. Douze temps, douze pas. Il a frappé et frappé encore de son capote impérial, avant que ne claque comme l'onde du grand fleuve, la media qui fit hurler la majestueuse Séville. Chante Agujetas, chante la seguirya en douze temps. Celle du roi de Cehegín qui a brisé les grands toros gris. Tout son peuple l'a poussé, le vieux combattant, tout son peuple l'a pleuré, même ceux de la grande cité blanche, quand il découpa le monstre en deux. Chante Agujetas, chante, et dis-leur que nos larmes se sont mélangées au sang du vaincu et à la sueur du vainqueur. Tous se sont levés et ont voulu ta gloire qu'une âme vide t'a volée, grand roi de Cehegín. Tu peux partir en paix.
Dis-leur que j'ai vu la Giralda trembler, Agujetas, dis-leur... Séville, je t'aime.
El Batacazo

Photographie Statue de Juan Belmonte, le regard tourné vers la Maestranza, depuis l'entrée du quartier de Triana, pour l'éternité © Campos y Ruedos

03 mars 2007

De l'importance de la lidia - La Faena du Montepío


Dans son ouvrage consacré à Gallito, Joël Bartolotti nous conte, dans un chapitre consacré à la competencia entre José y Juan, le triomphe reçu par ce dernier le 21 juin 1917 à Madrid lors de la corrida du Montepío de toreros face au toro 'Barbero' de la veuve de Concha y Sierra.

Ce jour-là, le Trianero réalise une faena cumbre, que le grand Joselito considéra comme la meilleure de son ami dont il fut le témoin.

Plus tard, Juan Belmonte déclara au sujet de cette œuvre taurine passée depuis lors à la postérité : "Non, ce toro n'était pas aussi extraordinaire que vous croyez. Et même il n'était pas très bon. C'est nous-mêmes qui l'avons rendu bon, nous tous, mes peones, Gaona et Joselito qui l'ont toréé de cape exactement comme il convenait, et me l'ont préparé, si bien que j'ai pu enchaîner ma faena tout naturellement. Vous ne pouvez pas savoir ce que peut représenter pour un toro, même s'il n'est pas très brave, le fait d'être toréé au moyen de passes de cape bien conduites, quand chacun y met du sien. Ce jour-là, tous m'ont aidé, comme s'ils s'étaient unis pour préparer mon triomphe !"

Combien de taureaux gâchés par les multiples capotazos, ravageurs et idiots, de peones aux ordres de maestros indifférents, planqués dans le callejón ?