31 mars 2008

Aignan sur Photaurines


Vous trouverez sur le blog Photaurines une galerie complète de la journée taurine d'Aignan 2008. Dans le froid, une novillada matinale de Meynadier a frôlé le drame avec l'accrochage du local Thomas Dufau et l'après-midi, les matadors El Fundi, Javier Valverde et Julien Lescarret ont affronté des toros de Antonio San Román.

D'après les bribes recueillies auprès de personnes présentes à Aignan, El Fundi aurait été bon et les toros de San Román "sans commentaire" spécial si ce n'est une injustifiée vuelta al ruedo au quatrième. Lentement, une "norme" dangereuse et stupide s'installe dans nos ruedos... Bonne visite.

Photographie El Fundi face à un San Román, Aignan 2008 © Photaurines

Mundotoro annonce José Tomás à Madrid


Ce n’est resté que quelques minutes, mais suffisamment longtemps pour que l’info se diffuse. Voici ce qui a été annoncé sur "Mundomachin" à 15h25 : "Madrid (España). José Tomás toreará los días 5 y 15 de junio en Madrid definitivamente. La Comunidad de Madrid ha impuesto su criterio sobre las negociaciones empresariales y a última hora ha mediado para que el de Galapagar toree en las citadas fechas."

L’annonce officielle des carteles est pour demain. J’espère que cette angoissante nouvelle, cet étrange scoop qui disparaît aussi vite qu’il est apparu ne vous gâchera pas la soirée...

En tout cas ça fait du buzz !

Céret, Beaucaire, Istres…




Les carteles du prochain Céret de Toros sont connus depuis quelques jours :
Samedi 12 juillet
Toros de Prieto de la Cal pour Rafaelillo, Julien Lescarret et Fernando Cruz.
Dimanche 13 juilletToros de Hernández Pla pour Fernando Robleño, Luis Vilches et David Mora.
Lundi 14 juilletToros de José Escolar Gil pour un mano a mano Luis Francisco Esplá, El Fundi.

Une ville qui cette année devrait bouger, et dans le bon sens, c’est Beaucaire. La nouvelle municipalité a confié la gestion des arènes à l’ancien matador Stéphane Fernández Meca qui annonce d'ores et déjà un programme plutôt alléchant : deux novilladas de Pablo Moyoral et de Monteviejo et une corrida de Victorino Martín. Tout cela se déroulera les 26 & 27 juillet prochains.

A surveiller également la plaza d’Istres qui va nous proposer une corrida de José Escolar Gil.

Pour illustrer ce post, une photographie de l’actuel chargé de gestion des arènes de Beaucaire, alors qu’il était en activité, à Nîmes et devant un Pablo Romero. Je crois me souvenir que c'était en matinée, avec Richard Milian. Nous avions ensuite pris la route pour Céret et une ennuyeuse novillada d'Ortigao Costa. Pendant ce temps, José María Manzanares, le père, faisait ses adieux aux arènes de Nîmes, un pétard. C’était en 1996.

30 mars 2008

Une confidence


Je vais vous faire une confidence. Depuis presque trois ans que je me suis mis au tout numérique, je crois que je viens seulement de comprendre comment tirer le meilleur parti de mon scanner à négatifs. Jusqu’à il y a peu, je scannais avec une définition de 4000 pixels, alors qu’un réflexe numérique donne des fichiers avec une résolution de 300 - si j’ai bien tout compris. Résultat des courses, du grain, du grain, et la moindre poussière... Enfin, si j’ai bien tout suivi. Depuis peu, je scanne avec une définition de 400 pixels ce qui semble m’autoriser tous les espoirs quant à la résurrection de mes vieux négatifs. Ici, c’est José Tomás en Arles, c’était il y a longtemps, c'étaient ses débuts et une de ses rares prestations chez nous.
Ah... vous êtes déçus. Vous pensiez que j’allais vous expliquer pourquoi Tomás ne sera pas à Madrid. Je n’en n’ai pas la moindre idée figurez-vous. Pas le moindre début de la plus petite explication. Je n’imagine pas que ce type ne puisse pas faire face à la pression de Madrid, Bilbao... Ou alors il est encore plus jobard que ce que j’imagine. Le fric ? Le sujet m’intéresse tellement peu, et puis ne fréquentant pas les cuisines et encore moins le coin poubelles du mundillo... La télé ? Peut-être... Allez savoir ! Tout ceci ne m’empêchera pas d’aller le voir à Barcelone, avec El Juli, le 20 avril prochain. On clique sur la photo. C'est impressionnant mais sans conséquences.

Palha, Del Moral y João Folque


Voici la traduction d’un post de notre ami Pablo García Mancha qui nous pardonnera nos approximations :

« José Antonio del Moral, dans un étalage d’indépendance et de rigueur journalistique, a écrit aujourd’hui sur les toros d’hier : " J’ai eu la chance d’avoir à mes côtés l’éleveur João Folque de Mendoça, de Palha, et sa charmante épouse, et tous les trois, nous nous sommes amusés à noter* chacun des six exemplaires qu’il a amenés cette année à Séville, une fois combattus. » J’aurais personnellement tendance à dire qu’il est heureux qu’ils les aient notés après la lidia. Encore qu’il eut été plus original de les noter avant, dans les corrales ou au campo, ou même lorsqu’ils étaient becerros.
Il faut dire que certains critiques taurins touchent au sublime, comme ce Del Moral qui est capable de nous offrir des phrases et des trouvailles tout simplement mémorables : « Je sais que de nombreux spectateurs, un nombre important de professionnels et plusieurs critiques, jusqu’à ceux de médias importants, ne savent pas voir comment sont les toros lorsque ceux qui sont devant ne savent pas les lidier ni les toréer correctement. Mais c’est justement pour cela que certains, comme moi, sont là pour expliquer et faire découvrir
Del Moral a adoré la corrida. Il a écrit qu’elle fut brave et desaprovechada (mal utilisée) par les toreros. Personnellement, elle ne m’a pas plu. Je l’ai trouvée mansita, descastada y bravucona. Par contre, oui, bien présentée, avec des astillas au bout des cornes et très compliquée pour les toreros. Mais, évidemment, lui la notait avec l’assentiment du ganadero et de sa charmante épouse... »
Pablo G. Mancha

* Traduction en français du verbe castillan puntuar soit, ponctuer ou, ici, noter. Ça ressemble à puntas mais ça n’a aucun rapport, un faux ami en quelque sorte. Qu’on se le dise !

Photographie de Arjona empruntée sur le site de la Maestranza.

Un regret


Madrid, juin 1996, féria de San Isidro. Le matador, c’est Domingo Valderrama, que j’ai toujours beaucoup apprécié. Le toro, je ne sais plus. Un Cuadri ou un Dolores Aguirre. Je pencherais plutôt pour ce dernier élevage. Je me situais au tendido bajo del 9, peut-être au 10. Et de cette position, un 300 mm en focale fixe n’est pas à proprement parler l’outil idéal lorsqu’il fait office d’optique unique. J’étais dessus, je collais à l’action, un peu trop.

Le long, le très long toro noir défile devant le petit Domingo, interminablement, pour s’envoler, puissant et lourd, dans un pecho main gauche salvateur. Oui, parce qu'une passe de pecho, normalement, c’est pour se libérer des charges pesantes et répétées des toros braves. Si ce n’est pas une passe fondamentale, de domination, ce n’est pas non plus un exercice de style pour amuser la galerie. En tout cas, c’est comme cela que les choses devraient être, d’où l’incongruité de ces doubles pechos, pourtant très actuels. Car un toro de caste vive n’autorise pas le double pecho. Le maestro Antoñete, dans le bouquin de Moles, déclare d’ailleurs à ce sujet : « No entiendo esa moda de rematar una serie de muletazos con dos pases de pecho. Es como decirle a un amigo: "Adiós, luego nos vemos." Y sin venir a cuento, repertirle segundos después: "Adiós, luego nos vemos." Si has rematado, ¿para qué vas a re-rematar? Modas absurdas. »

J’en reviens donc à ce Dolores Aguirre qui défile interminablement dans la muleta du petit Valderrama. Je l’ai dans le viseur, je le suis, il décolle et, hop ! je shoote, comme d’hab’… En 1996, nous n’étions pas encore à l’ère du numérique, et ce n’est que plus tard que je constaterai qu’il me manque la tête. Des photos, évidemment, j’en ai raté des centaines. Mais aucune, comme celle-là, n’aura été pareille source de regrets et de frustration. Je me suis souvent demandé ce qu'elle aurait donné avec la tête non coupée. Je ne le saurai jamais.

