Ça a des airs de « nouveau monde ». Une Amérique latine à deux pas de pottock de Bayonne. Je n’ai jamais mis les pieds dans les férias américaines mais c’est l’image que j’en ai. Une placita de sable sombre qui s’esquive loin des heurts de nos vies, des mamelons de verdure grise qui protègent le calme et un ciel d’incertitudes noires sabrées d’un soleil piquero. Azpeitia est une féria du bout d’un petit monde où l’afición est grande et toute simple. L’ostentation, les parades mondaines étiquetées « Paseo » se meurent dans les virages qui effleurent l’Urola depuis Zestoa. Azpeitia est une féria « muy pequeña » à l’âme de grande dame, un point c’est tout.
Ce qui est sympathique quand on visite des couvents encore occupés par d’évanescentes apparitions aux formes toujours féminines, ce sont les gâteaux. Oui, les gâteaux. Ces petits bonheurs tout doux qui sont faits de cette patience qui n’est plus qu’un mot aujourd’hui. Madeleines, petites sucreries, douceurs de quelques secondes (10 ans sur les hanches dirait une amie) ; régalons-nous et merci les nonnes. Au-dessus de l’arène blanche d’Azpeitia s’élève un couvent retapé, beige, fringant. Aux plus hautes fenêtres, collées les unes aux autres , droites, la coiffe parfaite, nos sœurs guipuzcoanes président le spectacle. Elles sont là à 18 heures pétantes, elles ne partent que quand « la messe est dite », immaculées, bien rangées, discrètement ; elles doivent glisser sans bruit sur les parquets luisants.
C’est à croire que c’étaient elles, les blanches dames aux mains jointes, qui avaient envoyé ce lot de toros. Des gâteaux de toros, du savoureux pour l’aficionado, des petits délices de bravoure et de caste piquante. Des toros de combat dans des enveloppes de madeleine, des guerriers sous l’apparence de gâteries sucrées. Des palhas comme on désire en voir plus souvent. Evidemment, le sieur Folque de Mendoça, le vrai éleveur, n’avait pas envoyé le gratin de la camada niveau présentation. C’était logique mais ses errements aturins (en particulier) persévèrent outre-Pyrénées. Cornes escobillées, astillées, pointes douteuses, du Palha de scandale... en France. Qu’un toro fusse brocho, gacho ou cornicorto n’est pas en soi un problème si les cornes ne souffrent pas la suspiscion de l’afeitado. Lundi à Azpeitia, l’afeitado sentait plus fort que le pur brebis des Pyrénées du berger de l’Anie, c’est dire.
Ce qui est sympathique quand on visite des couvents encore occupés par d’évanescentes apparitions aux formes toujours féminines, ce sont les gâteaux. Oui, les gâteaux. Ces petits bonheurs tout doux qui sont faits de cette patience qui n’est plus qu’un mot aujourd’hui. Madeleines, petites sucreries, douceurs de quelques secondes (10 ans sur les hanches dirait une amie) ; régalons-nous et merci les nonnes. Au-dessus de l’arène blanche d’Azpeitia s’élève un couvent retapé, beige, fringant. Aux plus hautes fenêtres, collées les unes aux autres , droites, la coiffe parfaite, nos sœurs guipuzcoanes président le spectacle. Elles sont là à 18 heures pétantes, elles ne partent que quand « la messe est dite », immaculées, bien rangées, discrètement ; elles doivent glisser sans bruit sur les parquets luisants.
C’est à croire que c’étaient elles, les blanches dames aux mains jointes, qui avaient envoyé ce lot de toros. Des gâteaux de toros, du savoureux pour l’aficionado, des petits délices de bravoure et de caste piquante. Des toros de combat dans des enveloppes de madeleine, des guerriers sous l’apparence de gâteries sucrées. Des palhas comme on désire en voir plus souvent. Evidemment, le sieur Folque de Mendoça, le vrai éleveur, n’avait pas envoyé le gratin de la camada niveau présentation. C’était logique mais ses errements aturins (en particulier) persévèrent outre-Pyrénées. Cornes escobillées, astillées, pointes douteuses, du Palha de scandale... en France. Qu’un toro fusse brocho, gacho ou cornicorto n’est pas en soi un problème si les cornes ne souffrent pas la suspiscion de l’afeitado. Lundi à Azpeitia, l’afeitado sentait plus fort que le pur brebis des Pyrénées du berger de l’Anie, c’est dire.