Et c’est Laurent Larrieu himself qui vient au quite pour nous confirmer qu’il s’agit bien d’un Aguirre. Dans la revue Toros n° 1530 (13 juin 1996), Joël Bartolotti écrivait : « Au 4e, le sevillanito (Valderrama) fit preuve de plus de caste que l’Aguirre, aguantant même un pecho de manière indicible. »

Un regret, je vous dis…

28 mars 2008

"... cette corne que nous ne saurions voir..." Campos de Castilla (IV)


Aficionadas, Aficionados,
Les images qui vont vous être présentées sont susceptibles de heurter votre sensibilité. Il s’agit de photographies choquantes, possible source de traumatismes profonds pour chacun d’entre vous. La rédaction de Camposyruedos a longuement débattu de la pertinence de diffuser de telles scènes à la limite du soutenable, mais nous tenons à aller jusqu’au bout de notre démarche en considérant que si telle est la réalité, elle doit être affichée aux yeux du monde. Evidemment, nous ne pouvons que conseiller aux âmes trop sensibles de détourner le regard. N’écoutant que notre sagesse, nous avons pris le parti de vous aider à surmonter cette épreuve en plaçant sur chacun de ces clichés un petit logo (voir photographie de gauche).
Si vous êtes les heureux parents de mômes qui rêvent de toros et pour lesquels la corne est une merveille de mystères, ayez dès à présent l’obligeance d’accepter nos profondes et sincères excuses car nous avons conscience que nous allons voiler de trouble, et pour longtemps, la vive clarté de leurs yeux grand ouverts.
Car il est question de cornes dans cette triste évocation de la laideur. Et une corne sur un toro, ça compte, fut-elle grande, fine, longue, arrondie, dans la ligne du frontal ou à gratter le derrière des glands sous les aisselles des chênes verts.
Il y a trois ou quatre ans, un producteur andalou élevant du Jandilla de façon industrielle (et avec une certaine réussite) s’est mis en tête de protéger les cornes de la camada de saca avec une sorte de capote en résine (époxy). Depuis, l’idée et la pratique ont fait leur chemin chez nombre de ganaderos et il devient difficile de visiter un élevage vierge de ce que les Espagnols nomment les "fundas". Il existe, pour ce que nous en connaissons, plusieurs types de fundas dans le campo ibérique.
Pour les plus sécuritaires, plongés de toute leur âme dans les mœurs de notre présent, le choix s’est porté plutôt sur une funda intégrale qui recouvre la quasi intégralité du pitón. C’est la funda la plus connue et dont la mode fut en son temps lancée par ce producteur de cornus que nous évoquions quelques lignes plus haut, Ricardo Gallardo (Fuente Ymbro). C’est la funda "capote anglaise" qui protège de tout et ne lâche rien ! Plus au nord en Castille, chez José Escolar Gil, a été élu un modèle printemps-été, plus court vêtu mais aussi plus voyant. C’est la funda "capote landaise" (en référence aux vaches landaises dont les cornes sont emboulées) qui protège le bout et c'est déjà bien. Entre ces deux capotes, notre cœur ne balance pas mais alors pas du tout.
José Escolar Gil est un petit homme d’une soixantaine d’années qui a la chance d’être propriétaire d’un sang passionnant à voir combattre : l’Albaserrada (croisé avec du Santa Coloma-Buendía par Camino). Il a le pelo cárdeno, un 4x4 tout neuf, un gendre matador et un mayoral beaucoup plus typé Murube de 15 ans que Saltillo cuatreño. José Escolar Gil aime bien se moquer "gentiment" de ce mayoral mal aféité et surnommé dans toute l’Ibérie "Matacañas". Face à lui, l’espérance de vie de 33 cl de bière San Miguel s’apparente à celle d’une chanson de Nougaro à la "Star’ac"... Il n’y en a pas !
José Escolar Gil, donc, a une jolie camada cette année, et de manière plus générale, un superbe élevage de bravos. Dans la vallée du Tiétar, à trois bornes de la bourgade de Lanzahíta, tout est propre, bien rangé. A "Valdetiétar", la tôle grise n’est pas de mise, le 4x4 est tout neuf, le Fundi a la classe à cheval et les toros d’origine Albaserrada sont beaux et fins dans les lumières diaphanes qui traversent les humeurs de l’hiver. Un presque paradis taurin... Presque car il y a ces bouts de résine jaunie par l’attente comme autant de taches de sale sur la nappe bien dressée d’un deux étoiles un dimanche à la campagne. Cela n’empêche pas de bien manger, cela fait tache, c’est tout. Elles sont hideuses ces fundas. Pour autant, l’avenir est en marche et nous ne pourrons rien contre cette réalité du "risque zéro" qui prolifère insidieusement sur le campo. "C’est ainsi" diraient les vieux sages, la larme à l’œil. La seule chose que peut faire un simple aficionado, c’est s’interroger sur le bien-fondé de la pratique et surtout sur ses éventuels aboutissants.
Quand les fundas sont apparues (voilà à peu près 2 ou 3 ans), elles ont été présentées à l’Afición comme garantes de l’intégrité des cornes des taureaux de combat. Elles permettaient, soi-disant, d’éviter que ces toros ne s’abîment les pitones au campo. C’est connu, les toros ont cette "désagréable" tendance à se gratter les cornes dans le sol ou contre les arbres. Malgré leur dureté, il s’agit d’un attribut ultrasensible pour l’animal et qui subit les effets du temps et les attaques parasites. Il suffit de relire certains passages du Tío Pepe qui, arguant de cette autoposologie bovine, défendait Eduardo Miura Fernández quand celui-ci était accusé d’aféiter ses toros par certains "méchants" de la critique taurine. Il vous suffira également de feuilleter la fin du livre de Pierre Dupuy, Palha, l’alchimie de la bravoure, pour découvrir la photographie d’un Palha se frottant la corne contre un arbre, photographie légendée par ces mots : "Afeitado : un Palha en plein travail". Bref, il est avéré que les toros peuvent en effet dégrader quelque peu l’enveloppe externe de leur corne ou se faire des astillas. Et ces dommages naturels ont pu parfois être un prétexte pour écarter d’un lot de saca certains bichos. Mais y avait-il autant de dégâts pour que cela nécessite la pose d’une telle protection ? D’autres raisons rentrent évidemment en jeu, bien plus prégnantes celles-là. D’ailleurs, à ce sujet, sachons gré à José Escolar Gil d’avoir été des plus francs avec nous. Les fundas ne servent qu’à éviter que les toros ne se tuent entre eux (par cornada). A rien d’autre. Et c’est logique ! En effet, le ganadero castillan nous a expliqué que les fundas étaient posées pendant l’hiver au cours duquel le novillo devient toro, quelques mois avant la course. Dans le cas, par exemple, du lot de Céret qui sera combattu mi-juillet, les fundas ont été appliquées fin décembre, début janvier. Les astados vont donc achever leur croissance physique (et morale...) affublés de ces protections. Elles seront ôtées, toujours selon l’éleveur, à peu près quinze jours avant la course. D’après lui, c’est le temps nécessaire pour que le toro se remette pleinement de l’opération contraignante que représente le retrait de ces fundas. Cet acte suppose une anesthésie pour la bête et une contention dans un cajón bien peu naturelles. Alors, si la corne a bien été protégée pendant au moins six mois, qu’en est-il pendant les quinze derniers jours ? Ne peut-on pas imaginer que le toro puisse s’abîmer cette corne dans les deux semaines de retour à la normale ? Cela est d’autant plus plausible que c’est dans ce laps de temps qu’il a à subir un embarquement, un débarquement et une phase d’adaptation au séjour dans les corrales. Autant de manipulations que craignent les professionnels au regard des possibilités (grandes) que la bête ne s’esquinte. Et puis ça tape un toro normalement, ça n’hésite pas ! Raisonnement de casse-c... me direz-vous car il existe cette ultime manipulation géniale qui blanchit plus blanc que blanc, l’arreglado. L’arreglado (notion sous laquelle il semble que l’on mette beaucoup de pratiques différentes et qu’il serait bon de surveiller de plus près), qui s’institutionnalise depuis quelques années, est là pour corriger le tir... Alléluia !
La thèse initiale de la protection de l’intégrité des cornes apparaît ainsi comme une supercherie dont l’objectif implicite serait de rassurer l’aficionado un tant soit peu suspicieux devant tant de contraintes imposées à l’animal naturellement peu enclin à être traité comme un toutou à sa mémère. A quand la mise en pli d’avant course, le brushing de star, la manucure des sabots ? La funda n’a qu’une utilité bien réelle : éviter qu’en se bastonnant (ils adorent ça ces cons de toros...), les toros ne se donnent des cornadas mortelles. La raison de leur existence est donc purement économique et n’a de sens que pour le ganadero. Et c’est une raison parfaitement compréhensible. José Escolar Gil « sauve » chaque année un lot de toros des aléas habituels d’une ganadería. Les 6 ou 7 pertes qu’il comptabilisait autrefois ne sont aujourd’hui qu’un souvenir lointain ; il peut vendre un lot de plus ! L’argument comptable dans une entreprise commerciale, fut-elle originale, ne peut être nié ou critiqué. Un ganadero est là aussi et surtout pour vendre ses animaux et beaucoup de moyens sont bons pour y arriver. Au moins José Escolar Gil a-t-il eu l’afición nécessaire pour ne pas sacrifier le sang Albaserrada de son élevage au profit, comme tant d’autres l’ont fait avec d’autres encastes (Coquilla, Veragua, Saltillo...), des très « lucratifs » avortons de Domecq. Néanmoins, et en intégrant ce fait économique difficilement critiquable, l’on peut se demander si cette utilisation des fundas ne va pas creuser un peu plus le fossé entre les ganaderos "d’en haut" et ceux "d’en bas". Le maniement régulier des toros implique une main d’œuvre et des moyens que beaucoup de ganaderías ne peuvent se permettre. Il en sera des fundas comme des maladies qui frappent le campo, seuls les plus forts en tireront profit, vendant plus encore (et si c’est du Domecq encore plus que plus), offrant les "garanties" que les autres ne pourront jamais présenter malgré leur afición. "C'est ainsi" diraient les vieux sages, la larme à l’œil.
Et puis, il y a le côté technique du sujet. Mettre des fundas, on imagine à peu près. Mais les enlever ? Comment enlever facilement une boule de résine collée à une corne ? A cette question innocente, José Escolar a répondu par une grimace. Non une grimace de refus de répondre mais une grimace mimant les efforts que cela demandait d’ôter une funda. Il a expliqué le plus naturellement du monde que c’était très difficile d’enlever une funda, qu’il fallait utiliser un couteau et qu’il convenait de gratter fort... Personne n’a bronché dans la voiture, le bruit de la pluie a suffi. Il est là le souci, ailleurs aussi mais surtout là. Malgré toute la bonne volonté qu’ils mettent à élever leurs toros, ces ganaderos capotés ne pourront empêcher d’imaginer que le maniement répété des toros peut multiplier les occasions, pour certains, d’être tentés de gratter, gratter, gratter... Et quand on gratte trop, ça saigne...
Les "toros con fundas" ont l’air con. Mais vraiment con... Et personnellement, mais ça n’engage que moi, s’il y a un qualificatif que jamais je n’aurais eu l’idée d’appliquer à un taureau de combat, c’est bien celui-là. Et pourtant, oui, ils ont l’air con. Et ils n’y sont pour rien, eux, qui atteignent l’âge adulte avec un gros bout de résine sur leur fierté bafouée. Je me demande si leurs réflexes sont les mêmes après ça, si l’appréciation des distances... mais je m’égare, quoique...
Alors, comme ils ont l’air con les pôvres, nous avons décidé d’en rire et d’inaugurer avec les Escolar Gil sous fundas une série de dessins humoristiques signés El Batacazo. La série, comme vous le constaterez s’intitule "Rire & tampons !" et nous sommes au "regret" de vous dire qu’elle risque de durer...


>>> Retrouvez les galeries (camada 2008 et vaches) de la ganadería de José Escolar Gil sur www.camposyruedos.com & la fiche technique et historique de l'élevage sur Terre de toros.

Photographie Toro de José Escolar Gil con fundas, février 2008 © Camposyruedos Dessin © Jérôme 'El Batacazo' Pradet

27 mars 2008

Pasodoble en houps majeur sur fond de houla hop et de vieille valse pompeuse


Je ne sais pas chez vous, mais par chez moi, les gens aiment danser. Et pourtant, on n'avait pas dansé depuis, piouuuuh ! au fond, je ne le sais même pas vraiment. D'ailleurs , je vous parle là d'une stabilité quasi statuaire. A tel point qu'on s'autosuggérait d'abandonner l'idée de tout MOUVEMENT. Et voilà que nous autres, nous qui vivions en marge du bal téleguidé bien-pensant, eh bien nous autres avons découvert que nous étions tous des musiciens en puissance (et des bons en plus !), grâce à notre plus bel instrument (hop là ! pas d'égarement), celui que nous possédons tous sans vraiment le savoir, je veux nommer, la VOIX (si, si, la voix...). Et donc, par chez moi qui est un peu chez nous tous, on s'est mis à jouer de la voix. Croyez-le si vous voulez, la valse napoléonienne indéboulonnable et un poil rouillée, il faut bien l'avouer, a enchaîné sur un "houla hop" de l'enfer. Jubilatoire. On n'en rêvait même plus de danser le houla hop ! C'est dire !
A l'heure où je vous parle , il paraît que ça danse le "houla hop" partout dans les rues de par chez moi ! Et même, il paraît que certains de ceux qui souhaitaient poursuivre la valse d'avant désiraient, au fond d'eux, danser le houla hop... En plus, ils vous diraient que ça fait longtemps qu'ils voulaient déboulonner la vieille ritournelle increvable et pompeuse !!! Alors on les a crus, pardi. Faut dire que par chez nous, ceux-là sont des musiciens qui jouent habituellement dans l'ombre, changeant d'air suivant l'assemblée... au rythme de la tendance, sans doute, comme ils l'ont toujours fait. Et maintenant ils font la girouette, et c'est plutôt drôle, comme danse.
Ainsi aujourd'hui, chez moi, on peut à nouveau bouger comme on aime. Tout le monde, même ! Et c'est super ! Chacun parle, raconte, déverse ses flots de lamentations sur le calvaire enduré pendant toutes ces années d'interdiction de houla hop ! Incroyable ! On n'aurait pas imaginé une seconde que les gens étaient aussi malheureux avant, surtout quand on les voyait danser aussi gracieusement la vieille valse. Mais en fait, si. Les pas se délient, maintenant... depuis que le houla hop a été entonné.
C'est donc la fin de la valse, chez moi, et on rigole bien avec mes amis "Barbu" et "Moustachu". On regarde bouger ceux qui aimaient bien avant la valse pompeuse et on les écoute surtout. Il faut dire qu'ils étaient tellement bien dans leurs précieux escarpins autour de la grande bouilloire du dance floor, qu'ils ne pouvaient imaginer devoir quitter la piste un jour. Ils avaient même un peu oublié de s'y préparer. Et patatras ! C'est dur pour les pieds !
N'empêche que maintenant que l'orchestre a changé d'air, on redistribue les rôles. Surtout que, honneur suprême pour tout musicien de par chez nous qui se respecte, il va falloir jouer les fameux pasodobles estivaux. Et c'est là qu'on rigole le plus !!! Qui sera premier violon et qui sera au triangle ? Et à qui le fauteuil de chef d'orchestre ? Bien-sûr, tout le monde rêve en secret de jouer ces pasodobles, de supporter pareil honneur, mais l'orchestre a changé, vous dis- je, et ceux qui jouaient la valse d'autrefois ne savent pas vraiment jouer le houla hop d'aujourd'hui, condition pourtant sine qua non pour jouer les pasodobles de l'été 2008. Ils voudraient bien, pourtant, et seraient même prêts à essayer tant ils sont mélomanes, mais c'est sans compter sur les spécialistes du houla hop qui ont suffisamment attendu pour ne pas se voir doubler sur la ligne d'arrivée. Et c'est bien normal, au fond.
L'ex-Karajan s'appelait Jipejielle, son premier violon se nommait "Oreille Unique" et le triangle avait un nom de chien... Saint-bernard ou chihuahua, je sais plus. Oh oui, à eux trois ils la jouaient bien la valse : à l'endroit , à l'envers... Ils en ont fait danser du monde. Et chacun leur rendait unanimement hommage et battait des mains à tout rompre dès que la partition était jouée, même quand ils dissimulaient de fausses notes, ou qu'une corde du violon cassait disgracieusement. Bref, nul n'aurait osé remettre leur compétence en doute, et d'ailleurs, chez moi, ça ne se faisait simplement pas. On aimait la valse, point barre.
Ainsi donc, le vieil orchestre a quitté le kiosque et les nouveaux postulants se préparent. Dans l'ombre, chacun répète ses gammes. La logique voudrait qu'un vrai specialiste du "houla hop-pasodobliste" dirige la manoeuvre, comme "Koukou", vieux prince déchu, lamentablement mis hors piste autrefois par des valseurs trop sûrs de leurs talents. Mais les "valseur-houla hopistes-pasodoblistes" (si, si , je vous assure que ça existe...), qui pointent de leur instrument souvent en fin de représentation, rôdent autour des chaises musicales fraîchement libérées. On dit que même les imprimeurs, pourtant complètement hors du coup, tenteraient bien leur chances ! Pfff... Soupir... Je fais confiance à leur dignité. Parmi les plus en vue, il y a le respectable "Loin derrière", et pourtant toujours au premier rang, et puis l'ami vigneron, qui s'y verrait un peu aussi. Mais le vieux "Koukou" aura son mot à dire, c'est sûr. Pour les violons et autres triangles, la vieille garde "houla hopiste" devrait s'organiser d'elle-même. Mes amis "Barbu" et "Moustachu" pourraient bien se mêler à la troupe, ainsi que la tonitruante timballe d'en haut de la côte de Saint-Pandelon ! Tout est possible, sur l'air du houla hop, tellement rien ne l'a été quand la vieille valse pompeuse était jouée. Il restera toutefois aux nouveaux musiciens à trouver des places pour l'assistance des anciens dans la salle de bal du grand parc, à moins qu'ils ne prennent instinctivement celles laissées vacantes par les "houla hopistes" fraîchement installés sous le kiosque ? En tout cas, une chose est désormais certaine par chez moi, par chez nous : les solos du pasodoble de cet été 2008 ne se joueront que de la main... gauche, sur la corne... gauche. Retour aux sources oblige, et c'est très bien ainsi.

Vous n'avez rien compris ? C'est pas grave, je vous expliquerai le moment venu...

Texte & dessin Jérôme 'El Batacazo' Pradet

26 mars 2008

Toros en Vic 2008, l'affiche

La deuxième du Fundi


Lorsque je contemple les photos des Miura sur le site, je ne peux que me réjouir de la fin des problèmes liés à la langue bleue puisque la course a, selon moi, sauvé la féria d'un ennui général aussi mordant que le froid des deux dernières tardes. En fait, je ne sais même pas si les Miura ont la langue bleue, car malgré quelque faiblesse lancinante, je ne me souviens pas avoir vu l'un des cornus ouvrir le bec hier au soir, mais là n'est pas vraiment le débat.