Je ne goûte pas du tout les pratiques de João Folque de Mendoça mais force est de constater qu’il élève de bien bons toros de combat. Un bémol cependant. Les palhas ne ressemblent plus aux palhas. Il faut laisser le temps au temps, j’en suis conscient, mais cet élevage est devenu une mesclagne d’origines diverses quoique très proches dans laquelle il est difficile de trouver une homogénéité physique. D’après des informateurs scrupuleux (merci Thomas), trois étaient Domecq (1, 2 et 6) et trois étaient Baltasar Ibán (3, 4 et 5). La différence, me direz-vous ? Le Baltasar Ibán paraît plus fin de type, plus léger et peut-être moins enmorrillado. Le pelage castaño chorreado du cinquième ne prêtait pas tellement à confusion. Tout ce mélange de sang s’apparente donc à un laboratoire de recherche, certes passionnant pour l’aficionado, mais qui ne donne pas à l’élevage une ligne directrice vers laquelle tendre même si le ganadero défend ses choix pour éviter, en particulier, la consanguinité*. Peut-être la réussite de notre entourloupeur lusitanien réside-t-elle justement dans le fait d’avoir réussi à donner un certaine (parfois relative mais bien réelle ici) homogénéité comportementale à ses toiros. Azpeitia aussi est un laboratoire où les éleveurs peuvent envoyer des toros de notes sans se prendre la tête sur la présentation. Une arène test en somme pour les familles d'une ganadería.
Ces palhas « modernes » firent honneur à leurs aïeux mais ne trouvèrent pas toujours de combattant à leur niveau. Et pourtant il y a avait de quoi ! Pepín Liria se montra timide face à son premier qu’il fit châtier au-delà du raisonnable, à dessein sans doute. C’est facile à réduire un toro encasté malheureusement. La charge du palha devint pastueña, lourde et incertaine et Liria n’arriva jamais ou ne chercha pas à trouver le sitio idéal. Et un toro gâché, un ! A son second, certainement piqué au vif par l’oreille de López-Cháves, notre émérite golfeur s’en alla recevoir 'Camarito' à genou et nous retrouvâmes le Pepín valeureux et gonflé des années 1990. Le toro poussa bien sous la première et unique pique, Pepín avait retenu la leçon. Confondant de noblesse, jamais stupide, le bicho s’engouffra avec faim dans les muletazos disparates du torero de Cehegín. A gauche, le palha se faisait des torticolis et Pepín esquissait la profondeur en quatre succulentes naturelles. Les tenues des bonnes sœurs frétillaient. Le pinchazo final interdit le trophée mais la vuelta fut chaleureuse.
Notre commercial de service était là sans ses rouflaquettes, sans son palmito, dans un sobre traje blanc maculé de rouge. Presque normal. Plus je vois Padilla, moins je veux le voir, la routine peut-être. Vulgaire, tricheur, sans poder, le "cyclón" afficha tout ce que certains détestent chez lui. Son premier palha est un grand toro de combat qui prend sa première pique en mettant bien les reins, calé par la fixité et la volonté d'en découdre. Padilla le voit et comprend. Etrangement, on le laisse s'échapper par deux fois au cheval de réserve contre lequel le "baragouineur de Jerez" devait espèrer qu'il s'épuise. Raté ! Padilla poussa même le mauvais goût juqu'à lancer sa montera sur son piquero pour faire croire au public qu'il trouvait lui aussi cela intolérable. Du grand Zavatta ! 'Marismo', n° 58, fond sur tout ce qui bouge, un léopard. Puissance et souplesse. Bien que "distraído", 'Marismo' ne demande qu'une chose : être toréé, contraint, dirigé. Sa caste est débordante, vive — peut-être gênante — mais Padilla en a vu d'autres se dit-on. Rien, nous ne vîmes rien d'autre qu'un rendez-vous manqué, une erreur de casting. Mille applaudissements à 'Marismo', l'animal le plus complet de la journée, une madeleine volontairement effritée par un grand enfant caractériel et fatigué. ¡Lástima!
Bis repetita à son second, le beau 'Saltillo', castaño chorreado armé fin et coupé court par l'enflure en rouge et blanc. Sur le deuxième muletazo, il s'envoit le marron dessus, exprès, et remue les épaules pour nous dire que nous n'étions qu'un tas d'ignares pour croire ce toro potable. Merci Juan José de tant nous éclairer. Hasta la próxima, puisse-t-elle venir un jour de gros orage...
López-Cháves toucha la madeleine de la journée, la moelleuse, toute de saveur douce. 'Sardinero' a dû taper la causette avec à peu près toutes les fourmis de la plaza. Il aurait fait l’autruche s’il avait pu la baisser plus sa tête. Une machine à charger droit et franc. Le laborieux López-Cháves en profita, animé par la faim de triomphe et de reconnaissance mais aussi par une bonne connaissance de la lidia. Toreo croisé, passes bien tirées et distance adéquate. Que du très correct même si ce torero charro n’a pas l’art gravé aux poignets. Une oreille et vuelta pour 'Sardinero' le tout doux. Encore une vuelta « marseillaise », sans fondement ni logique taurine. La noblesse, rien que la noblesse et toujours la noblesse. López-Cháves remontra ses bonnes manières au dernier et cette belle après-midi s'acheva, un petit rictus sur les visages basques et la robe légère pour nos "lointaines" dames blanches. A demain Azpeitia !
* Lire 6Toros6, n° 557, du 1er mars 2005.