Quand on a le cran de se coller face à des bichos pareils, de le faire dans le respect des canons et avec une grande dignité, on mérite une considération immense de la part de l'aficionado. Alors si j'ai, moi aussi, trouvé la paire Fundi - Rafaelillo au dessus d'un Sánchez Vara aux faenas un peu manchottes (droite puis gauche aux 3° et 6°), je ne distinguerai pas les uns des autres au niveau du respect global que j'éprouve pour la terna qui a actué hier en la plaza d'Arles.

Cependant, hier, il y a eu un petit débat lors de la tertulia de la société taurine "La Muleta", ce qui tombe plutôt bien puisque c'est précisément le but de ce genre de réunion : El Fundi méritait-il la deuxième oreille du toro de Miura tué en quatrième position ? Pour ma part, si l'on compare aux oreilles coupées depuis le début de la féria, et notamment la veille, j'aurais tendance à dire qu'il pouvait repartir avec le toro entier et ses collègues aussi sans que cela ne me cause un quelconque sentiment d'injustice. Mais les présidences ont - parfois - le sens du sérieux et le souci de la crédibilité du palco vers lequel ils montent, c'est pour cela que les gestes effectués dans le sens de la respectabilité de la plaza me semblent dignes d'être remarqués.

Voici mon souvenir personnel des faits, en bref : après avoir tatonné en début de faena, l'aigle de Fuenlabrada a trouvé le sitio idéal face à ce toro de Miura et profité des atomes de noblesse du bicho pour donner un récital en trois mouvements : une série de naturelles puis deux séries de derechazos templés, toréés, engagés, quelques minutes de torería dans un océan d'ennui ("Rien n'égale en longueur les boiteuses journées, / Quand sous les lourds flocons des neigeuses années / L'ennui, fruit de la morne incuriosité, / Prend les proportions de l'immortalité"). Adieu le froid, la muleta madrilène a réchauffé nos corps plus sûrement qu'un raid de Phaéton. Epée engagée quoique légèrement tombée. Pétition majoritaire, la présidence considère la demande, fait tomber le mouchoir, fin de la pétition (j'en fus même surpris). Le Fundi fait un geste discret au président en accusant réception de l'appendice pour signifier qu'il en méritait un deuxième (je n'en ai rien vu sur le coup), puis entame une vuelta fêtée comme il se doit, un sourire novilleril aux lèvres. J'imagine qu'au poids de l'oreille octroyée, celle-ci devait sembler d'airain à son destinataire, qui ne l'échangea d'ailleurs contre nul chapeau (bonnet ?), sourire ou oeuf de Pâques Kinder.

De ceci, je retiendrai deux choses :
1/ Le Fundi est un grand torero, ce qui implique qu'il est un grand monsieur (relisez Wolff, "l'éthique du torero est une éthique de l'être") qui ne marchande pas les trophées quand vient l'arrastre, mais s'autorise une simple remarque souriante a posteriori ;
2/ Mieux vaut une oreille sérieuse célébrée par le public unanime que deux contestées par une partie de celui-ci (dans un autre cadre, nombreux sont ceux qui considèrent la vuelta de Rafaelillo au 5è Dolores Aguirre en mai dernier à Madrid comme un moment autrement plus important que certaines oreilles coupées dans la même plaza).

Retour à la tertulia : le président de la course, Rémi Varbedian, est présent et explique sa décision de n'octroyer qu'une oreille (pas de pétition de la seconde, épée tombée et souci de ne pas voir le Fundi faire une vuelta entachée de protestations) mais doit aussi se justifier d'une sonnerie tardive d'avis qu'il assume avec le même aplomb. Le tout est argumenté et d'une grande clarté. La question lui fut posée de l'oreille de Sánchez Vara au 6° : la pétition était majoritaire selon lui (ce qui se justifie, les gens préférant vociférer plutôt qu'agiter des mouchoirs...) et l'oreille venait récompenser les toreros venus affronter le lot de Miura (bon, ce ne fut pas l'argument le plus convaincant à mon goût).

(Ma) Moralité de l'histoire :
1/ Le Fundi a (encore) honoré la plaza d'Arles par son pundonor, sa torería et son comportement exemplaire dans la lidia et en dehors ;
2/ Le palco a fait honneur à la plaza d'Arles en ne bradant aucun trophée dans cette corrida sérieuse et en agissant dans l'esprit du règlement - et puis la deuxième oreille est celle du président !

PS A ceux qui pourraient considérer l'octroi de l'oreille du 6° comme une erreur, l'octroi d'un second appendice du 4° n'aurait en aucun cas constitué une réparation préliminaire mais bel et bien une première erreur... (c'est comme en foot : un pénalty injustifié de chaque côté = 2 fautes d'arbitrage).

25 mars 2008

"Huis clos", Mugron 2008


L'enfer, c'est les autres.

Hier, à Mugron, les "autres" ont été un paradis pour le président de la novillada pascale qui présentait un lot de Torrealta. Un paradis de silence qui a permis à ce Monsieur d'exprimer ses émotions comme dans un huis clos cadencé par le balancement des mouchoirs. Une oreille à Nazaré sans que personne ne demande quoi que ce soit, deux oreilles à Cabello parce que sa cuisse était balafrée d'un trait rouge (il s'est fait prendre en mettant à mort son premier novillo en terrain contraire), une vuelta posthume incongrue au quatrième novillo et peut-être, au bout du compte, la satisfaction d'avoir fait de cette coursiquette une réussite artistique facile à vendre et à peu de frais (il suffit des quelques scribes habituels pour écrire que c'était super... Suivez mon regard, comme un écho...). Une coursiquette d'entame de temporada. Rien de plus.
Un lot de 6 novillos desigual, certains sans aucun trapío (1° et 6°), d'autres plus proches du standard novillo de combat (surtout le 5°). 6 novillos estampillés faiblards, super nobles et... ? Pour la bravoure, nous ne pouvons décemment rien en dire car il n'y eut pas de tercio de piques, seulement cet habituel simulacre de l'unique picotazo de dosage permettant de conserver debout les bestioles de combat. Même pas la monopique longue et dégueulasse, non, seulement ce premier picotazo (et encore) à peine initié. A noter, le novillo n° 4 est celui qui fut peut-être le moins picotassé. Peut-être faut-il y voir un lien de cause à effet. Et je maintiens, dans mon "afición infuse", que le premier tiers est fondamental pour évaluer le caractère combatif du taureau de combat. Sans ce test de la bravoure pure, un toro n'est plus un toro et un éleveur n'est plus qu'un producteur d'une viande qui suit un drapelet. Et des producteurs, y'en a de plus en plus. Donc, il est impossible de dire aujourd'hui si ce lot de novillos de Torrealta fut brave ou non. Nous n'avons pas pu en juger.
Les novilleros ? Passons vite, ils ont triomphé, c'est normal. En soi, c'est heureux pour leur carrière et c'est bien de recevoir ce genre d'encouragement mais, au fond, ça peut être dangereux pour un jeune qui débute comme Cabello par exemple et qui a encore tant de choses à apprendre pour lidier un toro (les terrains, évaluer le nombre de piques, se mettre dans le bon sitio, tuer en donnant la bonne sortie au toro...) avant de se regarder faire ses fioritures stylisées. Ils ont triomphé mais demain personne ne se rappelera de leurs faenas, comme personne ne gardera en souvenir ce novillo banal de Torrealta dont le seul fait d'armes fut de charger le leurre en mettant bien la tête et en ne tombant pas, ce qui en soi était normal vu qu'il n'avait quasiment pas subi l'épreuve du premier tiers. Mais là, on tourne en rond.
Partout vous lirez que la coursiquette de Mugron fut bonne et même mieux encore chez certains. Vous le lirez... Ne pas croire tout ce qui s'écrit...

>>> Retrouvez une courte galerie de la novillada de Mugron sur le site www.camposyruedos.com.

Photographie Antonio Nazaré à Mugron, mars 2008 © Camposyruedos

Lamentable "Provence"


Le lundi de Pâques, en me rendant aux arènes, j’ai eu l’occasion de croiser un certain nombre d’aficionados pas contents, mais alors pas contents du tout, de l’édition du jour du journal La Provence. Que ce soit le Midi Libre, ou La Provence, il y a longtemps que je ne me penche plus sur ce qui peut être écrit là dedans. C’est encore plus vrai pour La Provence depuis le départ en retraite de Paul Bosc.
Mais il se trouve très souvent une âme charitable pour attirer mon attention sur quelques énormités. Il faut dire qu’en ce lundi de Pâques, l’énormité était de taille plus que respectable. Un peu la sardine qui bouche l’entrée du Vieux-Port à Marseille. Sauf que, pour le coup, ce n’était ni une sardine imaginaire, ni un poisson d’avril puisque ce ne sera que dans une bonne semaine.
Figurez-vous qu’une grosse cinquantaine d’antis, soixante-dix peut-être, sont venus manifester à Arles pendant la féria.
Et donc, pendant une féria qui draine plusieurs milliers d’aficionados et de festayres, le quotidien La Provence a décidé de rendre compte des activités d’une petite cinquantaine, soixante-dix peut-être, d’activistes anti-taurins en leur offrant la une du canard. Un canard enchaîné à qui ? On se le demande.
Hallucinant, il est tout simplement hallucinant qu’un quotidien d’information déforme à ce point la vérité. En matière taurine, nous ne nous étonnons plus de rien mais, dans le cas présent, le bouchon est tout de même poussé bien loin. Quelle légitimité a donc une petite cinquantaine de manifestants, soixante-dix peut être, pour se voir ainsi gratifier de la une du quotidien local, en pleine féria.
Pour qui roule La Provence ? Pour quelles raisons amplifier ainsi, de manière totalement artificielle, un phénomène complètement marginal ?
Si j’avais la moindre idée du pourquoi du comment de la chose je ne me priverais pas de vous en faire part. Pour l’heure, je ne peux que me contenter d’emboîter le pas des aficionados que j’ai croisés lundi en allant aux arènes, et me borner à trouver cela... minable.

¡Sí señor!


Vous avez accès depuis la page d’accueil du site, ou depuis la rubrique "Ruedos" à la galerie de la corrida de Miura. Une corrida très sérieusement présentée, très variée de comportement et passionnante de bout en bout malgré la faiblesse avérée de certains exemplaires.

Grosse faena du Fundi qui aurait pu être primée de deux oreilles si l’épée... Mais elle restera comme une oreille qui pèse, une véritable oreille venant récompenser une faena pleine de torería.

Rafaelillo, su vergüenza por delante, se l’est jouée (la vie), s’est arrimé et est reparti avec la grande estime de l’Afición.

Sánchez Vara, malgré une oreille coupée au sixième, ne fut pas à la hauteur de ses compagnons de cartel.

Nous reviendrons rapidement sur deux ou trois détails de cette féria arlésienne...

24 mars 2008

Alès 2008


À l’attention de ceux qui ne se sentent pas obligés de visiter régulièrement le portail taurin Burladero.com, les carteles 2008 de la Féria de l’Ascension d’Alès sont connus.

Samedi 3 mai. Toros des Héritiers de Christophe Yonnet pour Marc Serrano, Fernando Robleño et Morenito de Aranda ;
Dimanche 4 mai (matin). Novillada sans picadors, erales des Héritiers de François André pour des élèves de l’école taurine de Nîmes ;
Dimanche 4 mai. Toros de Dolores Aguirre Ybarra pour Rafaelillo, Domingo López Chaves et Sánchez Vara.

À noter que les trois élevages retenus sont largement "féminins", respectivement dirigés par Francine "Quinquin" Yonnet en compagnie de ses enfants Charlotte et Joseph, Anne-Marie Bosc et Dolores Aguirre herself. Si vous souhaitez avoir un aperçu de ce que pourraient être les toros d’Alès, jetez donc un œil à ces galeries (Yonnet – Alès 2007, Aguirre - Calahorra 2007) et relisez, ou découvrez, L’ombre portée de la caste.... Cette année, les dolores fouleront les ruedos de Madrid (San Isidro), Pampelune et Saragosse (en octobre) ; excusez du peu !

Image 'Carafeo' de Dolores Aguirre, dans les corrals de Pampelune. Un jour peut-être, quand je ne sais pas, un de nous prendra la peine de vous conter l’histoire peu banale de ce 'Carafeo'... © Laurent Larrieu

23 mars 2008

Jaydie Putterman

Lorsque les corridas sont mauvaises, et ça arrive, le voisinage immédiat a une grande importance. Il peut même vous sauver la journée, ou vous la gâcher, c’est selon. Il peut vous gâcher une bonne course, alors une mauvaise... Bon, cette année, au niveau du voisinage arlésien je suis très bien tombé, heureusement...

Ça a commencé comme ça (faut imaginer un putaing d’accent new-yorkais) :
— Bonjour, tu es d’où toi ?
— Euh... de Nîmes... et toi ? Avec ton drôle d’accent... (Là, faut imaginer un putaing d’accent nîmois.)
— D’où je viens ? Ou plutôt où j’habite ?
— Euh... ben les deux...
— Je suis originaire de Manhattan... et je vis à Villeneuve-lès-Avignon...
Vu que je ne parle pas trois mots de new-yorkais j’ai été immédiatement très impressionné par la prononciation du H de Manhattan. Un H un peu comme une paire de gratte-ciel, sans mauvais jeu de mot ou mauvaise arrière pensée... Of course.
— Ah... Et c’est quoi ton optique ?
— C’est pas une optique, c’est un Zeiss !

Donc, cette année j’ai eu de la chance question voisinage. Heureusement parce que question toros...
Ce type est donc un putaing de New-Yorkais qui vit depuis de nombreuses années à Villeneuve-lès-Avignon. Il a même épousé une Française. Mais il l’a rencontrée à New York. Oui, New York, sinon l’histoire ne se tient pas.
Je l’ai évidemment mitraillé de questions. Nous avons évoqué plein de choses, des choses qu’il a connues, vécues et photographiées... Of course !
Tenez, en vrac : Janis Joplin, Woodstock (si, si, il y était, dans la boue), Jimi Hendrix (là, c’était en studio d’enregistrement, à New York), Nimeño II (un reportage pour The Rolling Stones) Cartier-Bresson, Jean-Yves Brégand, le tireur de Jeanloup Sieff qui a aussi bossé pour Jaydie... et puis le MoMA qui lui achète des tirages...

— T’as pas connu Warhol quand même ?
— Non... Je suis arrivé juste après... (Faut encore imaginer un putaing d’accent new-yorkais.)

Trop tard... et puis tant mieux, parce que demain ce sont les Miura... On peut rêver, non ?

Lien utile : le site de Jaydie.

Arles - 23 mars 2008

Les jours se suivent et, malheureusement, se ressemblent. Il n’y a que le froid qui gagne en intensité car pour ce qui est des toros... La corrida d’Adelaida Rodríguez m’a moins plu en piste qu’aux corrales, comme quoi... On la sentait bien de format, plutôt petite mais bien dessinée, de joli trapío. En fait, c’est surtout son comportement qui fut désolant. Toros très rapidement éteints après les piques prises pourtant dans un bon style. Des toros sans force, sans moral, un ennui. Du coup je ne vous balance même pas de galerie. Et ce froid pour couronner le tout, sibérien... Et il paraît que demain ça va être pire. Pire ? Oui, le froid, pas les toros. Les toros c’est pas possible, quoique...

Encore !!!


Les critiques taurins de France ou français (on s'en fout) ont négocié leur soutien ou leur appartenance à l'Observatoire des Cultures Taurines, fondé ce samedi 22 mars à Arles, à condition que cet Observatoire défende la "liberté totale d’accès pour les mineurs" et "qu' aucune discussion ou négociation ne soit entreprise avec la SPA et les antis". C'est balaise ce qu'ils demandent et ça va être compliqué à respecter. Ils ont tous la mémoire courte ou alors ils éprouvent tous un plaisir secret à ce que le nouveau président de l'Afición française "unanime" (mis à part l'ANDA, les petits chéris quand même !!!) se foute de leur gueule à longueur de temps. M. Viard, c'est de lui qu'il s'agit (ça y est, il est enfin arrivé à se trouver un poste de président... Faut remuer les petits logos roses mes chéris pour le féliciter... Bravo André, t'es trop fort Dédé !!!), a depuis des mois été assez clair sur sa notion de l'entrée des mineurs de moins de 16 ans, 15 ans, 14 ans (on s'en fout ça reste des "morveux"...), il suffit de relire son édito intitulé "L'exemple basque" pour s'en faire une idée. Il suffit aussi de relire celui qu'il a pondu hier soir, quelques heures après son triomphe de l'unanimité (laissez-moi rire), sur son site Terres taurines où à aucun moment il n'évoque le sujet franchement, où à aucun moment il ne relate le discours sans ambiguité de Michel Vauzelle (je fais confiance à Solysombra pour le sérieux qu'il a donné de la relation de cette réunion) à ce sujet. Quant à accepter de participer à cette pantalonnade [dont on ne connaît (nous, aficionados sans représentation, isolés, loin des clubs taurins du Gers par exemple...) ni le financement, ni encore les statuts précis] à condition que l'Observatoire refuse de s'asseoir à la même table que la SPA, je m'étrangle de rire. Le 20 janvier 2008, dans son édito de Terres taurines, Dédé The Boss (prononcer Didi, ça fait mieux) écrivait ceci : "L’assemblée constitutive de l’Observatoire sera chargée d’en approuver les statuts, d’élire son bureau et de définir les actions prioritaires qu’il lui appartiendra de mener :
- diligenter des études scientifiques à partir de statistiques officielles sur la dangerosité des spectacles taurins pour les enfants ;
- veiller à ce qu’aucune information mensongère ou diffamatoire ne prospère dans les médias sans qu’une réponse y soit apportée, au besoin devant les tribunaux ;
- diffuser ses travaux auprès des élus locaux, régionaux, nationaux, européens et des medias ;
- dialoguer avec les associations de protection des animaux non radicales afin de les rassurer au regard des mensonges colportés par les abolitionnistes."

J'en conclus que la SPA est une association de protection des animaux très radicale !
L'Observatoire des Cultures Taurines n'a pas un jour de réelle existence que déjà d'énormes brèches menacent l'édifice. Le président élu défend depuis des mois des idées que nombre d'entités taurines n'approuvent pas. Que se passera-t-il si le Grenelle animalier, qui a lieu en ce moment avec pour seule représentation des protectards, se fend d'un projet de loi tendant à limiter l'accès des mineurs aux arènes ? Ce sera l'union une fois de plus derrière un président qui n'écoute que lui depuis des lustres ? On posera son séant d'"entité taurine sans concession" à la même table que les protectards parce que le président a le projet de le faire depuis pas mal de temps ? Tout cela n'est qu'une vaste fumisterie confirmée par la lecture de l'article de Zocato paru dans le Sud Ouest du dimanche 23 mars 2008 et dans lequel il est possible de lire : "Préparé depuis sept ans à l'initiative d'André Viard, journaliste et directeur de la revue Terres taurines, cet Observatoire s'est fixé comme objectif de défendre la liberté d'accès aux arènes sans limitation d'âge". Relisez l'édito de "Dédé The first" (prononcez Didi, ça fait mieux) et relisez toute sa prose depuis à peu près un an et je crains que M. Zocato, pourtant nouvellement élu vice-président des critiques taurins de France (et créateur de l'incontournable entité taurine des chasseurs-aficionados) n'ait rien capté à l'entreprise. Ça peut arriver...

Cenicientos 2008


La plaza de Cenicientos, dans la vallée du Tiétar, a divulgué les ganaderías qui seront lidiées cet été. Pour l'instant, et d'après les informations avancées par La Cabaña Brava de Saragosse, trois élevages paraisssent sûrs. Il s'agit d'Alcurrucén, de José Escolar Gil et d'Adolfo Martín. La continuité avec la saison 2007 a semble-t-il prévalu. Le quatrième élevage serait celui de Fernando Pereira Palha, c'est-à-dire l'élevage connu en France comme celui des Hros. de Maria Do Carmo Palha Blanco, découvert par l'afición cérétane et que nombre d'aficionados avaient coutume de nommer "Quinta da Foz". Dans tous les cas, le cartel ganadero de Cenicientos 2008 est des plus intéressant mais il est vrai qu'une corrida de toros de Fernando Palha serait la cerise sur le gâteau. Camposyruedos vous prépare d'ailleurs un reportage photographique sur l'élevage majoritairement vazqueño de Fernando Pereira Palha... Bientôt... Bientôt...

Photographie Cinqueño de Fernando Pereira Palha au campo, mars 2008 © Camposyruedos

OCT

L’Observatoire des Cultures Taurines est donc né, hier, en mairie d’Arles. Vous l’avez sans doute lu, ailleurs, l’ensemble des entités et associations composant le panorama taurin français étaient représenté et signataire. Nous soulignerons que ce fut le cas à l’exception notable de l’ANDA. Il n’est pas inutile de le rappeler, et surtout de le regretter.
Nous n’avions pas hésité ici à nous émouvoir de l’incroyable concession faite par André Viard aux antis dans une lettre adressée à la Présidence de la République où l’interdiction d’accès aux arènes pour les mineurs de moins de seize ans non accompagnés était avalisée en préalable, sans la moindre résistance, par notre propre camp.
Il semblerait qu’aujourd’hui l’énorme bévue soit à ranger au rayon des affaires sans suite. Dès l’ouverture de la séance, en effet, c’est le président Vauzelle qui prit le taureau par les cornes et enfonça brillamment le clou, affirmant, entre autre chose, qu’il était hors de question d’interdire aux mineurs de moins de seize ans une entrée totalement libre de nos arènes. Le président Vauzelle expliqua également que ce n’était pas aux instances européennes à venir légiférer, chez nous, sur la tauromachie. Pareille position, officiellement affichée par un ancien ministre de la justice, ne saurait être prise pour quantité négligeable. Le Maire d’Arles Hervé Schiavetti succéda au président Vauzelle et ne fut pas en reste pour s’inscrire dans la défense de notre culture méditerranéenne, semblant même faire sienne, ou pour le moins reprendre à son compte, l’idée du Président Sarkozy quant à la création d’une Union de la Méditerranée !
André Viard résuma ensuite les tenants et aboutissants de l’Observatoire sans oublier de désigner comme adversaire actuel et à venir la secrétaire d'état à l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet.
Un rapide tour de table des participants conclua cette création. L’Union des Critiques Taurins, dans laquelle la revue Toros est très présente, a pour sa part posé deux préalables à son adhésion : liberté totale d’accès pour les mineurs et aucune discussion ou négociation avec la SPA et les antis. Après les discours de messieurs Vauzelle et Schiavetti, il n’y avait plus d’hésitation à avoir.
L’Observatoire est donc créé et seul l’avenir et les agissements de ceux qui vont y œuvrer feront qu’il deviendra incontournable, ou anecdotique...

22 mars 2008

Arles - 22 mars 2008

Vous avez en page d’accueil du site et depuis la rubrique "Ruedos" la galerie de la corrida du jour (5 Domingo Hernández et un Garcigrande). Toros généralement faibles et sosos. Celui qui rompit plaza, c’était la tonta del bote. Le Juli s’en est régalé. Et dire qu’hier nous avons trouvé ça faiblard... Pour la création de l’Observatoire, j’y reviendrai plus tard. Juste signaler un discours très fort du président Vauzelle, notamment sur l’accès des arènes aux mineurs qu’il est, selon lui, hors de question de négocier.

"Para que no te olvides, ni siquiera un momento..."

Sur son blog don Pepe y don José, Mariano reproduit ces quelques lignes simples et universelles écrites il y a plus de quarante ans par Gregorio Corrochano :

"Para ver una corrida de toros, es condición indispensable no perder de vista al toro. Es muy importante lo que hace el toro. Donde está el toro, está la corrida. El que sólo mira al torero, ve la mitad. Hay que mirar al toro y al torero, pero primero al toro. Todo gira en el ruedo alrededor del toro. Por él dictó la experiencia de los grandes maestros las reglas de la Tauromaquia, que son las leyes de la gravitación del toreo. El toro, no solamente es el protagonista, es el objeto del espectáculo. El espectador que distrae su vista del toro, en aquel instante deja de ver la corrida. Al mirar al toro, no solamente vemos lo que hace el toro, sino lo que hacen con él los toreros. Y relacionando lo que hace el toro y la intervención del torero, que esto es la corrida, juzgamos. Acabamos de definir la lidia. La posibilidad del toreo, la da el toro. Y de esto, depende el conocimiento del espectador. No olvidemos esta premisa:el toreo es función del toro."*

Il y a mille et une façons de ressentir une corrida, mille et une façons de la vivre, de l'analyser et de se la rappeler. Ces différences peuvent parfois laisser perplexe, mais elles participent de la richesse de la tauromachie que nous aimons. Mais il n'y a qu'une façon de regarder une corrida : en regardant le toro. Tout le reste en découle.

Et vraiment s'il n'y a rien à regarder, il reste toujours les dos nus.

* Cuando suena el clarín de Gregorio Corrochano (1961).

Photographie Novillo de Zaballos combattu par Alberto Lamelas à Céret en 2007 © Campos y Ruedos

Céret, l'affiche 2008


Après celles de Pamplona et de Madrid, voici l'affiche de Céret de Toros 2008 visible sur le site de l'ADAC et oeuvre du peintre catalan Roger-Cosme Estève.

En attendant vos commentaires sur cette oeuvre...

"Ça avait quand même une autre gueule"


Parce que son nom a été évoqué, et qu’il suscite toujours chez l’aficionado a los toros des commentaires nostalgiques et élogieux, il n’est pas inutile de se remémorer une des puissantes compositions de Jean-Paul Chambas pour la plaza vicoise. Cette affiche incroyablement vivante a quelque chose de mythique ; n’ayons pas peur des mots !

L’afición en bandoulière et le cigare au coin des lèvres, le foulard noué sur la tête et les manches retroussées, le peintre vicois a écrit un opera seria campesino en trois actes, ou quatre, c’est selon... Avec un sens aigu de l’équilibre et de la mise en scène, je veux croire qu’il a souhaité nous rappeler que des toros sortaient avec du poder, que la suerte de vara pouvait être mouvementée voire épique, et que Vic, il y a bientôt quatorze ans, programmait la même année des barciales, des cebadagagos, des doloresaguirres et des palhas d’antan...

Image Pour El Batacazo, qui m’a donné le titre sans le savoir, Ludo, José & tous les autres, TOROS en VIC 1994, œuvre de Jean-Paul Chambas que le Club Taurin Vicois serait bien inspiré de réimprimer... © CTV

21 mars 2008

Arles - 21 mars 2008

Aujourd’hui à Arles, corrida bien présentée de Samuel Flores (4 avec le fer de Manuela Agustina López Flores et 2, les 1° et 3°, avec le fer de Samuel). L’ensemble s’est plutôt bien comporté sous le fer où ils ont été parfois durement châtiés avant de se montrer faiblards, voire invalide pour le 4° à l’armure impressionnante, manso, cinq ans bien sonnés et durement assaisonné pour ensuite se révéler très noble. Pas grand-chose à noter chez la torería. Ponce a adoré son faiblissime second (il n’y avait pas grand-chose à sortir du telonero), le Cid est resté sur le voyage et Joselito Adame a séché avec le lot le plus puissant et le plus intéressant de la tarde.

Une galerie est disponible, par là...

Chorreado ?


En recherchant des photographies d’exemplaires anteados pour ajouter quelques mots au texte de Philippe, j'ai trouvé ce que je ne cherchais pas. C'est souvent comme ça que les choses se passent de toute façon. J'ai ainsi découvert à nouveau une photographie d'un toro de Cebada Gago présent dans les Corrales del Gas de Pamplona en 2007 ; toro qui, déjà en juillet 2007, avait éveillé ma curiosité. Sur plusieurs sites et blogs, ce toro est présenté comme melocotón. Cet avis est tout personnel mais il ne me semble pas que ce toro soit melocotón. Personnellement, j'inclinerai plutôt pour un pelage de type jabonero. En ouvrant la référence actuelle sur les pelages des taureaux de combat, Pelajes y Encornaduras del Toro de Lidia écrit par Adolfo Rodríguez Montesinos, j'ai mobilisé mes questions en espérant dénicher un tas de réponses... Je pouvais toujours courir ! Un toro jabonero est un toro dont "le pelage est légèrement crémeux, d'une coloration similaire à un café au lait (beaucoup de lait tout de même), mais toujours avec une certaine nuance terreuse". Ouais, ouais, ouais... la "nuance terreuse"... De plus, un toro serait jabonero claro ou oscuro mais on ne dit pas oscuro pour un jabonero, on utilise le terme de sucio. La nuance entre le claro et l'oscuro ou sucio se jouerait en vérité sur un apport plus ou moins fort de la nuance terreuse précitée (en fait sur l’apport d’un peu plus de café... nous en aurons besoin !)... Vous suivez ? Oui ? Oui mais. Mais ce toro que je vois jabonero a pourtant des teintes étranges qui peuvent incliner à penser qu'il serait melocotón. Quelque chose de "rouge" sort de lui mais ça ne me donne pas pour autant la pêche pour résoudre l'énigme de ce pelage vraiment rare. A la rigueur, pour couper la poire en deux, on pourrait presque le qualifier d’azafranado. Qu’es acco ? N’allez pas croire que j’ai inventé ça tout seul, il s’agit seulement d’une nuance relatée par le vétérinaire concernant les jaboneros. Je cite donc : "il se définit comme une coloration jaune-rouge relativement proche de la couleur du safran. Son emploi peut produire des confusions avec les bêtes melocotones" qui appartiennent à la « famille » des colorados alors que les teintes jaboneras sont une « famille » à part entière. Ouf... Mais je ne crois pas non plus à cette version safranisée. Les teintes plus foncées de ce toro sont clairement des raies fines allant de l’épine dorsale jusqu’au ventre et qui tirent sur le rouge. Elles sont beaucoup plus nombreuses (formant presque un ensemble uni) sur l’arrière-train que sur la tête du Cebada où aucune d’elles n’est visible. Ces raies fines inclineraient plutôt à décrire cet animal comme un jabonero chorreado en verdugo. Les toros chorreados sont des toros qui présentent "des bandes qui tombent verticalement depuis l’épine dorsale jusqu’au ventre et qui sont plus claires ou plus sombres que le reste du pelage". C’est ainsi qu’il existe deux grandes catégories de chorreados, les chorreados en morcillo dont les bandes sont plus claires que le reste de la robe et les chorreados en verdugo, dont les bandes, au contraire, sont plus sombres que la teinte globale du toro. Vous suivez toujours ? Ainsi, en appliquant cette définition à notre toro de Cebada Gago, les raies fines qui le zèbrent sont plus sombres que le fond de son pelage et il pourrait tout à fait recevoir la dénomination de chorreado en verdugo.
Oui, mais. Mais Adolfo Rodríguez Montesinos n’évoque pas la possibilité de cette particularité que représente le chorreado (décoloration ou intensification de la couleur du pelage de base) sur les exemplaires jaboneros. Les chorreados, selon son étude, ne se rencontreraient que sur les robes negras (chorreados en morcillo), castañas, coloradas, tostadas et plus rarement souligne-t-il cárdenas. Point de jabonero donc. Alors, c’est quoi ce toro étrange de Cebada Gago ? Finalement, peut-être faut-il n’y voir qu’un "simple" melocotón qui aurait subi une étrange dépigmentation ? Allez savoir...

20 mars 2008

San Isidro 2008


L'empresa Taurodelta vient de les annoncer sur le site des arènes de Las Ventas, je vous laisse donc juger par vous-même.

- De quoi, les carteles de la San Isidro sont tombés ??????
- Mais non, juste les affiches de la saison 2008 à Madrid !

19 mars 2008

Pamplona 2008 et d'autrefois


Le site Feria del Toro, qui se consacre évidemment à la Feria de Pamplona, présente un reportage sur la ganadería du Conde de la Corte qui, en 2008, fera son retour à "La Meca". Le lot retenu par la Santa Casa de Misericordia paraît fortement "boisé", logique aurait-on envie d'ajouter. Espérons que le reste et la force suivent les pitones en juillet...

Toujours à propos de Pamplona, je joins une autre photographie prise en 2006 dans les Corrales del Gas. Il s'agit d'un astado de Cebada Gago dont le pelage original pourrait recevoir, me semble-t-il, le qualificatif d'anteado. Cependant, j'attends confirmation ou correction des spécialistes de cet exercice difficile.

¡Viva San Fermín!

Photographies Toro du Conde de la Corte retenu pour Pamplona en 2008 © Andoni Martínez sur www.feriadeltoro.net & toro de Cebada Gago lidié à Pamplona en 2006 © Camposyruedos

Dans la série Régis est un c...


Yannick est peut être allé un peu vite en publiant le rappel ci-dessous qui ne s’imposait peut-être pas. Sans doute faut-il voir là une déformation professionnelle de l'infatigable négociateur qu'il peut être. Normal, il est payé pour ça ! Il n'empêche que cela a semé le trouble chez quelques habitués qui s'interrogent.

Acte I – Los chiquillos nous demandent de faire écho aux manifestations qu’ils vont organiser durant la féria d’Arles. Nous le faisons bien volontiers en publiant également leur petit dessin.

Acte II – Un lecteur espagnol (nous en avons beaucoup) qui n’a sans doute pas bien compris de quoi il en retourne critique le dessin qu’il juge mauvais ainsi que l’afición de son auteur. Ce n’est pas bien grave.

Acte III – Un certain Gilles, qui semble ne pas faire la différence entre nos posts et les commentaires qu’ils suscitent, s’en prend à Camposyruedos de la manière suivante : « Décidément vous critiquez tout, nous, nous pensons que les Chiquillos ont une afición débordante et nous les soutenons. De grâce, remettez-vous en question et pensez que vous n’êtes pas forcément un modèle d'afición, et je crois que vous vous trompez d’adversaire. A dimanche devant les arènes. »

Ce n'est pas bien grave non plus et je me suis autorisé à lui répondre : « Euh... Gilles... Pfff... Il vous faudrait arriver à comprendre que les commentaires laissés sur les posts des blogs le sont, comme le vôtre, par des aficionados de passage. Il aurait donc été plus approprié de votre part de répondre en espagnol à cet aficionado ibérique qui n'a sans doute pas compris de quoi il s'agissait.
Juste pour vous faire toucher du doigt que nous ne trompons pas d'adversaire. Au contraire puisque nous avons publié l'annonce des Chiquillos, à leur demande. C'est juste vous qui ne comprenez rien au fonctionnement du Net... Ce n'est pas bien grave notez bien. J'en connais plein qui vivent très bien sans ça. Simplement et probablement une de ces difficultés qu'ont certains seniors à appréhender les nouvelles technologies.
»

Je trouve ça plutôt amusant à la vérité.

Anteado


Occupé à rentrer des données pour un site ami, je suis tombé en arrêt sur un pelage qu’il n’est pas si fréquent de rencontrer. 'Guayabo', toro de Los Recitales combattu dimanche dernier à Madrid, fut décrit comme colorado, anteado, ojo de perdiz. Anteado, kesako ?

Allô, Adolfo ?
« Es el toro de capa Colorada, Melocotona o, más raramente, Castaña Clara que presenta una serie de manchas circulares y arrosetadas1, del mismo color que la pinta, pero de tono algo más oscuro y reluciente que esta.
Se trata de un término originario de Aragón y Navarra, regiones en las que tradicionalmente ha aparecido este accidental con frecuencia en las reses de Casta Navarra, donde los pelajes Colorados son muy abundantes.
Actualmente se ven muy pocos ejemplares Anteados, que se dan esporádicamente en algunas ganaderías derivadas en mayor o menor proporción de la línea de Contreras, como la divisa de Peñajara, en algunas procedentes de Urcola, como la de Alonso Moreno de la Cova y, dentro de las encuadradas en la Asociación Nacional de Ganaderías de Lidia, en la de Alfredo Quintas y en las que mantienen origen navarro
[...]. »

Je ne voudrais surtout pas donner l’impression de parler à sa place, mais quelque chose me dit, notamment en parcourant son livre2 d’où la citation précédente est tirée, qu’Adolfo Rodríguez Montesinos trouverait probablement la reseña rédigée par Las Ventas incomplète, voire incorrecte, et qu’il la complèterait peut-être ainsi : colorado, ojo de perdiz, anteado, (listón ? Pas évident...), lavado y bociblanco. Ouf ! Lavado pour la décoloration située à l’extrémité des postérieurs et au niveau de la croupe, et bociblanco pour le museau cerclé de blanc. Enfin, il n’aura pas échappé aux gourmands que ce toro est acaramelado, puisque ses cornes sont... caramélisées !

1 « Manchas circulares y arrosetadas » — Taches circulaires et en forme de petites roses ?
2 Adolfo Rodríguez Montesinos, Pelajes y Encornaduras del Toro de Lidia, Co-édition Consejo General de Colegios Veterinarios de España (Madrid) et Ibercaja (Zaragoza), 1994.

Image 'Guayabo', origine Domecq/Osborne/Marqués de Domecq, dans les corrals de Las Ventas le 16 mars 2008 © Manon

Rappel


Quelques commentaires postés ces derniers temps pour réagir à nos messages, ou sans aucun rapport avec ces derniers, me font penser qu'il n'est sans doute pas inutile de rappeler ce qui suit :
- d'une part, lesdits commentaires sont écrits et postés par nos lecteurs, en conséquence de quoi il est inutile et mal dirigé d'en reprocher la teneur aux collaborateurs de Campos y Ruedos, sauf bien sûr s'il s'agit de nous signaler un contenu illicite ;
- d'autre part, ceux qui souhaiteraient s'adresser à nous sans en faire profiter les autres, soit par souci de confidentialité, soit pour ne pas encombrer le blog, peuvent le faire à l'adresse contact@camposyruedos.com.

Toros de papier


Un lecteur de Camposyruedos nous signale que l’ancien matador de toros Patrick Varin propose et expose ses toros de papier.

C’est par ici et par .

18 mars 2008

Arles - Espace Toro


Entre midi et deux, en courant, en allant chercher le bouquin de Crouser chez Les Passionnés, quelques photos prises aujourd’hui aux corrales d’Arles sont accessibles depuis la page d’accueil du site et depuis la rubrique RUEDOS.

Enoooooooooorme le bouquin de Crouser ! Et impossible évidemment de ne pas y revenir ici, ce que nous ferons très prochainement. Il faut savoir que seulement une cinquantaine d’exemplaires sont actuellement disponibles en Europe. La boutique des Passionnés en distribuera une trentaine, en exclusivité pour la France.

17 mars 2008

Victorino en Castellón


Dans la rubrique RUEDOS évidemment où, normalement, vous devriez trouver dès demain soir quelques clichés des corrales arlésiens.

Hernández Pla sur Terre de toros

Après la galerie annoncée par Laurent dans son dernier message, vous pourrez découvrir la fiche de l'élevage Hernández Pla sur le site Terre de toros.

Bonne lecture.

Las Ventas rouvre ses portes


La temporada venteña a repris ce week-end avec une course de Los Recitales présentant semble-t-il un fond de caste exprimée timidement en raison du manque de force des six exemplaires combattus. D'après les comptes rendus, les piétons ont eu également du mal à communiquer avec les gradins, faisant preuve d'une froideur hivernale qui tranchait avec l'air printanier.

Comme l'année dernière, vous pourrez suivre la saison madrilène au travers de l'objectif de Juan Pelegrín sur le site des arènes de Las Ventas et, pour une vision plus personnelle, sur son blog.

Photographie 'Observador', sixième toro de Los Recitales de l'après-midi du 16 mars 2008, né en janvier 2003 (sic), 595 kilos sur la balance © Juan Pelegrín pour Las-ventas.com.

16 mars 2008

"Même les clébards..." Campos de Castilla (III)


"Même les mémés aiment la castagne [...]" à Toulouse, dans le swing rocailleux du poète Nougarrrro. A Ciempozuelos, au lieu-dit « Soto Gutiérrez », c'est pareil que dans la chanson mais ce sont les clébards qui aiment la castagne... et pour de vrai, les crocs en étendard.
Si vous allez traîner votre carcasse du côté de Ciempozuelos dans le proche sud de Madrid, c’est que vous devez aimer les taureaux de combat ou tout simplement que vous désirez vous rendre à Chinchón et, dans ce cas, vous n’avez que faire de Ciempozuelos... C’est logique. Il n’y a pas grand-chose à visiter ou à voir à Ciempozuelos, pas même un petit paysage sympa au détour d’une colline... Faut aimer les toros pour aller à Ciempozuelos ou simplement vouloir se rendre à Chinchón et, dans ce cas, vous n’avez que faire de Ciempozuelos, c’est logique.
C’était écrit sur le portail d’entrée de la finca. Les chiens sont dangereux, parfaitement énervés. De derrière le mur blanc, on se sent protégé, loin des crocs. Erreur, ces chiens-là ont l’air pec et objectivement fumés du bulbe. Ils le sont. Quand le portail s’est ouvert, courageux, nous sommes restés dans la voiture comme sur une île verte encerclée de squales bleus à la diète depuis trois mois. Nous venions voir des toros gris...
Elle nous a juste dit qu’ils étaient « fous » mais pas dangereux, que nous pouvions descendre du coche. J’ai regardé les autres, rapidement, comme un voleur... avouons-le, je voulais qu’ils descendent avant moi ; pas tous, seulement un pour faire diversion... On a dû les faire rire tous ces gens de "Soto Gutiérrez" parce que, finalement, ils n’étaient pas si terribles que ça ces cabots sans pedigree. On les a même caressés, du bout des doigts seulement, au cas où et pour l’odeur...
Il y a un chemin de terre qui court devant la placita de "Soto Gutiérrez" et qui part vers nulle part, plus loin. C’est bucolique, l’herbe colore la terre et des chats noir et blanc sautent au pied de grands arbres. Derrière le mur blanc, lentement les crocs deviennent ombres aigues sur le sol gris. Malgré le vent léger, l’herbe du chemin beige a cessé de tanguer. Le portail va s’ouvrir, un chat noir et blanc a oublié d’écouter le silence. Le petit chemin qui passe devant la finca est devenu ruedo ; un ruedo tout en long comme les ombres des crocs. On les a vus exploser, la langue calée sous le poitrail, les yeux rouges injectés de rage, les crocs traçaient des sillons, les griffes creusaient des cratères. L’herbe s’est cachée sous la terre, les arbres ont fermé leurs branches pour ne pas voir, les piafs, s’ils avaient eu des mains, se seraient bouché les oreilles pour ne pas entendre. Ça allait saigner, sin puntilla ! Le portail était ouvert, Serafín allait nous montrait les toros gris, un chat allait se faire déchirer grave par des chiens sévèrement toqués. Devant nous, à deux mètres peut-être, il a couru plus vite que ses courtes pattes ne pouvaient le porter, c’est un trou de souris qui l’a sauvé et un coup de rein muy torero pour esquiver l’embestida furieuse des cabots aux longs crocs. Nous venions voir des toros gris... Si vous allez un jour traîner du côté de Ciempozuelos, ne vous focalisez pas sur les toros gris au bord du chemin beige ; écoutez le silence, il annonce bruyamment qu’en ce lieu vivent des êtres fous, fumés du bulbe et qui chargent tout ce qui bouge...
Nous avons finalement vu les toros gris, lentement, comme dans un apaisement. Ils sont beaux, ils ont des cornes longues et effilées, ils en imposent, c’est certain. D’après les livres généalogiques, les Hernández Pla descendent des Buendía, c’est-à-dire des Santa Coloma croisés de Saltillo et volontairement élevés en petit format par Monsieur Buendía. Chez les Pla, ce petit format n’est plus de mise et il semble que la sélection soit clairement dirigée vers le costaud et le très armé. Un lot d’ailleurs a été retenu par les organisateurs cérétans... Logique a-t-on envie d’écrire. Finalement, il y a très peu à dire de cet élevage d’Hernández Pla. C’est affreusement moche car à "Soto Gutiérrez", il semble que M. Ignacio Huelva ait surtout investi dans la tôle. Cette tôle hideuse qui sert à séparer les minuscules cercados pelés dans lesquels paraissent s’ennuyer d’énormes bestioles grises. C’est donc laid. Il y aurait juste à supputer sur le rajout de sang Saltillo dans cette ganadería tant certains spécimens s’approchent plus du type effilé des toros du Marquis que des rondeurs des Buendía. Seulement des hypothèses...
Pour le reste, il n’y a pas beaucoup à écrire sur tout cela. Le toro d’Hernández Pla est un toro à part entière, aujourd’hui clairement sorti du concept moyen du toro de Buendía. Ça paraît hors type à première vue. Mais y a-t-il réellement un type Santa Coloma-Buendía ? A l’affirmation que les Hernández Pla sont hors type car trop costauds et trop armés en comparaison avec les Buendía, certains pourraient nous répondre qu’après tout, avant la vente à Buendía (1932), ces toros étaient plus grands car c’est Buendía qui a eu la volonté de réduire le volume de ses bêtes. C’est vrai et tout à fait défendable. Cependant, et je relaye là une réflexion d’un de mes amis, ce qui est inquiétant dans le cas d'Hernández Pla, c’est qu’ils ont fait du gros avec du petit... et aujourd’hui, le toro d’Hernández Pla est loin des canons de ses origines Buendía. Pour autant, cela plaît à beaucoup et conviendra certainement à tous ceux qui se rendront à Céret en juillet... 6 balaises dans le type Hernández Pla mais hors du type Buendía.
Et en juillet, il ne serait pas étonnant d’entendre des chats noir et blanc miauler sur l’herbe jaune du chemin qui passe devant le mur tout blanc...


>>> Retrouvez les photographies des Hernández Pla (dont ceux de Céret) sur le site à la rubrique CAMPOS.

Photographies Pelea de deux toros d'Hernández Pla à "Soto Gutiérrez", février 2008 & un des monstres atigrados de "Soto Gutiérrez" © Camposyruedos